Six personnes ont été tuées mardi dans « l’attaque » d’un car par des « terroristes » dans le sud-ouest du Cameroun, une région où une guerre meurtrière oppose des groupes armés séparatistes anglophones aux forces de l’ordre, a annoncé mercredi le gouvernement.
« Une bande de terroristes (une expression généralement utilisée par les autorités pour désigner les séparatistes anglophones, ndlr), lourdement armés a ouvert le feu sur un car » de la compagnie Golden Express en provenance de Douala et ayant à son bord 14 passagers, sept femmes et sept hommes, a rapporté le porte-parole du gouvernement, René Emmanuel Sadi, ministre de la Communication.
Selon lui, l’attaque s’est produite dans l’arrondissement de Muyuka du département du Fako dans le Sud-Ouest anglophone sur le tronçon reliant la capitale régionale Buea à Kumba, dans la même région.
« Le bilan de cette attaque terroriste cruelle et barbare fait état de six morts, à savoir une femme (…) et cinq hommes (…), ainsi que huit blessés », à savoir six femmes et deux hommes, a ajouté M. Sadi.
« Le gouvernement de la République condamne avec la plus grande fermeté cette attaque lâche et ignoble perpétrée contre des civils innocents par des terroristes qui ont perdu toute humanité dans le but de semer la terreur au sein des populations », a-t-il précisé.
« L’attaque du bus a été menée par des +Amba boys+ (désignation populaire des séparatistes anglophones, ndlr) qui veulent empêcher la reprise de l’école », a affirmé à l’AFP un responsable d’ONG ayant requis l’anonymat.
Les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest sont le théâtre depuis cinq ans d’un conflit entre des groupes armés réclamant l’indépendance d’un Etat qu’ils appellent l’ »Ambazonie » et des forces de sécurité massivement déployées par le pouvoir du président Paul Biya, 89 ans, qui dirige le Cameroun d’une main de fer depuis près de 40 ans.
Une partie de la population anglophone s’estime ostracisée par les francophones. Le conflit a fait plus de 6.000 morts depuis fin 2016 et forcé plus d’un million de personnes à se déplacer, selon le centre de réflexion International Crisis Group (ICG).
En juin, cinq militaires avaient été tués par des rebelles anglophones dans l’attaque d’un poste de gendarmerie à Njitapon, dans l’ouest du Cameroun.
À la mi-août, trois personnes, dont un militaire et un policier, ont perdu la vie dans l’attaque d’un avant-poste de l’armée dans cette même région de l’ouest dans une zone limitrophe de celle du Nord-Ouest.
Le conflit avait éclaté en octobre 2016 après des manifestations pacifiques violemment réprimées par les forces de l’ordre d’une partie de la minorité anglophone, qui s’estimait marginalisée et réclamait plus d’autonomie ou l’indépendance.
Source : VOA Afrique