Le sous-développement au Mali est un aspect auquel allusion est peu ou prou faite. Et pourtant, c’est l’une des clés pour percer le mystère de ce pays qui, bien qu’ayant retrouvé sa stabilité avec la signature de l’accord de paix d’Alger, la paix, les ressources humaines, intrants pour l’émergence, végète lamentablement dans la pauvreté.

 

Il s’agit du degré élevé de superstition fataliste palpable chez le Maliens pour qui rien, aucun malheur n’arrive s’il n’est provoqué, sans qu’il ne soit la manifestation d’un mauvais sort. On explique tout par la force de nuisance d’un tel ou tel autre méchant.

Cette tare de la société malienne qu’il faille corriger pour faire place à plus de rationalité bien que l’irrationnel soit aussi une réalité africaine. Dans ce Mali post-crise, les citoyens ont la superstition à fleur de peau. Bercés dans la culture de l’irresponsabilité, ils sont nombreux à faire d’autrui, la source de leur malheur. « L’enfer, c’est les autres », telle est la devise de ces superstitieux indécrottables. « Nos mauvais comportements sont souvent la cause de nombre de malheurs qui nous accablent mais nous accusons toujours autrui d’être notre bourreau. Il s’agit d’une tare culturelle à l’en croire. «On nous a appris que quand on trébuche, c’est la faute à un ennemi. Si tu te renverses après t’être soûlé, c’est la faute à l’ennemi. Là où règne cette superstition aveuglante, prospère la terre fertile des vices. Plus que « Jacques le fataliste » de Dénis Diderot, les superstitieux s’interdisent de prendre des résolutions pour se libérer des vices qui les enchaînent. Quand parfois, il leur arrive de chercher des solutions, c’est pour se faire gruger par de faux charlatans, de faux pasteurs, marabouts qui leur proposent des rites ou rituels budgétivores. Résultats, ce Mali des superstitions, foisonne des sectes, des prêcheurs, des marabouts, qui ne sont autres choses que des vautours, des escrocs tirant leur bonheur du malheur de leurs semblables.

Paul  N’GUESSAN

source : Le Prétoire