Politicien averti, solidement attaché à sa base électorale, Sékou Fanta Mady Traoré est directement revenu de Dioïla pour participer au congrès de la jeunesse et des femmes de son parti ADEMA-PASJ, organisé, dimanche 10 octobre au CICB. Loin de la capitale, l’ex-député, cadre du parti des Abeilles dit avoir profité amplement auprès des siens, les militants de son parti et de ses parents à Dioila, depuis cette histoire de transition. Une occasion, pour lui, de mieux préparer sa base électorale en attendant le temps des élections.
En marge de ce congrès, Sékou Fanta Mady Traoré a répondu volontiers aux questions de votre journal préféré L’Observatoire. Outre ce congrès qui l’a fait venir de son cercle, M. Traoré s’est prononcé sur la transition en cours, les assises nationales de la refondation… Il nous explique pourquoi l’Adema-Pasj a décidé de ne pas participer aux assises nationales de la refondation. Interview.
L’Observatoire : Votre parti ADEMA-PASJ procède au renouvellement de ses bureaux nationaux des jeunes et des femmes. Quel est votre commentaire ?
Sékou Fanta Mady Traoré : Bon ! Ce congrès était prévu il y a belle lurette, mais compte tenu des questions d’agenda et des situations sociopolitiques dans le pays, donc, ce congrès n’a pas eu lieu. Mais aujourd’hui, Dieu merci. Nous sommes déjà dans la fièvre. Toutes les régions du Mali sont représentées ainsi que les Maliens de l’intérieur pour le congrès de la jeunesse et des femmes à par Kidal, où nous ne sommes plus représentés.
Pourquoi vous n’êtes plus représentés à Kidal ?
Bon ! Kidal est une spécificité. Kidal est toujours du côté du pouvoir. Donc les quatre cercles de Kidal étaient ADEMA-PASJ de 1992 à 2002. Ce congrès va se passer dans une situation sociopolitique particulièrement difficile en République du Mali. Parce que nous sommes aujourd’hui dans une situation de transition qui n’est pas d’ailleurs une bonne chose pour la démocratie.
Les slogans sur vos banderoles sont perceptibles. Les femmes et les jeunes engagés pour mettre fin à la politique de diviser : l’homme qu’il faut à la place qu’il faut ; la femme qu’il faut à la place qu’il faut. Que voulez-vous dire ?
Ces femmes et ces jeunes sont les fers de lance du parti. Ces femmes et ces jeunes, nous avons souhaité qu’ils fassent un congrès apaisé. Et d’ailleurs, depuis une semaine des tractations sont en cours pour qu’il ait, en tout cas, un congrès où il n’y a ni perdant ni gagnant. C’est le parti qui doit gagner et, c’est ce que le président du parti le professeur Tiémoko Sangaré nous a instruit. Nous, nous avons été chargés de l’organisation. Il y a bientôt cinq ans nous sommes dans cette organisation. Nous pensons, au sortir de ce congrès, il y aura un bureau inclusif.
Une partie de l’opinion publique pense que l’ADEMA-PASJ est un parti accompagnateur. Faut-il s’attendre à une rupture pour les élections à venir ?
(Rires). Nous n’avons jamais été un parti accompagnateur. Une partie de l’opinion qui pense cela, ils n’ont qu’à penser comme bon leur semble. Mais, nous, nous savons que notre mission est une mission historique pour la République du Mali. N’importe quelle formation politique qui arrive au pouvoir, c’est l’ADEMA, ou si ce n’est pas l’ADEMA ; l’ADEMA est sollicitée parce que nous avons des cadres valables.Les gens sont jaloux. On a des grands cadres compétents et intègres qui travaillent pour le Mali et non pour le parti. Le Mali est notre patrimoine commun. On ne peut pas aller s’assoir à côté pour dire autre chose. Même cette situation qui prévaut aujourd’hui, l’Adema ne l’a pas souhaitée. On a alerté les plus hautes autorités. On leur a dit. On a produit un mémo pour leur donner ; voilà notre façon de voir cette situation et comment nous devrons travailler ? Mais si, on nous pousse à la sortie ; si on peut faire le Mali sans un pan important de maliens, on le saura. Nous, nous sommes une masse critique et non une masse silencieuse. Donc en physique, ça vaut son pesant d’or.
Le respect du délai de la transition divise la classe politique. Quelle est la position de l’ADEMA-PASJ ?
Vous savez le respect du délai de la transition. Nous avons dit que c’est au cours des assises que les hautes autorités se sont engagées pour une transition de 18 mois. Mais, si et seulement si, on ne peut pas mesurer dans le temps et dans l’espace une transition, ce n’est plus la peine. Même un parti, où alors, un élu démocratiquement élu, il a un temps. Au Mali, c’est 5 ans. Après les 5 ans, il doit aller aux élections qu’il passe ou qu’il ne passe pas. La transition comme son nom l’indique c’est une période courte. Si alors ça doit aller dans le temps et dans l’espace, il faut craindre que nous tombions dans l’anarchie. Et c’est tout ce que nous craignons. Mais, on n’a jamais fermé la porte du dialogue. On nous a fermé la porte du dialogue. Notre regroupement a demandé une rencontre avec le Premier ministre Choguel Kokalla Maiga. Si nous sommes sur le terrain politique est-ce que, lui, il peut nous battre ? Même demain, si nous partons sur le terrain politique le MPR, je le défie ; il ne peut pas battre l’Adema même étant Premier ministre. Il ne peut pas battre l’Adema. Il le sait.
On ne sait que faire des procès d’intentions. Nous, nous voulons tout simplement que le pays se bâtisse sur le vrai et que vraiment qu’il ait une justice équitable à tous. Mais, nous ne voulons pas d’une justice de vainqueurs sur les vaincus. C’est tout ce que nous craignons, aujourd’hui. Parce que, ce que nous assistons, aujourd’hui, il ya de la manipulation. Il n’y a pas séparation des pouvoirs. Nous pointons le doigt ; le curseur est sur ça, que la justice soit impartiale, et que les gouvernants ne la manipulent pas. C’est de cela qu’il s’agit. Nous sommes en démocratie, ils veulent nous bâillonner ; ils veulent nous empêcher même de parler. Nous continuerons à parler. Nous nous sommes battus pour ça. Le Mali pluriel démocratique. Le Mali où il y a la liberté de presse, d’aller et de venir. Pour moi, aujourd’hui, si nous devrions recadrer la mission de la transition se résume à deux points : la sécurisation du territoire et l’organisation des élections. Nous ne sommes pas contre la lutte implacable contre la corruption. Le reste on peut faire ; on n’est pas contre la lutte implacable contre la corruption. Tous ceux qui ont mangé un franc du dernier public doivent répondre, mais les missions premières de la transition ce sont les deux citées plus haut.
Que pensez-vous de la tenue des prochaines assises nationales, proposées par le pouvoir en place ?
Nous, nous ne sommes pas là dans, parce que nous avons été exclus et nous avons été clairs là-dessus. L’Adema se trouve dans une plateforme qui a décidé de ne pas participer. Nous, nous savons là où se trouve la force et nous sommes une force tranquille. Nous croyons en l’avenir et le Mali renaîtra de ses cendres. Inchallah !
Propos recueillis par Ousmane Morba
Source: L’Observatoire