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Sixièmes partie du discours de présentation du plan d’action du gouvernement de la transition devant le conseil national de la transition par le premier ministre, chef du gouvernement, Monsieur MOCTAR OUANE, le 19 février 2021

« AXE 5 : ADOPTION D’UN PACTE DE STABILITÉ SOCIALE
Priorités
1. Organiser une conférence sociale et engager le débat sur les questions de société comme le rôle des autorités coutumières et religieuses, la question de la pratique de l’esclavage ainsi que le statut de la femme ;
2. Relancer le dialogue avec les groupes radicaux maliens ;
3. Engager le dialogue entre les communautés et acteurs locaux en conflit ;
4. Créer les conditions favorisant le retour des déplacés et réfugiés ;
5. Accélérer le processus d’indemnisation des victimes depuis 1960.
L’ambition de l’adoption d’un Pacte de stabilité sociale est d’aboutir à une dynamique sociale apaisée dans les relations de travail et de production. Nous voulons engager tous les acteurs dans une dynamique durable et structurante. Il ne s’agit pas seulement de négocier une trêve, mais également d’instaurer une culture du dialogue. La Transition tend la main à tous pour créer un pacte de stabilité sociale, gage d’une croissance partagée.
Par ailleurs, nous devons aussi fermer la fracture entre communautés qui ont vécu dans la paix et l’harmonie depuis des temps immémoriaux et qui s’entre-déchirent sans que l’on comprenne les racines d’une violence que rien ne justifie. Il faut immédiatement recoudre le tissu déchiré de la cohésion sociale et de promouvoir la réconciliation nationale autour de valeurs que l’on croyait à jamais acquises tant ce qui unissait nos communautés était puissant.
Dans le même esprit de cohésion et de réconciliation, nous devons travailler à rendre leur dignité ainsi que leurs droits à nos compatriotes que la violence a chassés de leurs terroirs (déplacés internes) ou du pays (réfugiés).
Notre devoir est également d’assurer l’indemnisation de toutes les victimes des crises successives. C’est à ce prix que l’on peut gagner la paix des cœurs et des esprits et être en phase avec le respect et la promotion des droits humains.
Les priorités dans ce domaine sont les suivantes :
Priorité 1 : Organiser une conférence sociale et engager le débat sur les questions de société (rôle des autorités coutumières et religieuses, pratique de l’esclavage etc.)
Le préalable à un pacte de stabilité sociale est une solution aux nombreuses grèves qui agitent le front social depuis quelques années. Elles perturbent notre économie, nos projets de société et nos relations entre partenaires sociaux. La Transition est engagée à trouver un mécanisme pérenne de dialogue avec le monde du travail pour prévenir, gérer et régler l’ébullition qui agite régulièrement le front social.
Conformément à l’esprit de la Feuille de route de la Transition, le gouvernement travaille à l’organisation d’une conférence sociale qui se tiendra au cours des prochaines semaines. Celle-ci devra poser les jalons du dialogue social refondateur. L’objectif du gouvernement en l’occurrence de créer un cadre serein d’échanges et de discussions sur le présent et l’avenir du travail dans notre pays par :
– l’organisation d’une conférence sociale ;
– l’obtention d’une trêve sociale ;
– l’organisation de dialogue sur les questions de survivance de pratiques esclavagistes et de l’exclusion sociale dans les régions où elles subsistent ;
– l’organisation d’un forum national sur la prévention des phénomènes de mendicité et de délinquance juvénile ;
– l’organisation d’un colloque sur le statut des langues nationales et les modalités de leur officialisation.
Priorité 2 : Dialoguer avec les groupes radicaux maliens
Depuis 2017, de plus en plus de voix au Mali s’élèvent pour appeler au dialogue avec nos frères qui ont rejoint les groupes radicaux. Il s’agit d’une demande maintes fois exprimée, à l’occasion de la Conférence d’entente nationale (2017), du dialogue national inclusif (2019) et plus récemment lors des journées de concertation nationale (2020). Si un consensus s’est dessiné autour de la nécessité d’engager le dialogue avec les groupes radicaux maliens, il est important que ce processus soit appréhendé également comme une opportunité d’engager de vastes discussions avec nos populations, urbaines et rurales, pour redéfinir de façon collective les contours – nouveaux – de la gouvernance.
C’est pourquoi, nous ne devrons pas évaluer son succès, uniquement à l’aune d’un accord signé avec les chefs de ces groupes, mais aussi à sa capacité à “démobiliser” une partie de leurs éléments et à jeter les bases d’un nouveau contrat social. J’insiste pour dire que le dialogue n’est pas une solution exclusive, mais plutôt un moyen supplémentaire de ramener dans le giron de la République, ceux qui l’ont quitté, souvent pour des raisons existentielles éloignées d’un quelconque fanatisme.
À cet effet, le Gouvernement de la Transition mènera les actions suivantes :
– organisation de missions de bons offices ;
– élaboration d’une stratégie de dialogue et de déradicalisation.
Priorité 3 : Favoriser le dialogue entre communautés et acteurs locaux en conflit
Le Gouvernement de la Transition inscrit la Réconciliation nationale comme une action prioritaire de son programme. Il reste convaincu que sans la cohésion sociale et la consolidation de l’unité nationale, l’avenir du pays sera compromis. Nous avons conscience que les efforts doivent être poursuivis afin de réconcilier les communautés et d’instaurer une paix durable.
En plus des actions identifiées par le gouvernement, le processus de réconciliation nationale va également porter sur la résolution des nombreux conflits fonciers, d’ordre politique, social et parfois religieux. Il nous faut, sur l’ensemble du territoire national, développer des initiatives pour dégager des solutions garantissant la paix sociale. Tous les Maliens doivent se mobiliser pour la réconciliation nationale afin que son aboutissement soit une œuvre collective.
Pour atteindre ce résultat, le gouvernement procèdera à :
– la création d’un cadre cohérent et performant de prévention, de gestion et de résolution des conflits ;
– l’institution de la semaine de la réconciliation nationale.
Priorité 4 : Créer les conditions favorisant le retour des déplacés et des réfugiés
Depuis 2012, les violences que le pays connaît ont eu des répercussions directes sur nos populations, en particulier celles vivant dans certaines localités du Nord et du Centre. Ainsi, des centaines de milliers de compatriotes ont été contraints de trouver refuge chez nos voisins et d’autres se sont déplacés à l’intérieur du pays. Cette problématique des déplacés internes et des réfugiés ainsi que celle des retours renvoient à de nombreux défis autant liés à la sécurité des localités, à la fourniture de certains services essentiels qu’à l’accès à la justice.
La problématique du retour des réfugiés met également en exergue les nombreuses difficultés d’ordre sécuritaire, logistique et humanitaire. Pour notre gouvernement, l’acte de retour, en plus de son caractère essentiel pour la reconstruction de la mosaïque, est un indicateur de confiance en l’État mais également dans le processus de paix.
Dans la perspective de favoriser un retour de nos concitoyens, le gouvernement mènera les actions suivantes :
– formation et installation des déplacés internes et des réfugiés dans les domaines de l’artisanat ;
– organisation de la Bourse de l’emploi et de la formation professionnelle au Centre pour l’insertion et l’installation des personnes déplacées ;
– construction de 07 centres de Formation Professionnelle à Tombouctou, Ménaka, Kidal, Gao, Markala, Koulikoro et Sikasso ;
– élaboration et exécution d’un programme Haute intensité de main d’œuvre (HIMO) au Centre et au Nord du pays
Priorité 5 : Accélérer le processus d’indemnisation des victimes depuis 1960
Les différentes crises au Mali, depuis l’indépendance, et leur gestion ont souvent généré des frustrations renforçant le sentiment d’injustice de certains citoyens vis-à-vis de l’État. Dans un tel environnement, les questions relatives à la justice, à la vérité et à la réconciliation sont complexes et d’une grande sensibilité.
Les difficultés posées par la mise en œuvre effective de la justice, l’établissement de la vérité et le traitement des victimes méritent d’être remis en perspective à la lumière des réalités et des attentes exprimées par les populations.
Le dispositif de justice transitionnelle mise en place progressivement depuis 2013 ainsi que l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali donnent l’opportunité d’ouvrir la réflexion sur la réparation et le rétablissement de nos sœurs et de nos frères concernés dans leurs droits. C’est dans cette optique que le processus d’indemnisation des victimes, tel que voulu par les forces vives de la nation à l’occasion des journées de concertation nationale de septembre 2020, sera conduit par le gouvernement.
À cet effet, le gouvernement va mener les actions suivantes :
– poursuite de l’identification des victimes des différentes crises ;
– mobilisation des ressources financières en vue d’assurer l’indemnisation des victimes depuis 1960 ;
– indemnisation de toutes les victimes des différentes crises. »
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