Pendant que des thuriféraires encensaient encore le régime IBK affaibli, l’enfermant dans une logique néfaste d’affrontement majorité/opposition, Tiéman Hubert Coulibaly, bien que se réclamant de la majorité présidentielle, avait refusé de hurler avec les loups. Il clamait tout haut la nécessité de mettre le Mali au-dessus des clivages politiques pour, disait-il, entamer “un dialogue républicain” et au besoin se rassembler “parce que le Mali fait face à des incertitudes”.
En effet, pour sortir le Mali de la crise post-électorale qui a abouti à un coup d’Etat contre IBK, le chef du parti Union pour la démocratie et le développement (UDD) et président du regroupement dénommé Action républicaine pour le progress (ARP) a toujours plaidé en faveur d’un dialogue politique incluant toutes les composantes du pays, notamment les partis politiques, les organisations de la société civile et le gouvernement.
Ainsi disait-il dans Jeune-Afrique, au mois de juin 2020: “Nous devons déjà réunir les conditions pour la survie de notre nation, de notre modèle démocratique et de notre république. Je ne veux pas entrer dans un débat relatif à l’élection présidentielle de 2023 alors que nous avons toutes ces tâches à accomplir, que nous sommes face à ces profondes incertitudes. Nous nous reverrons peut-être dans quelques mois, ou dans quelques années, pour parler du reste.”
Auparavant, en répondant à l’une de nos questions à l’occasion d’une interview diffusée dans nos colonnes (journal Aujourd-hui-Mali du 16 mai 2020), il disait: “Notre pays est saisi d’une grande mauvaise humeur qui traverse Sikasso, Kayes, Bamako, la pandémie à Covid19, les suites des élections législatives, cette bavure policière à Kayes qui sera punie, mais qui crée une situation d’angoisse. Donc plus que jamais, nous devons travailler à l’unité, à la cohérence. Il ne faut pas se saisir de ces situations-là pour penser que les institutions sont fragilisées et conduire des actions malveillantes”
Des propos prémonitoires pourrait-on dire! Une vision réaliste plutôt car, en ce temps-là, il fallait être un pire aveugle comme celui qui ne voulait rien voir sur la réalité du pays, pour ne pas reconnaître que le pays fonçait droit vers un abîme.
Pour Tiéman Hubert, le dialogue national inclusif était incontournable pour sauver le pays d’une situation comme celle que nous vivons actuellement au Mali. Il insistait, à chacune de ses sorties médiatiques, sur la nécessité pour les Maliens de se parler, sans pour autant renier les croyances politiques. Cette démarche, il y croyait et y croit encore dur comme le fer. En témoignent ses propos, toujours dans les colonnes du numéro de Jeune-Afrique précité: “Si nous, qui sommes de la majorité présidentielle, avons souhaité un rapprochement avec l’opposition, cela veut dire que les lignes ont bougé. Il est logique de se donner la chance de se rassembler autrement. Nous avons estimé que nous étions arrivés à un stade où il fallait affirmer une identité différente et des positions qui pourraient être divergentes avec celles des autres partis qui composent EPM. Nous entendons exprimer cette différence dans un débat républicain.”
Puis il ajoutait : “Nous recherchons la cohérence, nous recherchons de l’efficacité, et c’est dans cela que nous situons notre action”.
Suffisant pour souligner que ce n’est pas une attitude de circonstance affichée par le regroupemeent ARP, mais une affirmation d’une démarche traduisant un ideal réaffirmé dans les colonnes du journal Aujourd-hui Mali du 16 mai 2020: “Il faut cultiver l’espoir pour dire que les temps sont durs et nous devons serrer la ceinture, nous devons faire en sorte que les gens de bonne foi se retrouvent pour proposer au Pays des solutions qui peuvent lui apporter le meilleur. Il faut travailler avec bonne foi car ce pays-là est le nôtre, personne ne pourra chasser un Malien dans son pays, mais il faut permettre à chaque Malien de vivre dans son pays de manière à ce qu’il puisse être heureux. L’ARP travaillera de bonne foi pour apporter, tant que cela est possible, nos propositions de solutions afin d’aider ceux qui ont les commandes à pouvoir faire face à ses difficultés-là.”
C’est tellement vrai cette constance dans l’appel au dialogue national et à la concertation de toutes les forces vives de la nation qu’un an plus tard, précisément le 11 février 2021, Tiéman Hubert Coulibaly affirmait dans le quotidien Le Républicain: “Ces derniers temps, beaucoup se sont plaints du manque de concertation, du manque d’inclusion. Pour notre part, nous avons toujours dit que nous soutenons ce gouvernement de transition et les autorités de transition en général. Mais la condition de la réussite de la transition résiderait dans la capacité de ces autorités à prendre en compte le plus grand nombre de points de vue”.
Il ajoutait: “C’est cet exercice qui vient de commencer. Nous nous sommes parlé pendant 4 heures. Les réformes politiques et institutionnelles sont nécessaires, surtout celles qui sont urgentes. Et nous avons aussi fait remarquer que le temps était compté. Sur les 18 mois qui ont été prévus pour la transition, il ne reste plus que 13 mois.”
Eh bien, la situation politique nationale, ne donne-t-elle pas raison à Tiéman Hubert Coulibaly? Et si rappeler à des hommes politiques qu’ils mangent souvent leur chapeau concernant des declarations qui n’engagent que ceux qui y croient, il est aussi de bon ton de relever, haut et fort, les visions justes et la constance dans la démarche d’acteurs politiques à qui l’histoire donne vraiment raison.
Amadou Bamba NIANG