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Sans Tabou: crise au centre, l’incontournable dialogue intercommunautaire

Malgré le renforcement du dispositif sécuritaire au centre du Mali, notamment dans la région de Mopti, les affrontements intercommunautaires, avec leurs cortèges d’attaques terroristes, ne s’estompent pas. Deux récents événements viennent rappeler de façon tragique que ni la force, ni les scènes de réconciliation folkloriques ne sont la solution à cette crise qui se nourrit des anciennes rivalités locales, la haine…

De toute évidence, la solution de la crise au centre du Mali ne peut être dans ‘’le tout militaire’’. Les différentes communautés dénoncent de plus les interventions souvent musclées de l’armée, d’autant plus contre-productives qu’elles sont le plus souvent de nature à aggraver les antagonismes et la haine entre communautés qui pourtant cohabitaient pacifiquement de longue date.

Ainsi, le 19 novembre 2018, l’intervention de l’armée dans le village Koromatintin, cercle de Koro, continue d’alimenter la polémique, dans la communauté dogon qui estime avoir été victime d’une agression des forces armées.

De même, des membres de la communauté peule, à travers l’association Nuygal Pulaaku, ont démenti formellement la version de l’armée, fournie à travers un communiqué du ministère de la Défense, en date du 5 décembre 2018, relative à une ‘’mission commandée’’ à Sadia dans la commune de Kany-Bozon, cercle de Bankass.

«Nuygal Pulaaku dément formellement la version de l’armée qui prétend avoir « … été la cible d’une attaque terroriste à Sadia…. » et affirme que c’est plutôt le village de Diabel qui a été

attaqué le même jour, d’abord par les habitants du village Sadia-Dogon, en tenue de chasseurs, venus à moto et équipé d’armes de guerre et tirant sur tout ce qui bouge », déclare le communiqué du 12 décembre de l’association peule.

Cela explique que, de prime abord, toutes les attaques perpétrées ne sont pas forcément commises par des ceux qui se réclament djihadistes, mais par contre, par des communautés sur d’autres communautés voisines, pour diverses raisons (socio-économiques, culturelles et même historiques…)

Aussi, des propos, du genre « on nous tue pour nous voler nos animaux », « Nous avons toujours vécu en bonne entente avec les Bambaras, les Bozos, les Dogons. Pourquoi cela a-t-il changé ? », fréquemment tenus par certaines victimes ou proches de victimes doivent interpeler les autorités et les amener à réfléchir sur les causes profondes de ce conflit afin d’apporter des solutions adéquates.

L’ancien Premier ministre, Moussa Mara, dans une de ses réflexions, ‘’Il faut changer de stratégie’’ assure que «Nous devons arrêter les amalgames, éviter les exactions contre les populations, renoncer définitivement à toute forme de brutalité contre ceux-là que nous devons protéger, toutes communautés confondues, respecter scrupuleusement les droits de l’Homme et observer une sévérité accrue contre tous les contrevenants».

Il propose d’organiser dans chacun des cercles du Centre du pays, des forums de la paix et de la réconciliation et y convier toutes les communautés.

« Ils permettront de faire la cartographie des sources de tensions intercommunautaires et d’identifier les moyens de les résorber. Il faut placer ces rencontres sous l’égide des légitimités traditionnelles et religieuses et faire assurer la mise en œuvre de leurs recommandations par le préfet et les élus du cercle, avec l’appui de l’État dans toutes ses dimensions (forces de sécurité, administration, projets de développement…) », insiste-t-il.

Face à la situation qui ne cesse de prendre des tournures inquiétantes, il est important d’accélérer le déploiement complet de l’État (administration, collectivités, élus, justice, services de base…) et la fourniture de tous les services nécessaires aux populations.

Par Sidi DAO

Source: info-matin

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