Ibrahim Boubacar Keïta est en visite d’État en France ces 21 et 22 octobre. Un pays qu’il connaît bien pour y avoir passé une bonne partie de sa jeunesse.
L’héritage de Verdun
Lors de sa visite en France, outre le palais de l’Élysée et la capitale parisienne, Ibrahim Boubacar Keïta, se rendra à Douaumont, près de Verdun. Il entend ainsi s’incliner devant l’ossuaire des soldats tombés lors de la Première guerre mondiale.
Un hommage officiel aux nombreux Africains tombés sur le champ de bataille. Mais également un recueillement tout personnel. Le grand-père du président a lui-même succombé dans les tranchées de Verdun en 1916.
L’étudiant
IBK sera également de passage, le temps d’une conférence, à l’université parisienne de La Sorbonne. Il a occupé les bancs de la faculté parisienne dans sa jeunesse, qu’il a en partie passée en France. En 1958, le jeune Ibrahim Boubacar Keïta, 13 ans, remporte ainsi le concours général organisé par la France dans chacune de leurs colonies. Il y gagne un aller simple pour Paris, où il suit ses études secondaires au prestigieux lycée Janson de Sailly.
Pensionnaire, il se rendait les week-ends dans une famille d’accueil où séjournait également Martine Aubry, ancienne ministre et ex-premier secrétaire du Parti socialiste français (PS). Après être retourné au Mali pour finir sa scolarité au lycée Askia Mohamed de Bamako, il s’inscrit à la faculté des lettres de l’université de Dakar, puis à la Sorbonne, où il effectue une maîtrise d’histoire.
Également diplômé en relations internationales puis chargé de recherches au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et enseignant sur les « systèmes politiques du Tiers-Monde » à l’Université de Paris Tolbiac, IBK a conservé un goût prononcé pour la littérature et le cinéma français, celui de Jean-Luc Godard notamment.
Un passage chez Citroën
Durant ses études à Paris, Ibrahim Boubacar Keïta a également été responsable de l’Association des étudiants et stagiaires maliens en France (AESMF), une des sections de la Fédération des étudiants africains de France (FEANF), où il rencontre notamment Alpha Condé, actuel président guinéen. C’est également à Paris durant ses études qu’il rencontre Laurent Gbagbo.
À l’époque, il est surtout un farouche opposant au régime militaire en place à Bamako. Résultat : sa bourse d’études octroyée par l’État malien est suspendue. Reste alors au jeune IBK, selon la version officielle, à se débrouiller par ses propres moyens. Il devient donc ouvrier chez Citroën et manutentionnaire aux Halles de Paris pour financer ses études.
Un proche du Parti socialiste
Surtout, par la suite, à travers son parti, l’Alliance pour la démocratie au Mali-Parti africain pour la solidarité et la justice (ADEMA-PASJ) puis le Rassemblement pour le Mali (RPM), membre de l’Internationale socialiste, IBK a tissé des liens avec de nombreux responsables socialistes français et européens.
Vice-président de l’Internationale socialiste à partir de 1999, il fait notamment, aux détours des Congrès, la connaissance de François Hollande, de Manuel Valls ou encore de Laurent Fabius, aujourd’hui respectivement président de la République, Premier ministre et ministre des Affaires étrangères.
L’affaire « Tomi »
Cette visite sera également l’occasion d’évoquer des sujets qui fâchent entre la France et le président malien. En effet, Ibrahim Boubacar Keïta est un des deux chefs d’État africains, avec le Gabonais Ali Bongo Ondimba, à avoir été écouté, sur une période allant de juillet 2013 à octobre 2014, par la justice française dans le cadre de l’affaire dite « Tomi », du nom de Michel Tomi, considéré comme le dernier parrain de la « Corsafrique ».
Les présidents du Mali et du Gabon auraient, selon les informations révélées par la presse française, reçu des cadeaux de la part du magnat corse, en échange d’avantages commerciaux accordés dans leur pays. Michel Tomi n’aurait ainsi pas hésité à offrir à IBK des voitures de luxe, des chambres d’hôtels dans de prestigieux palaces de Marseille ou Paris, ou des soins médicaux. Selon une enquête de l’Office anti-corruption français, Michel Tomi est, par exemple, directement intervenu auprès du président malien pour vendre un jet privé d’un million d’euros à la présidence, alors que l’État malien disposait déjà d’un avion présidentiel. IBK a estimé dans une interview donnée à Jeune Afrique que Michel Tomi était resté son ami mais affirme qu’il n’a jamais été question d’argent entre eux. L’enquête est toujours en cours.
source : jeuneafrique