Après une course débridée de plus de cinq années, de septembre 2013 à juin 2019, durant lesquelles le pouvoir RPM a foulé aux pieds les principes les plus élémentaires de coexistence politique pacifique, l’heure du réveil brutal semble avoir sonné.
Il y a d’abord eu un déficit patent de concertation au sein de la grande Coalition Ensemble pour le Mali, que certains partis alliés, particulièrement le Yelema, l’APR, ont eu à déplorer plus d’une fois.
Car, depuis son élection, le président IBK tient tant à la modification de la Constitution de février 1992. Sur un autre plan, le président avait déploré la dispersion des forces se réclamant de la majorité présidentielle. Cela était dû, selon lui, à la non-structuration et au déficit de communication au sein de ladite coalition.
Depuis lors, le diagnostic du président de la République sur sa Coalition est resté plus actuel et précis que jamais. Cette alliance politique n’a survécu à la terrible épreuve de la révision constitutionnelle que par des artifices aussi contestables les uns que les autres.
De fait, certains partis de ce bloc politique, après avoir manifesté, sans ambages, leur désaccord avec le projet de révision constitutionnelle du président de la République, ont dû faire, contre mauvaise fortune bon cœur, en le défendant bec et ongles, pour éviter une fin de règne prématurée à leur allié, avec lequel, ils avaient choisi de lier leur destin.
Surtout que beaucoup de leaders politiques de la majorité présidentielle, étaient dans une galère terrible et ils étaient prêts à vendre leur âme au diable pour se faire une petite santé financière. Si d’autres ont pu avoir leur compte, certains par contre se cherchent encore, car n’étant pas toujours dans les bonnes grâces du locataire de Koulouba. Et voyant la grogne s’intensifie, le président a opté pour un dialogue national inclusif.
Rien d’étonnant si l’on sait que le climat social et politique du pays est très tendu en ce moment. Toute chose qui donne des bonus aux députés de se la couler douce encore au sein de l’hémicycle. Car, vu la déception des Maliens, en ce moment, aller à des élections (législatives, régionales), la grande inconnue de ce scrutin sera le taux d’abstention, (sans oublier la défiance du Chérif de Nioro), ressemblait, à s’y méprendre, à une épée de Damoclès au-dessus de la tête des militants du RPM et de leurs alliés ! Donc, il fallait repousser les échéances et chercher à colmater les brèches. Ce qui est arrivé car IBK a pu enfin rencontrer le Chérif de Nioro pour se donner bonne conscience.
Mais plus que de dialogue politique, ce dont le peuple malien a actuellement besoin, c’est d’un débat éthique !Si une grande Coalition, telle que Ensemble pour le Mali, est arrivée à une impasse politique, après plus de cinq années de stratagèmes et d’entourloupes, ce n’est pas l’arrivée tardive d’invités surprises, religieux invétérés du pouvoir, éparpillés, discrédités et désorientés, qui va sauver ce regroupement de formations politiques, qui risque de perdre et son nom et encore un peu plus son âme !
Comment mettre fin au phénomène honni de la transhumance et plus généralement comment bannir la corruption du champ politique ? Comment redonner à la politique ses lettres de noblesse en rétablissant les partis dans leur véritable rôle de contre-pouvoirs et/ou de gestionnaires vertueux de la Cité, pour lequel ils étaient initialement conçus ?
Ces interrogations à forte prégnance morale n’en sont pas moins des prérequis pour l’approfondissement de la démocratie dans notre pays. Mais cela, tout le monde le sait. Les abus constatés lors du règne du parti RPM doivent nous conduire à la tenue des assises nationales du Mali afin de signer une Charte de gouvernance démocratique.
Paul Dembélé
Source: Nouvelle Libération