Sur la fulgurante ascension des leaders religieux dans le champ politique, l’ancien Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga est catégorique : « Il faut une réorganisation du champ religieux ».
A cette journée de réflexion organisée par son parti politique dans le cadre du dialogue politique inclusif, Soumeylou Boubèye Maïga a évoqué la situation sécuritaire du pays, le rôle des partis politiques et la nécessité pour lui d’organiser le champ religieux en faisant en sorte qu’il y ait de traçabilité dans l’utilisation des fonds destinés à son fonctionnement par des ONG.
Poussé à la démission par une vague de manifestations, dirigée par des leaders religieux, SBM compare leur acte à celui des « jihadistes » qui sèment la terreur dans le Nord et le Centre du pays contre l’Etat et les populations. Selon lui, tous ceux qui sont dans les associations politico-religieuses sont le complément des branches armées et violentes des groupes jihadistes.
« Il y a une autre branche qui est au sein de la société civile mais avec les mêmes objectifs », précise-t-il, ajoutant que nos Etats ne peuvent pas ne pas gérer et administrer le champ religieux.
« On ne peut pas laisser l’espace religieux dans le désordre. Les associations politico-religieuses sont le plus souvent intégrées dans des stratégies douteuses. Il y a des pays où ce sont les biens reçus par le biais d’ONG douteux qui ont contribué à créer des groupes radicaux chez eux », indique le président de l’Asma.
Toutefois, il a demandé à ce qu’on légifère sur les flux financiers qui viennent de l’extérieur au bénéfice de certains acteurs religieux, en assurant la traçabilité de l’utilisation de ces fonds.
Cette sortie directe du président de l’Asma des leaders religieux, pour certains observateurs, semble la réponse à la fronde que ceux-ci avaient mené pour obtenir sa démission de la Primature en avril dernier. Bien qu’éloigné des affaires publiques, le tigre ne désarme pas d’où son courage.
« Politicien aguerri, SBM reste l’un des acteurs les plus avisés et audacieux de la scène politique malienne. Il serait imprudent de l’enterrer prématurément. Il sait se tapir, laisser passer la bourrasque et guetter le moment propice pour rebondir », écrivait Professeur Issa N’Diaye dans une tribune publiée dans Le monde en avril dernier. C’est dire que SBM ne recule pas devant l’adversité.
Habi Sankoré
Source: Le Soft