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Sans Tabou: journée d’assainissement, une mesure de façade

Sans une volonté politique forte soutenue par des textes règlementaires, les autorités ne sauraient venir à bout du problème de l’assainissement. Ce n’est pas par l’instauration d’une journée nationale de l’assainissement que l’on parviendra à régler ce fléau comme par incantation. Le secteur a besoin des reformes et de dispositifs pérennes pour éviter un éternel recommencement.

 

Le gouvernement de la Transition est dans la logique d’instituer la journée nationale de l’assainissement dont le lancement était prévu le samedi 11 juin à kita qui n’a pas eu lieu finalement placé sous la présidence de Colonel Assimi GOITA. Ce lancement s’inscrivait dans le cadre de la quinzaine de l’environnement qui se déroule du du 05 au 17 juin 2022. Cette journée sera célébrée chaque année sur l’ensemble du territoire national.
Le résultat attendu de cette initiative est de rendre le Mali propre puisque faisant partie des pays les plus sales au monde. A cause de l’insalubrité, Bamako, la capitale de notre pays, est à l’image du bidon ville où les déchets bordent les rues principales, les carrefours, les grandes artères. Des ordures forment par endroit des petites montagnes.
Cette question tant décriée par les habitants et mêmes par les autorités politique et administrative n’a jamais été sérieusement traitée ou prise en compte par les décideurs. Chaque régime ou gouvernement tente de gérer la situation en fonction de l’urgence du jour et de l’humeur du chef du moment. En clair, il n’y a pas encore au Mali une véritable politique d’assainissement.
Au lieu de tirer les enseignements de cette situation au nom de la refondation, les nouvelles autorités veulent aussi se lancer dans une énième initiative de séduction, à travers l’institutionnalisation de la journée nationale de l’assainissement. Surtout que des initiatives similaires avaient été expérimentées notamment à Bamako, mais qui n’ont pas eu de lendemain meilleur.
Aujourd’hui, le défi de rendre le pays assaini n’est pas lié à la création d’une journée donnant l’opportunité aux dirigeants de se mettre en scène, mais de mettre en place un dispositif pérenne pour lutter contre l’insalubrité.
Il n’y a pas de décharge finale opérationnelle capable de supporter notamment la production journalière des déchets de Bamako estimé à plus de 2 000 tonnes par jour. A défaut de cette structure importante, il est impossible d’évacuer les dépôts de transit.
« Parmi les causes de l’échec d’Ozone Mali (NDRL la société marocaine chargée de l’assainissement de la ville de Bamako), il y a ce problème de décharge finale. La société évacue des déchets, mais elle n’a pas d’endroit pour les déposer », a déploré le secrétaire général du syndicat des travailleurs d’Ozone Mali.
Outre la décharge finale, l’État doit créer des dépôts de transit au profit des collectivités. Seulement pour Bamako, il y a que deux dépôts de transit tous à la rive droite pour une population de plus de près de 3 millions d’habitants sans compter les communes voisines qui y viennent quotidiennement faire leurs activités.
Et pendant des années, les différents acteurs de l’assainissement ne cessent de décrier cet état de fait, tout se passe comme si c’est le dernier souci dans la chaine des priorités.
A cela s’ajoute l’absence d’une unité de transformation de déchets dont la réalisation contribuera pour autant à la création d’emplois et au renforcement l’économie nationale.
Aussi comment relever ce défi quand l’État est incapable de transférer les ressources financières liées à l’assainissement aux collectivités. Conformément à la décentralisation, ce secteur est confié aux collectivités qui doivent bénéficier de la subvention de l’État à cet effet. Contrairement à la loi qui gère la décentralisation, l’Etat traine dans le paiement des ressources à transférer aux collectivités.
Or, tous les pays qui ont réussi à créer un cadre de vie propre pour leur peuple, à l’image du Rwanda, du Maroc, du Ghana n’ont pas hésité sur les moyen financiers, en plus de créer des textes qui régissent leur secteur et dont leur application est surveillée de près.
Pour une fois, le pouvoir doit arrêter son amateurisme et de gaspiller le denier public à des initiatives sans espoir pour aller véritablement vers une refonte de ce secteur soutenu par des ressources financières et humaines.

PAR SIKOU BAH

Source : Info-Matin

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