Il se dit dans le Maliba des réseaux, avec délectation que la sécurité d’État est allée cravater dans son Bureau primatial un politicien pour ‘‘malparlage’’ ; mais qu’en réalité on voudrait lui tirer le vers du nez pour confondre son chef hiérarchique qui serait l’auteur du mémorandum pour avoir une bonne raison de le destituer. Comme si le Chef d’État avait besoin de toutes ces acrobaties ou excuses pour se débarrasser d’un collaborateur, fut-il Chef du gouvernement. Choguel serait-il une épine dans le pied de Assimi Goïta ? Au contraire.
Ce n’est qu’au Mali des réseaux sociaux où l’on n’invente des prétextes, des justificatifs ou excuses au président pour procéder à un remaniement, des scénarios nollywodiens pour démettre ‘‘un Premier ministre devenu trop populaire’’. Pour paraphraser Saint Luc, ‘‘Seigneur pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils disent et ce qu’ils font’’ sous le prétexte de liberté d’expression.
Parce qu’un tel ministre ou un tel directeur ne fait pas leur affaire, ils décrètent une fatwa ; parce que la tête d’un ministre ou du Premier ministre ne leur revient pas ou parce que pour des raisons personnelles en termes d’intérêt bien souvent pécuniers (ils n’ont réussi à ‘‘manger’’ avec lui) ils font pleuvoir sur lui une pluie d’injures, le vouent aux gémonies, en le jetant à la vindicte. Comme on dit, c’est la ‘‘broudialisation’’. Pour donc leur confort personnel et non celui de la République et les intérêts supérieurs du peuple malien, ils décretent que tel ou tel responsable doit partir, doit être sacrifié aux intérêts des réseaux si n’est à ceux de petits clans affairistes qui ne voient en le Mali que comme ‘‘Sama sogo’’… Comme si on était dans une République gérée par la clameur publique.
Or, c’est bien le colonel Assimi Goïta qui est aux commandes du bateau-Mali. Quoique disent les réseaux sociaux, quoique veuillent les réseaux sociaux. C’est lui en tant que Président de la Transition qui assume les fonctions de Chef de l’État (article 4 de la Charte de la Transition) et qui nomme le Premier ministre, chef du gouvernement (article 11 de la charte).
La Constitution que les Maliens ont plébiscité en juin dernier est encore plus claire en disant sans équivoque à son article 57 que ‘‘le Président de la République nomme le Premier ministre et met fin à ses fonctions (sans avoir besoin d’artifices). Il nomme les autres membres du Gouvernement, après consultation du Premier ministre et met fin à leurs fonctions (sans consulter les réseaux sociaux)’’.
Les activistes maliens se croient au-dessus de la Constitution et de la République ? Qui sont-ils et sur quelles légalité et légitimité se fondent-ils pour mettre en cause le jugement du Chef de l’Etat, pour décider à la place du président de la transition qu’il doit se débarrasser de son Premier ministre, car le Mali n’a pas besoin d’un Premier ministre clivant, mais d’un Premier ministre rassembleur… ? Pourtant, hier, quand ils avaient le pain à la bouche, ils ont servi sans reproche et sans murmure. Oui, la cohérence politique devrait épargner à la République certains combats d’arrière-garde.
Dans ce Mali des réseaux sociaux chacun est ce qu’il n’est pas et ce qu’il ne sera jamais. Aussi, il est temps que les gens sur les réseaux sociaux et dans les grins, cessent de vouloir se substituer au président, au ministre, au directeur… Parce que, dans ce Mali des réseaux, chacun se croit investi en expertise et en dignité pour penser et agir à la place de ceux qui dirigent. Or, dès lors que les gouvernés se mettent dans le fauteuil des gouvernants, il y a comme quelque chose de pourri au royaume d’Autriche, pardon, il y a comme une permanente jacquerie au sein de la République.
Honni soit qui Mali y pense ! Notre pays ne mérite pas ce qui s’y passe en ce moment. Cette transition mérite beaucoup plus, au regard de la restauration de notre dignité, de notre souveraineté, du respect et de la considération dont notre pays jouit désormais à travers l’Afrique et le monde.
A l’entame de la Rectification de la transition, notre pays à fait face à l’incompréhension, à l’adversité, à l’inimitié du monde entier notamment des plus puissances de ce monde. Notre crime : vouloir nous émanciper de la tutelle de ceux qui voulaient nous maintenir éternellement sous une abjecte et infâme domination. Notre résilience a forcé, et continue de forcer l’admiration du monde. Nous avons été, en l’espace de trois petites années, comme un phare sur le continent qui émerveille tous les peuples africains et ceux épris de paix et de liberté à travers le monde. Notre combat et notre détermination, tant que peuple uni dans sa dignité, fait florès et exalte la dignité africaine.
Grâce à la résilience de notre peuple, au sacrifice consenti par nos forces défense et de sécurité et à la combativité ancestrale du grand peuple Mali, beaucoup de pays africains osent lever la tête, oser lever la voix, oser emprunter la voie de la liberté. L’espoir renaît partout en Afrique.
C’est pourquoi, celui qui est aujourd’hui l’aîné sans être le plus âgé et son Premier ministre n’ont cessé de rappeler que nous n’avons pas le devoir d’échouer. Car aujourd’hui, le Maliba n’est pas que le Mali, c’est un espoir, une fierté et une dignité retrouvés par tous les africains.
Donc, si chacun s’occupait de sa chacune, les vaches seraient mieux gardées et la République ne s’en porterait que trop bien.
Par Abdoulaye OUATTARA