Les hommes et les femmes qui s’engagent pour la protection de la nation, des personnes et de leurs biens doivent bénéficier de beaucoup de considérations afin de les inciter au travail. Les Maliens critiquent leurs forces de sécurité de tous les maux sans chercher à savoir ce qu’il y a au fond. La volonté doit être accompagnée. La France en a montré l’exemple le mercredi dernier lors des obsèques du gendarme tombé sur le champ d’honneur le vendredi dernier.
Le métier de la critique n’a presque plus de spécialiste. Il est à la portée de tout le monde. Cela dénote du fait que la critique est facile voire constitue une donnée quasiment naturelle, en tout cas pour tous ceux qui se trouvent en usage normal de la raison.
À entendre mes concitoyens parlés, j’ai l’impression qu’ils ne se mettent pas à la place de nos forces de l’ordre afin de comprendre leur situation. Ils sont critiqués de fuyards sans chercher à comprendre dans quel esprit ils fuient devant leurs ennemis qui sont les ennemis de la nation, de leur nation. Leur devoir, c’est la sauvegarde de la nation, de son intégrité, de ses institutions à l’intérieur comme à l’extérieur. Nos braves militaires sont conscients de cet état de fait, mais malgré tout, nous assistons à des phénomènes malheureux de la part de ces forces de l’ordre.
En janvier 2018, nous avons assisté à la désertion de 36 gendarmes qui ont justifié leur action comme signe de mécontentement face aux promesses non tenues du gouvernement. À cela s’ajoute la même semaine, le cas du sergent Oumar Keïta qui a fait des révélations croustillantes sur la situation du Nord du pays, mais aussi sur l’affaire de leur collègue Amadou Aya Sanogo.
Il faut se dire que ces phénomènes ne sont pas nouveaux au Mali et ne sont pas fortuits. C’est ce qu’il convient de comprendre. Les militaires sont mécontents des traitements qui leur sont accordés par le gouvernement. De ce mécontentement dans le travail s’en suivent toutes les zizanies que nous pouvons constater au sein de nos troupes. C’est ce qui fait que même s’ils ont la volonté d’agir, ils préfèrent s’abstenir le maximum possible. Les avancements entre les grades ne se font plus selon les mérites, les grands faits des grands hommes sur le champ de bataille ne sont pas rapportés ou récompensés. Tous ceux-ci contribuent à envenimer le cœur de ces braves hommes qui se battent avec des moyens médiocres sur le terrain.
En menant des analyses superficielles, on se dit facilement que ces hommes en armes ne sont pas assez compétents pour sécuriser leur pays. Il nous arrive de les comparer à d’autres militaires des pays voisins ou émergents. Ces militaires qui se battent avec dévouement pour l’intégrité de leur patrie sont non seulement mis dans les conditions propices de combat, mais savent également qu’ils seront honorés une fois qu’ils mourront les armes en main.
L’esprit de sacrifice, la bravoure, le dévouement sont des caractères qui accompagnent les militaires des autres pays. Ces forces de l’ordre et de sécurité sont convaincues de l’honnêteté de leur patrie envers eux. Ils savent que leur élévation au rang des grands hommes de l’histoire de leur pays dépend des gestes qu’ils auront à accomplir sur le champ de bataille.
Le vendredi dernier, nous avons tous été témoins de cet acte héroïque du colonel français, Renaud Beltrame. Ce gendarme de 44 ans qui a pris la place d’un otage entre les mains d’un terroriste. Dans ce geste nous devons comprendre qu’il s’agit là de demander à la mort de ne pas emporter tel individu, mais de s’orienter vers soi-même. C’est ce qui a été fait, après 3 heures de communication environ entre le colonel et l’homme armé, M. Beltrame sera blessé par le terroriste sans cœur ni foi. Il est mort quelques heures plus tard à l’hôpital.
Cet acte a été honoré par le gouvernement français le mercredi dernier en organisant à son nom une cérémonie grandiose au cours de laquelle il a été élevé au grade de commandeur de la Légion d’honneur et colonel de la gendarmerie par son Excellence le président Emmanuel Macron, président en exercice de la France.
Beltrame se voit ainsi entrer dans l’histoire de la France, mais aussi du monde entier. Il se fait ainsi une place auprès des grands hommes de la France dans le Panthéon.
Les militaires sachant bien qu’ils ne mourront pour rien s’ils se sacrifient pour leur nation, ils se donneront à fond. Mais au Mali, la mort des hommes en armes est d’ailleurs le plus souvent cachée aux citoyens a posteriori d’organiser des reconnaissances de la nation à leurs égards. Sur ce point, je tire mes révérences à Moussa Mara, ex-Premier ministre du Mali, qui propose d’ailleurs qu’il importe beaucoup pour l’engagement des militaires, d’organiser des journées en mémoire de ceux et celles qui tombent sur les champs de bataille, de créer des lieux publics portant leur nom, etc. Ces gestes pourront inciter les autres à s’engager davantage pour la défense de la patrie. Le devoir de reconnaissance est le plus grand piège que nous pouvons tendre à un travail.
Fousseni TOGOLA
Le Pays