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Sans Tabou: COVID-19, le personnel soignant au bord de la rupture

Au moment où le pays est engagé dans une guerre sanitaire, le pouvoir ne trouve pas d’autres moyens que de choquer, frustrer le personnel soignant, à cause de ses promesses non tenues. En somme, tout est discours, mais très peu d’actes concrets. Dans de telles conditions peut-on espérer gagner la bataille contre le coronavirus ?

 

Notre pays a franchi la barre des 400 cas de malades du covid-19. La courbe de contamination ne fléchit pas malgré les dispositions et mesures annoncées en grande pompe par les pouvoirs publics. Çà et là, des milliards sont mobilisés au nom de la lutte contre cette pandémie qui a déjà tué une vingtaine de personnes, selon le bilan officiel.

Toutefois, la face cachée de ce combat sanitaire qui, au-delà des discours, est la marginalisation du personnel soignant. Ceux-là mêmes qui sont en première ligne du dispositif de la riposte, à travers la prise en charge, le traitement et le suivi des maladies. En effet, contrairement aux nombreuses donations annoncées en faveur des structures sanitaires, il s’avère que les hôpitaux sont les grands oubliés de la chaîne. Bizarrement.

La sortie des médecins de l’hôpital régional de Kayes contre leurs conditions misérables de travail en est une illustration. Sans combinaisons médicales ni masques adaptés, ils affirment donner des soins aux malades infectés par une pandémie aussi contagieuse que celle du COVID-19. Cela est inadmissible alors que des fonds ont été mobilisés pour faire face à ces charges. En même temps, cette manifestation doit être une honte pour notre pays qui a bénéficié du soutien, à tous les niveaux, afin de faire face à l’urgence. Et dans cette urgence, les centres de santé étaient prioritaires comme d’ailleurs prévu.

« Il n’y a aucun dispositif sanitaire en place dans l’hôpital de Kayes contre le coronavirus. Les conditions de travail et de traitement sont très difficiles pour le personnel et même pour les patients. Je ne peux pas comprendre que l’État ne puisse nous donner de matériels, d’équipements. La formation, on n’en parle pas », a affirmé le Secrétaire général des travailleurs du personnel de la santé, Gueladjo TRAORE.

Il a fallu que Kayes se rebelle, proteste et annonce d’arrêter de donner les soins aux malades pour que le gouvernement revienne à l’évidence en débloquant 50 millions de FCFA pour chaque hôpital régional. Donc, l’image qu’on renvoie à la population et aux acteurs est qu’il faut manifester, crier, taper fort sur la table pour être dans ses droits. Et depuis quelques années avec ce régime, rien ne revient de droit dans les conditions normales. Seule la revendication agressive est devenue le moyen sûr d’avoir gain de cause.

Idem à Bamako. Ici, le personnel soignant est également très révolté et sidéré par l’attitude du gouvernement, depuis le début de la pandémie. À ce jour, il n’a tenu aucune promesse en faveur du monde médical dans le cadre de la lutte contre le coronavirus. Leur dotation frise la honte : 10 masques pour chaque médecin pour un mois. Pour se protéger, le personnel sanitaire est obligé de mettre la main à la poche pour acheter des maques, en mission de l’État du Mali. Pire, en plus des promesses non tenues, un autre motif de frustration du personnel soignant est que le pouvoir est en train de faire des retenues sur les salaires de certains des leurs.

Ces différents faits sont de nature à décourager dans un contexte de guerre sanitaire. Or, la motivation et l’engagement des médecins sont déterminants pour réussir le combat contre le coronavirus.   

Par Sikou BAH

INFO-MATIN

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