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SANTÉ PUBLIQUE AU MALI: De graves manquements au serment d’Hippocrate

L’argent ne fait pas le bonheur comme disent certaines personnes. Cependant, l’argent est roi dans certains de nos hôpitaux. « Sans argent, pas de soins de premier secours », déplore Madani Diarra, parent d’un patient hospitalisé.

 

Depuis sa venue à l’hôpital, il affirme que les agents de santé ne font que lui donner des ordonnances et souvent les médicaments déjà achetés se retrouvent sur l’ordonnance prescrite. En plus des ordonnances, il déplore la mauvaise foi de certains agents de santé dudit hôpital.  «Tant qu’on n’appelle pas certains agents plusieurs fois, ils ne viennent pas voir les malades, on ne fait que des va-et-vient pour qu’ils viennent s’occuper de nos malades malgré que tout a été payé», dit-il.

Pour venir en appui à M. Diarra, Kalilou Fomba ajoute ceci : « En plus des ordonnances de trop, le manque de professionnalisme, nous faisons face aussi à des vols de médicaments tous les jours. Je suis venu ici avec mon fils, le troisième jour, on nous a  prescrit un médicament que j’avais acheté la veille et j’ai dit à l’agent que c’était dans nos médicaments déjà achetés. Il me dit que c’est le médecin même qui lui a dit de nous prescrire le même médicament, car celui acheté la veille est introuvable. Je lui ai dit dans ce cas, qu’il aille lui-même payer un autre, puisque c’est lui qui avait amené les médicaments la veille. En plus dudit médicament, d’autres aussi ont été volés. Mais j’ai fait un scandale ce jour-là. Depuis, je suis devenu leur ami. Mais franchement, il faut revoir ce système», propose-t-il.

Chanceux sont ceux qui s’en vont, guéris sans séquelles. Ce n’est pas le cas de Sogona Sacko  qui vient avec des séquelles à vie à cause d’une erreur médicale.  D’après elle, on lui a prescrit des médicaments qui n’avaient rien à voir avec sa maladie. « Quand je prenais les médicaments, je me sentais encore plus malade. Un jour, j’ai fait une crise à cause des comprimés qu’on m’a prescrits. J’ai failli y rester. À la suite de cela, on m’a fait une analyse complète et il en est ressorti que les médicaments utilisés pour mon traitement étaient la cause. Dès lors, ils ont arrêté mes prescriptions, mais jusqu’à présent, j’ai un problème de nerf», nous confie-t-elle.

La dernière maladresse de certains agents de santé  remonte au 15 août. Coulibaly Maria Samaké a dénoncé sur sa page Facebook le traitement d’un agent de sécurité du CSRF du quartier Mali. « Je me suis rendue ce matin avec ma cousine qui était en plein travail, dont le bébé se présentait par siège. J’ai insisté afin qu’on lui fasse une césarienne, mais on m’a ignorée. Je vous épargne les autres détails. Finalement, elle a pu accoucher normalement, mais une fois le bébé présent on nous informe qu’il doit aller en réanimation. Entre la peur, la crainte et l’angoisse, nous sommes restés sans nouvelles de la maman et du bébé pendant près de 2h30 malgré mes insistances pour pouvoir les voir. 4 heures plus tard, on nous ramène le bébé sans pouls et ordonne de courir pour l’amener à la pédiatrie. Quand j’y suis enfin, deux minutes après, un vieux entre et crie très fort avec un air arrogant. « Mais à qui appartient le petit sac de bébé dehors ? Venez récupérer vos affaires et descendez avec. Les chaussures, remettez-les en bas vite. Malheureusement entre-temps, le bébé était déjà sans vie ! Je venais de perdre mon neveu’’, explique-t-elle.

Après cette mésaventure qui a été relayée plusieurs fois sur les réseaux sociaux, des dispositions ont été prises pour prendre soin de la cousine de Maria. Cependant, elle a affirmé que sa «cousine ne va pas très bien ni moralement ni physiquement et ce soir, elle se tordait de douleurs au niveau de son bas-ventre. Nous avons eu écho de ce qui se dit dans les couloirs au CSRF. Ce qui nous fait encore plus mal, c’est que les agents eux-mêmes ne se sentent pas coupables de ce qui s’est passé.  Par pudeur en racontant les faits, j’avais fait le choix de ne pas mentionner que les pieds du bébé ont été tordus durant l’accouchement ni même des 3 autres décès dont j’ai été témoin pendant que j’attendais les nouvelles de ma cousine et son bébé», martèle-t-elle.

Et voici la triste réalité des patients dans certains de nos hôpitaux aussi publics que privés. On déplore un manque de professionnalisme, un penchant accru pour l’argent et non la vie humaine,  des vols de médicaments. L’un des plus beaux et plus nobles métiers mérite des agents passionnés qui n’ont qu’un seul objectif dans la tête; sauver des vies !

 Kadia DOUMBIA

Source : LE COMBAT

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