Le ministère de l’Environnement peine à finaliser les travaux de construction de la décharge finale de Noumoubougou, en chantier depuis une décennie. En l’absence de site précis, la chaîne d’évacuation des ordures de la capitale est paralysée. Et Bamako devient de plus en plus « une ville poubelle » nauséabonde, puisqu’envahie par des ordures.
En grande pompe, le gouvernement avait lancé les chantiers de construction de la décharge finale de Noumoubougou, en vue de faire face à la problématique de l’insalubrité de la ville de Bamako.
Sur ce site d’une superficie de 50 hectares, il est prévu notamment de construire des zones majeures pour le stockage des déchets et évaporation d’eau de lixiviation, provenant de la cellule de confinement. Il y est également prévu la construction d’une zone de transformation des déchets, à l’instar de certains pays.
Plus d’une décennie, le constat est ahurissant et l’amateurisme des autorités en charge de ce dossier est patent. Et pourtant, la finalisation de ce projet et son opérationnalisation sont incontournables dans la lutte contre l’insalubrité à Bamako. Malgré le démarrage de l’initiative et après toutes ces années, le gouvernement, à travers les différents ministres de l’Environnement, peine à rendre effectif ce projet afin de recevoir les déchets de la ville de Bamako et ses alentours.
En attendant la finalisation de ce projet, dont le coût d’exécution est estimé à plus de six milliards de FCFA, les ordures jonchent presque toutes les rues principales de Bamako. Les dépôts de transit sont débordés. Très souvent excédés et envahis par les déchets, des habitants les déversent sur les trottoirs et même dans le lit du Djoliba pour s’en débarrasser. Conséquence, le cadre de vie est pollué avec son corollaire de maladies respiratoires pour la population. À défaut de cette décharge finale, la chaine d’assainissement de la ville de Bamako est rompue.
La société Ozone Mali, qui a signé un contrat de huit ans pour un montant de neuf milliards en 2015 pour la propreté de la capitale, se trouve également bloquée pour exécuter convenablement son contrat en l’absence de ce site.
Les travailleurs d’Ozone-Mali sont obligés de faire le tour de la ville, avec des camions remplis de déchets, pour trouver un espace où les déverser. Chaque année, cette société utilise des solutions transitoires pour évacuer certaines quantités de déchets en attendant la « fameuse décharge finale ». Ce qui explique en partie la non-évacuation de 70 % des déchets produits à Bamako par jour. En effet, selon la précision du maire Adama SANGARE, la capitale malienne produit plus de 1 500 tonnes de déchets par jour sur lesquelles, seulement 30 % sont évacuées. Le reste de ces déchets se trouvent dans la nature. Combien de temps encore la ville de Bamako tiendra ce rythme ? Déjà, les premiers signes de malaise sont palpables.
Face à cette situation, au lieu de jouer au pragmatisme, le département en charge de l’environnement continue ses beaux discours sur l’assainissement et la propreté, alors qu’il est incapable de finaliser un dépôt final pour la ville qui est de surcroît la capitale du Mali. Entre la réalité du terrain et les discours lénifiants, il y a lieu de s’interroger sur la sincérité des autorités en charge de ce secteur pour résoudre définitivement cette difficulté. Dans tous les cas, il est déplorable qu’après plus de 10 ans, le régime n’arrive toujours pas à faire de ce problème une priorité pour en finir avec la problématique de l’évacuation des ordures.
Par Sikou BAH
Source: info-matin.