Si l’annulation par le Département de la Promotion de la femme, de l’enfant et de la famille du grand raout des femmes à l’occasion de la célébration du 8 Mars, en raison de la menace sécuritaire en lien avec l’épidémie du Coronavirus, a été portée au pinacle, le laisser-aller subséquent laisse pantois. Mais ne s’agissait-il pas d’une mesure croupion papillonnante au gré des événements ?
Avec l’ouverture de la campagne pour les élections législatives, les stades, les espaces publics et les grandes salles sont pris d’assaut par les candidats qui y drainent des foules. Ils ne sont pas les seuls, puisque les enseignants également, au nom de leur article 39 de la loi N° 2018-007 du 16 janvier 2018, portant statut du personnel de l’enseignement secondaire, de l’enseignement fondamental et de l’éducation préscolaire et spécialisée. Au diable la prudence élémentaire ! Au diable le suivi des mesures de protection des populations contre le coronavirus dont le mode de transmission est connu de tous.
L’irresponsabilité virale est établie. Pour les autorités, il était attendu une rigueur à toute épreuve au nom de l’intérêt public. Mais, en fermant les yeux sur les salles pleines de militants et les rues bondées de manifestants, autant d’occasions de transmission du virus, elles abdiquent. Ce n’est pas parce que le grand cousin a décidé de maintenir ses échéances électorales que le pauvre Mali, financièrement vulnérable, devrait impérativement signer. Il est clair que nous n’avons pas les mêmes moyens de riposte et que notre salut ne peut résider que dans la prévention. Bravo pour la mise en quarantaine des visiteurs en provenance de pays réputés infectés ; mais, cela reste une mesure étriquée.
Légèreté, c’est également ce dont font preuve les candidats et les organisateurs des marches qui exposent les populations à un risque pouvant s’avérer mortel.
Il est vrai que la campagne est prévue par la loi, tout comme les marches sont prévues et encadrées par la loi. Mais, il est également indéniable que l’intérêt général prime sur tout. Ce virus qui parcours le monde à une vitesse éclaire est une question de sécurité nationale. La preuve, chez le grand cousin, c’est le Conseil de défense qui a été réuni autour du Président pour plancher sur la question. Au nom de l’intérêt général, en vertu de son pouvoir discrétionnaire, l’État peut et doit encadrer les grands rassemblements. De même, au nom de l’intérêt général, les candidats devraient pouvoir revoir leur stratégie de campagne en l’adaptant à la réalité du moment. Il est encore possible de se ressaisir et d’adopter la bonne démarche.
PAR BERTIN DAKOUO
INFO-MATIN