Ce conducteur a été très mal inspiré en s’immisçant dans le cortège présidentiel en provenance de Sébénicoro en milieu de semaine dernière. Et l’escorte a fait exactement ce qu’il fallait. Presqu’au même moment, une dizaine de religieux faisant le porte-à-porte à Kati ont été interpellés et remis aux services spécialisés.
Les deux faits remontent en milieu de semaine dernière. Le Premier à Sébénicoro.
Un plaisantin à bord d’un véhicule 4X4 et non immatriculé par surcroit a intégré le cortège présidentiel et semblait trouver un réel plaisir à rouler dans le lot de véhicules officiels et de l’escorte. Il réussit même à effectuer un long parcours et amorcer quelques virages avec la délégation. Comme pour dire qu’il n’avait nullement l’intention de s’arrêter en si bon chemin. Autrement, et s’il s’agissait d’une erreur de conduite ou d’une inattention, il aurait profité du premier virage pour se dérober. Mais non !
L’ayant repéré et suivi son manège depuis plusieurs minutes, l’escorte n’a pas hésité à ouvrir le feu en prenant cependant soin de viser les roues. Fort heureusement pour lui.
Les deux pneus-avant désormais hors d’usage, le conducteur perdit le contrôle de son véhicule qui finit dans un petit ravin. Sérieusement amoché, il fut maîtrisé et conduit en lieu sûr.
Son geste est diversement interprété par les enquêteurs. Si pour les uns, il s’agit d’un mauvais plaisantin et insouciant, les autres n’écartent pas l’hypothèse d’un test grandeur nature du dispositif sécuritaire autour du président de la République.
C’est, en tout cas cet incident qui se trouve à l’origine profonde de la mesure consécutive à l’interdiction des véhicules non immatriculés. Une décision dont l’efficacité reste encore à prouver (lire encadré).
Kati : Drôles de religieux
Presqu’au même moment à Kati, disions-nous, les forces de l’ordre ont interpellé une dizaine de religieux faisant le porte-en-porte. Et parmi eux, des «peaux claires». De quoi créer la méfiance quand bien même ils ne soient pas armés. Après tout,
Il pouvait s’agir d’éclaireurs. Informé à temps réel, le commandement de la zone militaire en question a immédiatement procédé à leur interpellation. Ils furent ainsi arrêtés et remis aux forces spéciales.
Après interrogatoires et investigations, il s’est avéré qu’ils n’étaient nullement dangereux ou associés à quelconque groupe armés et/ou djihadiste. Ils ont alors été relâchés.
Il revient aux associations religieuses et en l’occurrence, au Haut Conseil Islamique de sensibiliser les fidèles et leaders religieux en ce sens. Le moment se prête-t-il à certaines pratiques? Là est toute la question.
B.S. Diarra
Attention ! Ne pas céder à la panique !
Vouloir donner des assurances, vaille que vaille et peut-être au prix de certaines violations ou exactions, que le pays est véritablement engagé à lutter contre le phénomène de l’insécurité d’une manière générale, ne serait pas sans conséquences. En clair, il importe de ne pas se tromper de cibles et de missions.
En décrétant par exemple l’interdiction systématique et presque sans délai et sans mesures d’accompagnement, des véhicules non immatriculés dans la circulation routière, les autorités donnent l’impression de céder à la panique et de faire le jeu de l’ennemi. Et pour cause.
Puisque que la mesure d’interdiction concerne «tout véhicule non-immatriculé, sans exception», sont donc concernés les ambulances, corbillards, les véhicules dits banalisés des forces de l’ordre, ou d’autres utilisés en urgence, etc. Il se trouve que la quasi totalités des deux premiers cas cités (ambulances et corbillards surtout des centres de santé communautés) à Bamako, ne sont pas immatriculés. Faut-il alors les ignorer ? Si oui, c’est donner la possibilité à d’éventuels fauteurs de troubles de les utiliser à des fins inavouées. Sous certains cieux, des ambulances ont en effet été volées et utilisées dans des opérations terroristes.
Les intercepter ? C’est susciter peut-être la colère de la société. On verra mal par exemple un cortège funèbre arrêté, le défunt extrait du véhicule, ou encore, un patient à l’image d’une femme en travail en route vers la maternité, évacuée du véhicule parce que non-immatriculé.
En somme, nos autorités risquent bien de s’attirer la colère des populations lesquelles constituent pourtant ses meilleures alliées. Leur exaspération peut avoir de graves conséquences et même être de nature à faire basculer certains groupes déjà prédisposés à rejoindre l’autre camp.
Du tact, c’est bien ce qu’il faut, à savoir, développer une surveillance discrète et efficace (physique et virtuelle), sensibiliser les masses et s’assurer de leur soutien et collaboration, éviter les provocations et autres mesures spectaculaires, et surtout, avoir constamment à l’esprit que l’adversaire d’en face cherche à retourner les populations contre les pouvoirs publics en vue de déstabiliser le régime. Les notes du chef djihadiste Droukel retrouvées à sa suite lors de la libération de Tombouctou l’attestent éloquemment. La stratégie consiste en effet à récupérer les mécontents, les frustrés, les déçus, les victimes d’abus de quelque nature que ce soit, les opposants de tout bord, les marginaux… Et Dieu sait qu’il en existe aujourd’hui suffisamment au Mali. Bref, il ne faut pas prêter le flanc.
B.S. Diarra
source : La Sentinelle