La séance de défoulement initiée par les honorables députés pour tirer le ver du nez du ministre de la guerre n’a pas lieu. Adroitement, les ministres ont été soustraits aux feux croisés des députés dont le seul souci était de démontrer à leurs fans qu’ils sont braves, qu’ils peuvent dire leurs 4 vérités aux généraux.
Le contrôle de l’exécutif par le parlement est un paramètre de bonne gouvernance démocratique. Que les ministres s’y plient de bonne grâce est une exigence constitutionnelle. Tout de même, tout de même…
Distraire de ses devoirs un ministre de la guerre, chef militaire au moment où le pays et la région baignent dans le sang pour satisfaire d’une part l’égo suspect de parlementaires à la légitimité triplement reconduite par le souhait d’un gouvernement, un arrêt de la Cour et une loi organique d’auto-prolongation et d’autre part la curiosité d’une opinion versatile et instrumentalisée contre la hiérarchie n’était et n’est pas certainement pas la bonne approche dans le contexte actuel. Le pays est en guerre ; le plus urgent pour un ministre, ce n’est pas de venir répondre aux bavardages des députés sur les comment et que faire, mais de faire la guerre sur le terrain en trouvant les solutions les plus idoines pour remédier à cette situation qui nous est imposée. Les exhibitions parlementaires devant les caméras, pardon explications face aux élus de la Nation peuvent attendre. La stratégie du bavardage et des balivernes ne passe pas en ce moment Messieurs les parlementaires.
Le mauvais casting au Mali, côté Exécutif, c’est aussi de soustraire ce même ministre de la Défense, Chef militaire, de ces mêmes obligations urgentes pour pourvoir à l’appétit protocolaire très démesuré du Prince du jour. Était-il pertinent et judicieux, face à la situation sur le terrain et au regard de ce que Koulouba lui-même a prôné, d’enrôler, d’embarquer le ministre de Défense dans la délégation du président IBK pour faire uniquement la haie d’honneur ? Personne dans l’entourage du président IBK n’a assez de jugeote pour faire en sorte que dans des moments tragiques comme celui-là, où le deuil, la frustration, la colère légitime envahit le peuple, que l’élu du peuple soit le plus près possible du peuple en faisant économie des oripeaux, ornements et privilèges de la République, les honneurs, le cérémonial que celle-là lui doit. L’image d’un commandant en chef sur un tapis rouge pour rendre hommage à 54 soldats que son armée vient de perdre ne procède pas d’un bon casting.
Quel sens donner à un hommage fait 6 jours après la tragédie à 54 dignes fils de la nation par le père de la Nation, chef suprême des armées dont le gouvernement oublie de décréter un deuil national ? Soumi et son quarteron de leaders de l’opposition sont certes coupables d’avoir choisi le mauvais timing pour accabler le régime. Mais que fait le régime aussi pour s’épargner des critiques et autres diatribes ?
Demain, quelqu’un dira quelque part : voyez, Info-Matin-là est l’ennemi du régime, c’est un journal désormais à la solde de l’opposition, il ne fait plus que critiquer le régime d’IBK. Ce fumiste oubliera simplement de noter que c’est ce même IBK qui a dit qu’il faut lui dire la vérité.
Par Sidi DAO
Source: info-matin