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SITUATION SECURITAIRE ET DROITS DE L’HOMME AU MALI :A. Tine préoccupé

SITUATION SECURITAIRE ET DROITS DE L’HOMME AU MALI

  1. Tinepréoccupé par le rétrécissement de l’espace civique

Alioune Tine, expert indépendant de l’ONU sur les questions de Droits de l’Homme, a présenté par visioconférence, les conclusions de sa visite officielle de 10 jours dans notre pays. C’était le mardi 22 février 2022. Si Tine note une nette amélioration tangible de la situation sécuritaire au Mali, il affiche aussi sa vive préoccupation par rapport au rétrécissement de l’espace civique, notamment les rôles des médias et de l’opposition politique.  

« Une nette amélioration tangible » sur le front sécuritaire. Le constat est de l’expert onusien Alioune Tine. Une note positive qui tranche avec les précédents rapports émis depuis 2018 par l’expert onusien sur la situation au Mali. Le document rédigé par Tine relève également « les progrès » importants dans le respect des droits de l’Homme en territoire malien, notamment dans le centre. « Le nombre de violations des droits de l’Homme et d’atteintes à ces droits, documentés au cours du dernier trimestre de 2021 par la MINUSMA, a diminué de 27,10% ». Tine s’est aussi appuyé sur les pages du groupe de travail Cluster Protection, selon lesquelles, effectivement, une diminution de 29,75% du nombre d’incidents de protection a été enregistrée entre novembre et décembre. Le Cluster Protection a également observé une baisse significative des violations des droits de l’Homme en fin d’année, en général, à l’exception des violations du droit à la vie.

L’amélioration de la situation sécuritaire est palpable, selon Tine, par la récente diminution du nombre de personnes déplacées et de conflits intercommunautaires. Selon la matrice de suivi des déplacements (DTM), citée par Tine, le nombre de personnes déplacées a diminué de 13 %, passant de 401736 en septembre 2021 à 350110 en décembre 2021. Dans la région de Gao, le nombre de personnes déplacées a diminué de près de la moitié (49 %) entre septembre et décembre 2021. Cette diminution s’explique notamment par la pacification progressive de certaines localités dans les régions du centre et du nord du pays.

En revanche, l’expert de l’ONU s’est déclaré hautement préoccupé par le rétrécissement de l’espace civique, notamment du rôle des médias et de l’opposition politique. Tine s’est ému de « ce climat délétère » qui a conduit plusieurs acteurs à l’autocensure par crainte de représailles de la part des autorités maliennes de Transition et/ou de leurs partisans« Je suis particulièrement préoccupé par le risque de confrontation et de violence entre les partisans des autorités maliennes de Transition et les partis d’opposition », s’est inquiété Tine.

Se montrant prudent, A. Tine a tenu à prévenir : « les améliorations tangibles de la situation ne doivent pas occulter les défis sérieux en matière de sécurité et des droits humains auxquels le Mali et la communauté internationale doivent s’attaquer pour consolider les progrès réalisés sur le terrain ». Et, revenant sur les défis de sécurité, l’expert a pointé du doigt l’État islamique dans le Grand Sahara (EIGS) et les groupes armés communautaires dits d’autodéfense qui continuent d’attaquer, de tuer et d’enlever des civils. Alors Tine de déplorer le fait désolant que les groupes extrémistes violents mettent au quotidien en pratique « une interprétation stricte de la charia ».

 Dans le rapport de Tine, il a aussi été question du sort de l’école malienne, spécifiquement du tableau scolaire dans les zones en conflit. « La bombe sociale la plus grave se profile à l’horizon avec l’effondrement du système éducatif », a-t-il dit, citant les chiffres de l’ONU qui montrent que 320 écoles ont été fermées en 2021, affectant près de 100.000 élèves.  Globalement, le nombre d’écoles fermées en raison de l’insécurité a augmenté de manière significative en passant de 1344 en janvier 2021, avec 403000 élèves affectés, à 1664 écoles en décembre 2021, avec 499200 élèves affectés.

 « En outre, les fermetures d’écoles auraient contribué à l’augmentation des mariages précoces et à l’exode rural des filles ; un phénomène qui a augmenté le risque d’exploitation et d’abus sexuels contre ces filles. L’insécurité continue d’avoir un impact considérable sur la situation des droits fondamentaux des femmes, avec la récurrence inquiétante de cas de violences basées sur le genre », a déclaré l’expert des droits de l’Homme des Nations Unies.

 Au cours de sa visite, Tine a rencontré les autorités maliennes, la société civile, les associations de victimes, les organisations non-gouvernementales, les diplomates et les représentants du système des Nations unies.

Seydou FANE  

Source: lesechosmali

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