«Si je suis IBK…» est le nom de la nouvelle chronique que j’ouvre dans les colonnes de votre hebdo dans les jours à venir. J’ai la chance d’échanger régulièrement avec les cadres de tous les bords et sans bord politiques. Je me suis rendu compte, au-delà de leurs défauts et qualités, qu’ils ont en commun l’amour du Mali. Cependant, ils ont une curieuse manière de s’en occuper. Chacun à son niveau s’est construit une bulle et reste dans sa «vérité» tout en critiquant l’autre. Nous en sommes devenus les champions du monde du «korofoli». Comment sortir de ce cercle infernal et stérile de propositions et d’actions ?
Pendant un échange avec Alioune Ifra N’Diaye, l’idée d’ouvrir une chronique de propositions a vu le jour. Chaque semaine, une proposition sera faite sous la plume d’une personne sous le générique «Si j’étais IBK…». Cette proposition sera mise en débats objectifs dans les réseaux et nous publierons les meilleures réactions à l’offre de la semaine. Avant de l’ouvrir à une personne par semaine, j’ai décidé de confier exceptionnellement la rédaction des premières chroniques pendant les 3 premiers mois à Alioune Ifra N’Diaye. Homme engagé pour les causes de la culture et de la citoyenneté, Alioune Ifra N’Diaye s’est impliqué auprès d’une centaine de jeunes acteurs pendant presque deux ans, en tant que président d’honneur, dans l’animation du projet social wélé wélé.
Ce mouvement inédit a animé plus de 200 conférences-débats pour expliquer les enjeux nouveaux du Mali et du monde aux jeunes et aux femmes dans les quartiers et villages. À travers un manifeste qu’ils ont adapté en spectacle musical, ils ont inventé une nouvelle forme de meeting qu’ils ont mis en œuvre dans près d’une trentaine de grandes villes et de communes urbaines. Ils ont ainsi recueilli les inputs de beaucoup de jeunes dans les quartiers, dans les villages et auprès de la diaspora pour nourrir une proposition de projet de société qu’ils ont essayé, mais échoué, de mettre en débat pendant la campagne présidentielle de 2018. J’ai demandé à Alioune Ifra N’Diaye de puiser dans les propositions de Wele wele et de son essai «On ne naît pas Banyengo, on le devient» pour vous proposer les premiers numéros de la série «Si je suis IBK…»
Le président de la République est le garant de l’indépendance du pouvoir judiciaire.
Dès lors son silence face à la tentative de caporalisation du judiciaire par l’exécutif est insupportable. À moins qu’il ne soit au courant de rien dans ce pays ; qu’il ne sache que le Premier ministre n’est pas le patron de l’administration judiciaire ou que son histoire, genre «j’ai une haute vue de la chose justice» ne soit que circonstanciée à ses différentes rencontres avec les acteurs judiciaires. Aussi ne sait-il pas qu’il revient au bon père de famille d’agir à temps pour séparer ses enfants qui s’affrontent sous son regard !!! À moins que la stabilité de sa famille ne soit le dernier de ses soucis !!! Qu’est-ce que la gouvernance dans l’indifférence est en train de bouffer le peu qu’il nous reste du Mali !!!
Il est facile de gérer cette crise et de couper l’herbe sous les pieds des lucioles qui rigolent sous cape, mais pour ça, il se faut avoir une haute idée de l’indépendance de la justice et du juge dans une démocratie. Engager des négociations, faire des contre-propositions, dialoguer, etc., cela ne tue pas. Ça construit. Mais quand on veut agir par orgueil et par mépris, on finira tôt ou tard par se casser le nez contre un pouvoir permanent comme la justice. La logique voudrait que si l’on vous demande par exemple 10 F que vous nous dîtes n’avoir que 5 F, etc.
Mais vous vous abstenez de toute contre-proposition et après vous voulez nous obliger à reprendre le service ignorant certainement que la réquisition ne cadre pas avec l’esprit de l’indépendance de la justice et du juge consacrée par la constitution du Mali du 25 février 1992. La notion d’indépendance veut dire exclusion de toute contrainte, de toute pression à l’égard d’un juge. Aussi on ne réquisitionne pas un pouvoir. Or, parce qu’il incarne le pouvoir judiciaire, chaque juge est un pouvoir. Dommage que l’ignorance, l’inculture, la bêtise aient atteint la haute sphère politique. Si c’était sur concours beaucoup ne seraient pas planton dans un ministère à fortiori ministre de la République vu leur infirmité intellectuelle. C’est haut les mains et avec mention qu’on est devenu magistrat dans ce pays donc, aucun nullard ne viendra nous imposer sa volonté. On ne se soumettra qu’à l’autorité de la loi et à celle de notre conscience. Point.
Le Reporter