Incapables de faire sortir les Maliens pour leurs causes, ils étaient nombreux les responsables politiques, notamment de l’Opposition, à participer à la grande marche pacifique organisée, le vendredi 5 avril dernier, sous l’impulsion de l’Imam Mahmoud DICKO et le Chérif de Nioro du Sahel, pour dénoncer la mauvaise gestion du régime IBK.
N’est-ce pas une insulte, à la limite, une honte pour notre démocratie !
Incontestablement, la marche a été une vraie réussite, tant sur le plan de la mobilisation des Maliens, que sur celui de l’organisation, car aucun incident majeur sur les lieux de la manifestation n’a été enregistré, à part quelques échauffourées en certains endroits du centre-ville entre les Forces de l’ordre et des groupes de jeunes perturbateurs qui s’étaient invités dans la marche.
Apparemment la cause est noble, mais au fond elle est biaisée. C’est pourquoi, aucun leader politique ne devrait se réjouir de l’initiative venant des leaders religieux, à fortiori y participer personnellement. Mais hélas, le ridicule ne tue plus au Mali.
En effet, il s’agissait d’une manifestation à caractère fortement politique, organisée par des leaders religieux pour des revendications politiques. Et voir des responsables politiques, de surcroit des acteurs de premier rang du mouvement démocratique, au-devant de cette marche, c’est le comble !
Comment comprendre la présence des responsables politiques à une marche des religieux, au moment où le Président de la République IBK amorce un dialogue franc et direct avec certains parmi eux.
S’ils sont autant soucieux de la situation du pays, comme ils le prétendent, pourquoi n’avoir pas organisé une manifestation, au lieu de faire de simples communiqués de condamnation ?
S’ils espèrent récolter les dividendes politiques de cette manifestation, ils ont tiré à terre, car comme disent les Peuls « fou go to » (c’est la même chose). Les responsables politiques qui sont actuellement dans l’opposition et ceux qui nous gouvernent sont du même plumage.
D’ailleurs aucun leader politique ayant donné ses impressions à la presse, n’a eu le courage et l’honnêteté intellectuelle de dire qu’il participe à une manifestation initiée par des leaders religieux. La preuve : Souleymane KONE des FARE, parle de « l’appel des patriotes du Mali».
Me Hamidou DIABATE, vice-président du PARENA, dira qu’il est venu répondre « à l’appel qui a été lancé pour le rassemblement des peuples». Le président de la CODEM, Housseini Amion GUINDO, a dit : « cet appel n’est un appel pour soutenir une quelconque idéologie religieuse, mais c’est un appel patriotique».
Quant à Nouhoum TOGO du PDES, il va jusqu’à déclarer que depuis l’Indépendance du Mali, jamais autant de monde n’est sorti dans la rue à Bamako.
En tout cas, un adage Bambara bien connu dit : ‘’si tu vois un charognard sur un cadavre humain, ne dis pas charognard quitte le cadavre, mais dis charognard quitte notre cadavre’’.
L’explication la plus simple de cette citation est que les responsables politiques qui marchent aujourd’hui avec les leaders religieux peuvent être aux commandes de la nation demain, et ils auront à gérer les mêmes problèmes et préoccupations des Maliens. Alors, ils auront sur leur chemin les mêmes leaders religieux pour les combattre.
Toute l’histoire du Mali est pleine d’enseignements dont il serait bon de tirer les leçons.
Pis, la forte mobilisation des Maliens à l’appel des religieux est un cinglant désaveu pour l’ensemble de la classe politique malienne qui a échoué, dans la mission de gestion du pays. Et tout le problème est là.
Par Sékou CAMARA
Source: info-matin.