Au Mali, le mode de scrutin pour l’élection présidentielle est uninominal. Alors que pour les législatives, où le nomadisme s’opère à l’approche des échéances, il est plurinominal. Est-il opportun d’adopter ce système pour renforcer la démocratie ?
« Le scrutin uninominal ou scrutin uninominal majoritaire à deux tours est tout simplement un système de vote à partir duquel le candidat qui arrivera en tête du vote est directement élu au poste à pourvoir ». Ballan Diakité, politologue chercheur au Centre de recherche et d’analyse politique et économique (CRAPES) définit ainsi le concept. La plupart des politiques et citoyens ne maitrisent pourtant pas ce système électoral. « Le mode de scrutin pour l’élection du président de la République est uninominal mais celui des députés est plurinominal », explique Woyo Konaté, docteur en philosophie politique et chargé de cours à l’Université des sciences politiques et juridiques de Bamako.
Malgré la simplicité de ce système, les acteurs sont divisés sur ses avantages pour la démocratie malienne. « La question du mode de scrutin est un débat crucial dans notre pays », souligne le Dr Allaye Niangaly, spécialiste en contentieux électoral. En plus des pratiques de transhumance politique qu’il faut encadrer, il y a la prise en compte des couches minoritaires.
Scenario improbable Pour Ballan Diakité, le scrutin uninominal est inopportun pour les législatives. « Il permet l’émergence des grands partis et une bipolarisation du champ politique, pénalise les petits partis, et ne favorise par la représentativité des couches minoritaires sociales », soutient-il.
Au Bénin pourtant, qui applique ce système, la majorité présidentielle n’a pas la majorité parlementaire à l’Assemblée et aucun parti n’a le monopole. « Le camp présidentiel est obligé de coopérer avec les petits partis aussi », révèle Allaye Niangaly. « Il faut penser à un système de vote qui peut permettre la représentativité de l’ensemble des couches sociales et pour cela il faut le scrutin proportionnel », préconise plutôt Ballan Diakité. Les implications pour ce genre de scrutin sont énormes sur le plan politique et juridique. Le Dr Woyo Kanouté explique ce qui pourrait changer. «Actuellement ce sont les listes pour les circonscriptions mais si c’est le scrutin uninominal, chaque siège sera une circonscription. Donc autant de députés autant des circonscriptions », décortique-t-il.
En plus de ressources financière qu’il faudrait, il n’y a pas des textes juridiques « qui peuvent sanctionner » ceux qui transhument et trahissent leur base électorale. Une disposition prévue dans le projet avorté de révision constitutionnelle.
Journal du mali