Si des efforts sont en cours pour faciliter le retour de nos migrants en difficulté dans leur pays d’accueil, l’Association malienne des expulsés (AME), inquiet sur le volet réinsertion-réintégration, a invité, ce 21 février 2019, au cours d’un point de presse de presse, les plus hautes autorités du pays à s’impliquer davantage. Aussi, la situation des déplacés du centre au parc de bétail de Niamana focalise leur attention. Car, ces déplacés peuvent être de potentiels candidats à l’émigration.
La conférence était animée par Lamine Diakité, assistant juridique, et Amadou Coulibaly, en présence du président de l’AME, Ousmane Diarra.
Amadou Coulibaly a expliqué qu’au cours d’une de ses sorties ‘’maraudes’’ à Bamako et ses environs, un 12 février 2019, une équipe de l’AME est tombée, par hasard, sur des groupes de personnes, dont les conditions d’hébergement l’ont poussé à les approcher. Après échanges, elle découvre qu’il s’agissait des déplacés du centre de notre pays à Bamako, au nombre de 107 personnes, dont des vieillards, des femmes et des enfants. Les mauvaises conditions d’accueil de ces déplacés avaient conduit l’AME, à faire un geste symbolique à leur endroit.
Le conférencier a profité de l’occasion pour attirer l’attention de l’État et des personnes de bonne foi sur ces déplacés qui peuvent aussi être des futurs candidats à l’émigration, au regard de leurs conditions de vie alarmantes.
La situation des Africains en général, et des Maliens, en particulier, d’Angola a également focalisé l’attention de l’AME. Selon Lamine Diakité, ces derniers continuent d’être la cible des autorités policières et de la population angolaise.
Selon le conférencier Diakité, la bonne collaboration entre le gouvernement du Mali et celui d’Angola a permis, à la date du 11 février 2019 de rapatrier 24 Maliens de ce pays.
Ousmane Diarra, quant à lui, regretté les lenteurs enregistrées dans l’insertion et l’intégration de ces migrants de retour dans le pays. Si des dispositifs sont en cours, il estime qu’ils sont encore insuffisants au regard de la masse de migrants de retour. La Charte africaine sur la circulation des personnes et leurs biens a du mal à être une réalité, selon lui. Pour preuve, la Libye et l’Algérie continuent de barrer la route aux migrants subsahariens. Cette situation se traduit par le rapatriement massif de ces migrants vers leurs régions d’origines. Déjà, en ce début de l’année 2019, il y a eu plusieurs vagues de rapatriement et d’autres sont en cours, selon le conférencier. D’après des sources sûres, des rapatriements de plusieurs centaines de personnes (environ 700 migrants) des pays maghrébins sont prévus au début de l’année 2019. Du premier janvier à aujourd’hui, trois convois de migrants sont déjà arrivés de l’Algérie et un de Libye. Au total, a regretté M. DIARRA, l’Algérie seule a rapatrié plus de 300 migrants en seulement un mois et demi et la Libye en a rapatrié 165. Quant au Maroc, ce pays a refoulé environ 1350 migrants de novembre 2018 à janvier 2019.
Face à cette situation, l’AME a appelé à la poursuite des efforts de sécurité des personnes et leurs biens sur toute l’étendue du territoire national ; invite les autorités et organisations humanitaires à apporter un accompagnement constant sur le plan social et sanitaire aux groupes de personnes déplacées qui vivent dans des conditions précaires à Bamako. Elle exhorte enfin, les États africains à respecter la Charte africaine des droits des peuples qui interdit le rapatriement massif des migrants ressortissants d’un pays membre de l’Union africaine.
Par Sidi DAO
Source: info-matin