Les trois principaux leaders politiques du pays, le président IBK, Soumaïla Cissé, le tout-nouveau président de l’URD et l’ancien premier ministre Modibo Sidibé des FARE, doivent tous revoir leur copie pour que leur cote puisse remonter auprès de l’opinion. C’est le constat fait par l’économiste ingénieur statisticien, Sidiki Guindo au terme d’un sondage qu’il vient de réaliser du 28 au 30 novembre dans le district de Bamako sur un échantillon de 1050 personnes de 18 ans ou plus. Il a comparé ces résultats à ceux d’autres réalisés depuis 2011, à la veille de la présidentielle avortée de 2012. Selon lui IBK chute de 83% en 2011 à 65% cette année, Soumaïla Cissé (de 73% à 37%) et Modibo Sidibé (de 68% en 2011 à 17%). Comme principaux aspects à améliorer, selon le sondage, le premier aura intérêt à se rapprocher davantage de la population afin de paraître beaucoup plus sociable, le second, M. Cissé aura intérêt à tenir compte de l’opinion publique avant de faire certaines déclarations et le dernier, IBK devrait communiquer à l’avance sur les grandes décisions prises.
Dans le cadre de nos recherches sur l’application des méthodes statistiques comme outil d’aide à la décision et dans l’objectif de mesurer l’opinion publique sur différents aspects, l’institut de sondage GISSE (Groupement d’Intérêt Scientifique des Statisticiens Économistes) a effectué plusieurs sondages d’opinion auprès de la population malienne de 18 ans ou plus. Ce document présente un résumé des résultats d’un sondage visant à mesurer la dynamique des cotes de popularité de quelques personnalités du pays avant de prodiguer des conseils à chacune d’elle.
L’institut GISSE compare les récents résultats à ceux de huit sondages précédents réalisés depuis 2011. Le résultat concerne juste le district de Bamako, et est non extrapolable à l’ensemble du pays.
S’agissant de Modibo Sidibé
Juste avant les candidatures pour l’élection 2012, au moment où on ne connaissait pas encore le candidat de l’ADEMA, la proportion de personnes ayant une image positive de Modibo Sidibé était de 67.7% (sondage réalisé en 2011). Juste après le coup d’État, avec les mauvaises publicités autour de sa personne, sa cote de popularité est passée à 25.8%; Au moment de la démission forcée du premier ministre Cheick Modibo Diarra, la cote de popularité du candidat des FARE était de 29.3%; à deux mois des élections de 2013, cette statistique est évaluée à 19.0%. Enfin, à une semaine des élections, sa cote était à 16.7%. Depuis lors, ce candidat n’a plus amélioré de manière significative son score. Nos recherches qualitatives ont montré que la population attend de ce candidat plus d’implications dans les actions sociales de ses proches. Il aura donc intérêt à paraître beaucoup plus sociable aux yeux de la population.
Concernant l’Honorable député Soumaïla Cissé
Juste avant les candidatures pour l’élection de 2012 (sondage réalisé en 2011), la proportion de personnes ayant une image positive de cette personnalité était de 72.9%. Juste après le coup d’État, avec les mauvaises publicités sur sa personne, combinées à la mauvaise communication du candidat, son score est passé à 33.6%; au moment de la démission du premier ministre CMD, la cote de popularité de Soumi était à 34.1% et à deux mois des élections de 2013, cette statistique est évaluée à 31.9%. Une semaine avant les élections, sa cote était à 37.7%.
Après l’élection du président IBK, pour son comportement démocratique consistant à aller féliciter son concurrent en famille, sa cote est passée à 55%. Cependant, avec ses différentes déclarations qui ne correspondent pas souvent à l’avis de la majorité, sa cote est revenue à 36.5%.
Sans aucun doute, ce candidat doit revoir sa stratégie de communication, faute de quoi, il sera difficile qu’il gagne la confiance des maliens.
A titre d’exemple, alors qu’il était un des meilleurs candidats avant le coup d’État (cote de popularité 72.9%), Soumi, à cause de ses différents agissements combinés à la mauvaise publicité, a finalement été considéré par la population comme un des ennemis du pays. Ceci à fait passer sa cote de 73% à 34% (son comportement a fait croire à la population qu’il est le défenseur d’ATT). Un autre exemple: après la visite ratée du premier ministre Moussa Mara à Kidal, Soumi demandait la démission de ce dernier tandis que, selon nos sondages à l’époque, plus de 90% de la population était pour le maintien du premier ministre à son poste. Ces genres de comportements ont porté un coup sérieux à la popularité de l’Honorable Soumaila Cissé. Il a donc intérêt à se faire conseiller davantage et à évaluer l’opinion publique avant toutes déclarations.
Enfin le Président Ibrahim Boubacar Keita
Juste avant les candidatures pour l’élection 2012, la proportion de personnes ayant une image positive de sa personnalité était de 79.6% (Sondage 2011). Après le coup d’État, cette proportion est passée à 76.4%; au moment de la démission du premier ministre CMD la cote de popularité d’IBK était à 75.1% alors qu’à deux mois des élections de 2013, cette statistique est évaluée à 63.4%. A une semaine des élections, sa cote a atteint les 83%. Selon les résultats de notre sondage du 28 au 30 novembre 2014 (donc avant la libération des terroristes), sa cote de popularité était à 65%. Au jour d’aujourd’hui, la cote du Président IBK ne doit pas dépasser les 65%. La baisse de 83% à 65% de la cote de popularité du Président n’est vraiment pas négligeable, vu son niveau de responsabilité et la forme des différentes crises au Mali.
IBK doit faire arrêter les rackets des policiers!
Le président de la république aura intérêt à agir de la façon suivante:
Faire le plein sur toutes les actions qui ne dépendent que du Mali: par exemple, dans tous nos derniers sondages, la population reconnaît une baisse significative de la corruption au niveau du foncier; alors que concernant la corruption au niveau des policiers, selon nos estimations, dans le récent sondage (28 au 30 novembre), les rackets faits par les policiers (de la circulation) coûtent au moins 6 millions de francs par jour aux pauvres citoyens de Bamako.
Donc, en une année, le racket des policiers coûte plus de 2 milliards aux bamakois. Au même moment, selon nos résultats, plus de 47 motos djakarta sont volées par jour. L’arrêt immédiat des rackets ne dépend que du Président et de ses ministres. D’ailleurs, si j’étais le Président IBK, je donnerai 24 heures au ministre concerné pour éradiquer ce fléau. Et si j’étais le ministre concerné, je donnerai 24 heures aux responsables policiers pour arrêter totalement les rackets. Si le Président veut que les pauvres bamakois sentent un changement, qu’il fasse alors arrêter les rackets des policiers!
Le président, devrait aussi entreprendre des actions rapidement réalisables avec nos maigres moyens: par exemple goudronner les 4 à 5 axes principaux dans chacune des 6 communes du district de Bamako ainsi que certains axes dans chacune des capitales régionales.
Le président devrait trouver les moyens pour faire comprendre à la population que certaines décisions ne dépendent pas du Mali et de son gouvernement: par exemple, tant que la France accepte de négocier avec les preneurs d’otages, le Mali d’aujourd’hui n’aura pas les moyens de refuser certaines demandes de la France. Surtout, il faut noter que les maliens ne sont pas, en réalité, prêts à supporter « la galère momentanée » qu’engendrera notre refus catégorique face à certaines demandes de la France. Il va falloir d’abord avoir les moyens de notre orgueil (alors que tel n’est pas encore le cas). Enfin, instruire au gouvernement de communiquer à l’avance sur certains sujets majeurs de la nation.
* Statisticien Économiste.
Directeur du GISSE.
(NB: Les titres et le chapeau son de la rédaction)