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SIDI BRAHIM OULD SIDATI : Les enjeux d’un assassinat

Trois ans après la disparition de Mahamadou Djéri Maïga, vice-président du MNLA, Bamako compte pour la seconde fois depuis la signature de l’Accord de Paix, la mort d’un haut responsable des groupes rebelles. L’exécution du Président de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) Sidi Brahim Ould Sidati, devant son domicile à Bamako, dans des circonstances inexpliquées, n’est pas de nature à rassurer les différents responsables de la rébellion touarègue d’une part et les autorités maliennes d’autre part car elle apparaît comme une grave menace sur le processus de paix dans le pays.

Selon le Chauffeur de la victime, Sidi était sorti pour montrer une panne de son groupe électrogène à un technicien devant sa porte, quand les tirs l’ont atteints.

Aux premières heures de la nouvelle, les tweets et autres publications des réseaux sociaux, en rang dispersé se sont fait l’écho d’une nation en panique totale. Le Premier ministre qui devait le recevoir en audience ce jour-même, pointe sa tristesse tout en condamnant cet « acte abominable ». Tièbilé Dramé qualifie cet assassinat de « grave évènement ».

Menaces sur le processus de paix

Les enjeux de ce crime sur l’application de l’Accord déjà mitigée se trouvent renforcés.  « L’accord pour la paix et la réconciliation au Mali signé à Alger en 2015 est paralysé et ses signataires paraissent de plus en plus écartés de son esprit. Le désarmement est dans l’impasse depuis six ans. Les milices tiennent à conserver leurs armes, en ont même acquis de nouvelles et les exhibent fièrement. Elles disent qu’il en sera ainsi tant que le gouvernement n’aura pas mis en œuvre les réformes institutionnelles prévues par l’accord » fait remarquer Nicolas Normand, ancien Ambassadeur de France au Mali.

Pour Ould Sidati, s’exprimant dans une vidéo en ligne, cette position des différentes parties signataires à un nom : « Tout ceci c’est la constitution. Si chacun a pris sa part parce que chacun ne se sent pas dans la nation. Et parce qu’il n’y a pas une constitution dans laquelle on se reconnaît. Si on n’arrive pas à trouver le terrain d’entente, chacun va rester avec son morceau. C’est cela la ‘’somalisation’’. Nous sommes dans un tournant décisif ou on crée une nation ou on crée une Somalie. Nous sommes aujourd’hui à égal distance de la légitimité. Chaque partie malienne est légitime. Nous avons des revendications institutionnelles. Si nous avons les armes aujourd’hui c’est qu’on veut garantir cette légitimité institutionnelle. Si elle est prise en compte nous utiliserons nos armes dans la refondation de l’armée, dans l’outil de défense de l’Etat dont nous sentons une partie et pour laquelle on est prêt à mourir », déclarait Sidi Brahim Ould Sidati, quelques mois avant son assassinat.

Le gage de la paix selon Sidi Brahim Ould Sidati.

Mais Bamako n’a pas non plus de garantie que les groupes signataires de l’accord se désarment si la régionalisation poussée, telle que prévue, est mise en place : « Il faut créer une commission de sages qui permettrait de créer une confiance », soutient-il.

Comme le souligne le groupe d’experts de l’ONU, la stabilité actuelle très relative du Nord vient de la position de force de la CMA qui a poursuivi sa stratégie d’expansion territoriale, et aussi à l’exploitation artisanale de l’or, contrôlée et taxée par les groupes armés, en partage avec les djihadistes. Cette exécution pourrait donner l’occasion aux signataires de l’accord de se retrancher à Kidal une fois de plus. En tout cas, le secrétaire général du MNLA, Bilal Ag Chérif, ne va pas chercher loin son coupable, il pointe directement du doigt les autorités maliennes : « Le premier responsable de la sécurité de Monsieur Ould Sidati était le gouvernement malien, il doit donc révéler la vérité sur ce crime », a-t-il tweeté.

L’ancien Ambassadeur de France au Mali indique que l’accord n’est véritablement soutenu que par les groupes armés et la communauté internationale, qui en est le garant. Pour beaucoup de maliens, ce document est comme imposé de l’étranger et signé à la sauvette, le couteau sous la gorge, après la défaite militaire de mai 2014.

Le vide plane déjà en ce qui concerne les vraies raisons de cet assassinat. En attendant, sa dépouille sera enterrée le vendredi 16 avril 2021 à Ber dans la région de Tombouctou.

Andiè A. DARA

Source: BamakoNews

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