Ce qui s’est passé le 21 février dernier à la Cour d’appel de Bamako, est tout simplement scandaleux. Un avocat, du nom de Me Koto Traoré, a été agressé et injurié par deux dames sous le regard impuissant des magistrats et de leurs gardes.
Les faits se sont déroulés le 21 février 2018 à la Cour d’Appel de Bamako. Me Koto Traoré, qui assurait la défense des intérêts de son client dans une affaire matrimoniale, a été pris pour cible par Mme Mariam Traoré et sa petite-sœur Djénéba Mamadou Traoré. Dans une correspondance envoyée au Président de l’Association des Jeunes Avocats du Mali (AJAM) dont « Le Challenger » a pu obtenir une copie, Me Traoré fait la narration de son calvaire. Avant de quitter la salle d’audience, apprend-on dans la correspondance, Mme Mariam Traoré a insulté grossièrement et à deux reprises, la mère de l’avocat. A la sortie de la salle d’audience, Mariam Traoré s’adressera publiquement à l’homme en robe noire. Sa petite sœur, Djénéba Mamadou Traoré, se joint à elle pour agresser physiquement l’avocat en le touchant au genou gauche et déchirant sa robe. Le tout, s’il vous plaît, sous le regard médusé des magistrats et de leurs gardes. « Le substitut général, Monsieur Bourama Kariba Konaté, a confirmé les faits et condamné verbalement devant la Cour des Céans, mais ma déception fut grande de constater que ni le ministère public, ni la Cour des Céans, n’a posé un acte concret, alors qu’il s’agissait d’un délit d’audience. J’étais obligé de me défendre seul contre mes agresseurs car il n’y avait pas de confrères sur place et je note avec indignation que les mêmes femmes ont été escortées par les gardes de la Cour des Céans en se moquant de moi comme si rien ne s’était passé », peut-on lire dans la missive.
Le jeune avocat n’arrive pas à cacher son amertume. « Ce qui m’a choqué de plus, est le fait d’insulter gratuitement ma mère, celle qui m’est la plus chère dans la vie, uniquement pour avoir accompli le devoir d’avocat quand bien même le règlement intérieur du Barreau du Mali et le règlement n°05/CM/UEMOA disposent : “l’Avocat est protégé dans l’accomplissement de sa mission par des immunités particulières consacrées par la loi, les règlements, les traditions et les usages”. Cet acte n’honore pas la justice malienne et ne met à l’abri aucun acteur de cette justice contre les agressions des justiciables. Demain, ce pourra être le tour d’un autre acteur de justice, de façon indistincte. Au-delà de la blessure physique, je me sens plus blessé dans mon honneur et dans ma dignité par ces agissements à mon égard. Nous devenons de plus en plus les cibles des justiciables avec la complicité de certains magistrats, toute chose qui est regrettable.», écrit l’avocat dans sa lettre de deux pages.
Aux dernières nouvelles, il nous revient que les dames ont été arrêtées et déférées le 27 février dernier sur plainte de l’avocat. Les agissements de Mariam Traoré et de Djénéba Mamadou Traoré sont à condamner avec la dernière rigueur et méritent une sanction exemplaire pour montrer à d’autres justiciables qu’on ne peut pas s’en prendre impunément à un avocat dans l’exercice de sa profession.
Chiaka Doumbia
Source: le Challenger