Faut-il donner raison à Global Initiative Against Transnational Organized Crime qui pense, dans son rapport de 2015, que l’obsession de la communauté internationale pour la lutte contre le terrorisme a brouillé les signaux indiquant qu’il y avait « quelque chose de pourri dans l’état de la gouvernance » dans notre pays ? Avec 32 points sur 100, le Mali figure ainsi à la 116e place sur 176 pays, et se trouve être le 19e pays le plus corrompu sur 44 pays en Afrique subsaharienne (Transparency International 2016).
Les révélations quotidiennes de faits probants de corruption, sans que cela ne suscite d’enquêtes, et sans que cela n’émeuvent, désormais inquiètent et affligent dans notre cher Maliba, classé parmi les pays les plus pauvres et extrêmement corrompus de la planète.
Elles sont devenues presque des faits divers comme cette énième et gravissime accusation de corruption qui pourrit déjà la très probable motion de censure contre le chef du gouvernement, projetée par l’opposition liguée avec une faction de députés de la majorité.
Il est dit, depuis le début de la semaine, sans être démenti, que pour faire barrage à cette motion, qui pour aboutir, a besoin de l’adhésion d’une large majorité de la Majorité, que le Gouvernement aurait bourse, délié et mouillé la barbe, pardon graisser les pattes, plus simplement arrosé tous ces honorables qui accepteront de s’opposer à l’opposition contre cette motion… pour ne pas dire comme cet excellence casé non loin de Bamako « acheter » par avance le vote les députés à 10 000 FCFA l’unité.
Il est dit aussi, sans être démenti, que des ministres sur sièges éjectables se seraient transformés en porteurs de valises, en démarcheurs de voix parlementaires pour maintenir le statu quo face au camp des religieux qui se gonfle chaque jour de contestataires et déçus de tous bords et qui à l’unisson appelle désormais d’une seule voix au départ du Premier ministre.
Il est dit encore sans être démenti que les députés qui savent n’avoir aucune chance d’être réélus ont cédé au chant de sirènes de Koulouba qui aurait brandi l’épée de Damoclès de la dissolution et se seraient résolus à emporter sans trop grande vergogne et habituelle honorabilité le pactole des 10 briques.
Que dire face à cette conspiration contre la démocratie et la transparence ? Que dire face au silence des mis en cause, et non des moindres : le gouvernement (corrupteur) le parlement (corrompu) ? Parce qu’ils ne peuvent pas ignorer ce dont il s’agit.
L’accusation a un nom : la corruption. Corruption définie et sévèrement réprimée par la loi faite par les députés et exécutée par le gouvernement.
« Sera puni de 5 à 10 années de travaux forcés et d’une amende double de la valeur des promesses agréées ou des choses reçues ou demandées, sans que ladite amende puisse être inférieure à cent mille francs, quiconque aura sollicité́ ou agréé́ des offres ou promesses, sollicité ou reçu des dons ou présents pour : étant fonctionnaire public de l’ordre administratif ou judiciaire, étant militaire ou assimilé, étant assesseur d’une juridiction de jugement, agent ou préposé d’une administration publique, ou d’une administration placée sous le contrôle de la puissance publique, citoyen chargé d’un ministère de service public, étant investi d’un mandat électif, faire ou s’abstenir de faire un acte de ses fonctions ou de son emploi, juste ou non, mais non sujet à salaire » (article 1er, alinéa 1 de la loi N°82-40/AN-PRM du 1eravril 1982).
Or, par les temps de galère financière qui courent, on pourrait difficilement alléguer qu’il s’agit là, d’une prime exceptionnelle faite aux élus modèles qui soutiennent l’action gouvernementale. A moins qu’il n’y ait une combinazione pour amnistier le crime.
Le silence des deux pouvoirs de l’Etat peut laisser croire que nous sommes désormais dans une République de ripoux. Aussi, pour l’honneur du Mali, des démentis s’imposent.
PAR BERTIN DAKOUO
Source: info-matin