Le Mali a son tout premier représentant aux Jeux Olympiques Tokyo 2020. Il s’agit du taekwondo-in, Seydou Fofana, qui a validé sont ticket le 23 février dernier, lors du Tournoi qualificatif olympique qui s’est déroulé à Rabat (Maroc) dans la catégorie des moins de 68 Kg. De retour à Bamako, le jeune athlète de 27 ans nous a accordé un entretien exclusif dans lequel il évoque son parcours, le sentiment qui l’anime après son exploit et son objectif pour les prochains Jeux Olympiques, notamment Tokyo 2020.
Aujourd’hui-Mali : Comment êtes-vous venu dans le taekwondo?
Seydou Fofana : Je suis venu dans le taekwondo depuis à bas âge parce que c’est une discipline extrêmement riche qui propose deux approches complémentaires : l’art martial et le sport de combat. En plus de cela, c’est une discipline qui se pratique partout dans le monde.
C’est précisément en 2003 que j’ai commencé à pratiquer la discipline au Centre Kala Sport 2000 de Bamako, sous la supervision de Maître Yacouba Samaké.
Et ton parcours de taekwondo-in?
Durant mon parcours, j’ai participé à plusieurs compétitions nationales, africaines et internationales. C’est en 2009 que j’ai remporté mon premier titre lors du championnat national de la catégorie inférieure. Une année plus tard, j’ai gagné le titre de champion national des moins de 65 Kg. En 2013, j’ai participé à ma première compétition africaine, c’était lors de l’Open international d’Abuja ou j’ai été éliminé au premier tour. Deux années plus tard, j’ai participé pour la deuxième fois à l’Open international de Lagos ou j’ai remporté ma première médaille, notamment la médaille de bronze de cette compétition. L’année 2015 a été une année importante pour moi parce que j’ai obtenu une médaille d’argent lors du championnat de la Zone II Acnoa.
Sur le plan international, en juin 2017, j’ai participé au Championnat du monde de taekwondo à Muju, en Corée du Sud, où j’ai gagné deux combats, avant d’être éliminé aux huitièmes de finale. L’année dernière, j’ai obtenu une médaille de bronze aux 12èmes Jeux africains à Rabat, au Maroc.
Comment s’est déroulé le tournoi qualificatif olympique de Rabat ?
Alhamdoulilah ! Nous sommes partis au Maroc afin d’avoir notre ticket qualificatif pour les Jeux olympiques Tokyo 2020 et Dieu merci, grâce aux efforts de tout un chacun, nous l’avons obtenu. J’étais très content depuis le jour ou la Fédération malienne de taekwondo m’a annoncé que j’allais partir au Maroc pour le Tournoi qualificatif des Jeux Olympiques. Ce jour-là, j’ai remercié Dieu parce que c’était l’un de mes rêves de participer à ce tournoi. Après cela, je me suis fixé comme objectif de tout faire pour décrocher une qualification pour les Jeux olympiques (JO). Pour atteindre cet objectif, je me donne à fond et m’entraine chaque jour 3 à 4 fois, soit 10 heures d’entrainement sur 24. Quelques mois avant le début du tournoi qualificatif olympique de Rabat, J’ai bénéficié d’un programme de formation d’un mois de la part de la Fédération mondiale de Taekwondo (Wtf) dénommé “Booyoung Dream Programm”, pour la Corée du Sud. Ce programme spécial de formation en technique de combat était uniquement dédié aux athlètes sélectionnés pour prendre part au Tournoi africain de qualification pour les Jeux olympiques Tokyo 2020. J’avoue que ce programme m’a beaucoup aidé dans la préparation. Lors du Tournoi qualificatif à Rabat, j’ai obtenu ma qualification en remportant 4 victoires sur 4 combats.
Avez-vous bénéficié de soutien de l’Etat pour la préparation ?
Par rapport à la préparation, à travers la Fédération malienne de taekwondo, nous avons envoyé un plan de préparation au Ministère de la Jeunesse et des Sports. Malheureusement, ils n’ont pas réagi. La dernière minute, ils se sont engagés à prendre en charge mon voyage pour Rabat et non la préparation. Vous savez, contrairement à notre pays, les athlètes des autres pays effectuent la préparation de ce tournoi un à deux ans à l’avance. Malheureusement, moi je n’ai eu que deux mois de préparation. C’est pour vous dire que je n’ai pas eu assez de temps pour la préparation.
Vous êtes le premier athlète malien qualifié aux Jeux olympiques. Quel sentiment vous anime aujourd’hui ?
Aujourd’hui, il y a un sentiment de joie et de satisfaction qui m’anime pour avoir réalisé cet exploit. Après la qualification, le président de la Fédération malienne de taekwondo m’a dit que je suis le premier athlète malien qualifié pour les Jeux olympiques. Malgré que je sois content, je souhaiterais qu’en plus de moi d’autres athlètes puissent obtenir leur ticket pour qu’ensemble nous puissions défendre les couleurs de notre pays lors des Jeux olympiques Tokyo 2020.
Quelle appréciation faites-vous aujourd’hui du niveau du taekwondo malien ?
Vous savez, le niveau du taekwondo malien est très bon parce qu’au Mali nous avons de très bons athlètes, aussi bien au plan technique que physique. Ces athlètes peuvent aller très loin dans des compétitions internationales. En plus de cela, nous avons de très bons encadreurs, mais seulement nous avons un problème de financement pour participer à des compétitions de haut niveau. Avec de telles ressources humaines, si nous trouvons les moyens financiers, nos athlètes peuvent remporter toutes sortes de médailles pour le Mali. Aujourd’hui, le Mali est l’un des rares pays à avoir une équipe nationale dans toutes les huit catégories (54 Kg, 58 Kg, moins de 63 Kg, 68 Kg, 74 Kg, 80 Kg, moins de 87 Kg et plus 87 Kg).
Les athlètes de chacune des catégories sont prêts à participer à des compétitions internationales. Vous savez, les athlètes maliens ont un problème de compétition, non un problème d’entrainement.
Nous sommes à quelques mois des jeux Olympiques, quel est l’objectif que vous vous êtes fixé ?
Aujourd’hui, mon objectif est de remporter une médaille d’or lors des prochains Jeux olympiques Tokyo 2020. Depuis mon enfance, je rêve de remporter une médaille olympique pour mon pays. Je suis sûr qu’avec la bénédiction de nos parents et de nos encadreurs nous allons faire quelque chose de grand lors des Jeux olympiques. De nos jours, le Mali a besoin d’une médaille olympique et il est temps qu’il obtienne cette médaille maintenant. Je profite de cette occasion pour lancer un appel aux autorités sportives du pays, plus particulièrement au Ministère de la Jeunesse et des Sports de nous accompagne afin que nous puissions faire une bonne préparation avant les Jeux olympiques.
Votre mot de la fin ?
Pour mon mot de la fin, je remercie mes encadreurs, à savoir Maître Yacouba Samaké et le coach Ibrahim Niang pour leur accompagnement. Je remercie également les membres de la Fédération malienne de taekwondo pour m’avoir fait confiance. Je termine mes propos en remerciant les membres de ma famille.
Réalisé par Mahamadou TRAORE
Source : Journal Aujourd’hui-Mali