Durant une semaine, l’intervention du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop, sur la Radio France Internationale (RFI), le 10 avril 2022, a animé les débats sur les réseaux sociaux, comme dans certains médias. L’on arrive même jusqu’à accuser le chef de la Diplomatie malienne de contradiction et d’incohérence. Il n’en est rien, au contraire le ministre Diop a juste fait son boulot.
D’abord, il faut comprendre le contenu du message livré par le ministre des Affaires étrangères ; ensuite, il faut analyser ses intentions et enfin il faut connaître la cible. La répondre à ces différentes questions permettront aisément de bien justifier cette intervention sur un média déclaré suspendu sur le territoire malien.
S’agissant du contenu du message qui concerne essentiellement les sanctions politiques et économiques de la CEADEAO et de l’UEMOA, surtout le non-respect, par les chefs d’Etat de l’organisation sous-régionale, du sursis à exécution des mesures et desdites sanctions déclaré par la Cour de justice de l’UEMOA en date du 24 mars 2022, il était normal que les autorités maliennes portent à la connaissance de l’opinion internationale ce refus d’exécution d’une décision de justice tout en démontrant une fois de plus que ces sanctions contre le Mali sont inégales et illégitimes.
Donc, en homme averti, l’on se rend compte que ce message était destiné à la communauté internationale, principalement à l’ONU. Pour atteindre facilement une telle cible, l’idéal serait de passer par un média international. Pourquoi forcément RFI ? Difficile de répondre à la place du ministre Diop. Mais, il faut juste comprendre que l’intention de ce dernier pourrait être une question d’audience et de proximité. Lorsqu’on dit que le chef de la diplomatie malienne a accordé un entretien à un média que son pays a suspendu, la curiosité est de taille et chacun cherchera à connaître le contenu dudit entretien. Ainsi, l’on gagne en communication et surtout il faut comprendre que les autorités maliennes sont actuellement engagées dans une vaste campagne d’information et de communication.
Ce qui est évident, c’est que cette sortie du ministre Diop sur RFI a eu plus d’échos que plusieurs autres interventions précédentes accordées au même média. Donc, l’objectif a été bien atteint et c’est l’essentiel, surtout quand il s’agit de communication.
L’autre chose dont l’on ne parle pas assez, ce sont surtout les raisons pour lesquelles RFI a accepté de diffuser l’entretien après avoir été humiliée par les autorités maliennes. Il faut admettre que c’est une humiliation pour un média d’être suspendu par un Etat pour désinformation. Et pour le cas de RFI, l’on se souvient toujours de la réaction de l’Etat français. Donc, voir le même média accorder un temps d’antenne aux mêmes autorités à moins d’un mois de ladite suspension, a tout son sens.
La vérité, c’est qu’il y a actuellement aucun devoir moral ou professionnel sur RFI l’obligeant à accorder cet entretien à Abdoulaye Diop. Mais si elle le fait, c’est certainement pour se racheter. Donc, le Mali cherche à atteindre facilement une cible à l’international et la RFI cherche à se racheter. Quoi de plus normal qu’ils se retrouvent ? D’ailleurs cette intervention doit amener les deux parties à trouver un terrain d’entente dans la plus grande confiance, dans le respect de principe de base de fonctionnement de l’Etat malien et surtout dans le respect de la liberté d’expression.
Ousmane BALLO
Source : Ziré