Dans un pays où les rumeurs prennent le dessus sur la réalité, bonjour alors les dégâts. En tout cas, d’après des oiseaux de mauvais augure, le temps n’est pas au sourire dans le pays avec un état de santé du président qui n’est pas au beau fixe, une situation sécuritaire qui se dégrade, le tout couronné par une opposition qui claque la porte du cadre des concertations des partis politiques. Pourtant, à regarder de près, l’on se rend compte qu’il n’y a pas péril en la demeure même si certains pensent le contraire.
Mauvaise saison dans notre pays ? Ou une période où les malheurs ou tout au moins, les mauvaises nouvelles s’accumulent ? En tout cas, les commentaires vont bon train dans certains milieux hostiles au régime du président IBK qui avancent que le gouvernement a bien du souci à faire, au regard de l’accumulation des situations ayant trait à la gestion politico-sécuritaire du pays. Pour ces oiseaux de mauvais augure, malgré les derniers communiqués rassurants sur l’état de santé du président, le mystère reste entier pour les Maliens. En faisant croire aux populations que l’état de santé du chef de l’État n’est pas au beau fixe et que celles-ci ne devraient rien à attendre ni à espérer de leur Président, ces opposants, qui ont pourtant souhaité (du bout de la lèvre pour certains) un prompt rétablissement au locataire de Koulouba, ont entretenu, jusqu’à sortie télévisée du Président IBK, la confusion à un moment où l’heure devrait être à la communion nationale. Ce, d’autant plus que les informations provenant, depuis l’Hôpital Va-de-Grâce où il il était admis et celles recueillies auprès son entourage, prouvaient à suffisance que le président de la République, qui reste toujours aux commandes du bateau Mali, récupère bien, reçoit de la visite, parle avec les gens, répond au téléphone, lit des livres.
Et si tout se passe normalement, le président de la République, qui a assisté hier à Paris à la cérémonie d’honneurs militaires rendus aux trois militaires tués dans notre pays, doit, selon les mêmes révélations, rallier aujourd’hui le pays, ou tout au moins avant la fin de cette la semaine, où il envisage d’avoir des rencontres avec la classe politique, la société civile et les notabilités sur les grandes préoccupations de la Nation.
Comme on peut l’imaginer l’état de santé de IBK, au grand dam de ses détracteurs, il n’a rien d’extraordinaire. Seulement, les chantiers sont si énormes que le pays a besoin de son président en bonne santé pour bien les réaliser.
Par ailleurs, ces mêmes milieux politiques pointent du doigt la précarité de la situation sécuritaire dans les régions du Nord et dans le centre du pays, dont la capitale, à tel point qu’il a fallu, pour le régime, prolonger l’état d’urgence en vigueur, depuis les attaques terroristes contre l’hôtel Nord-Sud à Bamako. En faisant de ce délitement de la situation sécuritaire, dans le pays, une arme politique et surtout un argument fallacieux pour quitter la table du cadre des concertations des partis politiques avec le ministère de l’Administration territoriale, l’opposition se retrouve piégée dans son propre schéma de boycott des élections.
Certes, on peut comprendre les récriminations de ses responsables à propos des élections locales en ce sens qu’elles sont l’expression de la démocratie à la base. Car ces scrutins doivent mobiliser tout le monde, y compris les populations qui ont dû fuir momentanément leurs terres à cause de la crise. Mais l’opposition, comme l’a si bien rappelé un diplomate en poste dans notre pays, se doit d’être réaliste. Car la situation sociopolitique du pays est telle que placer le retour des réfugiés comme condition sine qua non de la tenue des élections locales, c’est prendre le risque de repousser aux calendes grecques la restauration des institutions à la base. Du reste, en cherchant à replacer ainsi le Nord-Mali au centre du processus électoral, l’opposition donne du poids aux Mouvements armés du Nord, notamment, aux groupes sécessionnistes de la CMA qui se retrouvent gonflés à bloc. En tout cas, une telle attitude de l’opposition n’est pas de nature à ramener la paix au Mali. D’ailleurs, la situation sécuritaire du pays n’était pas vraiment plus reluisante ni plus maîtrisée quand il s’agissait d’organiser la présidentielle et les législatives. Pourtant, les politiques maliens, y compris l’opposition actuelle, avaient compris les enjeux et s’étaient résolus à faire bloc pour tenir ces élections. À présent, la même union sacrée doit prévaloir en ce qui concerne la tenue des communales et régionales. Les consultations électorales querellées doivent parachever le processus qui a commencé avec la présidentielle et les législatives. Les crises du genre de celle que vit le pays étant longues et difficiles à régler, il ne serait pas judicieux de conditionner la tenue des élections locales au retour des réfugiés.
Par Mohamed D. DIAWARA
Source: info-matin