La rubrique ‘’L’invité de la semaine de Ziré, votre hebdomadaire préféré d’analyses, d’enquêtes et d’informations générales, reçoit le Dr Wantigui Diarra, médecin nutritionniste au Centre de Santé de Référence (CSRéf) de la Commune I du District de Bamako, sis à Korofina. Dans cet entretien réalisé le 15 avril 2022, en partenariat avec le site www.afrikinfos-mali.com, Wantigui Diarra nous parle des bons comportements alimentaires à adopter pendant ce mois de jeûne. Lisez donc l’entretien !
Ziré : Présentez-vous à nos chers lecteurs !
Wantigui Diarra : Je m’appelle Wantigui Diarra, je suis assistant médical en pédiatrie pluriculturelle. J’ai un master II dans la prise en charge des enfants de zéro à quatorze ans. Je travaille actuellement au Centre de Santé de Référence de la Commune I de Bamako à Korofina, plus précisément à l’Unité de Récupération et d’Education nutritionnelle intensive (URENI).
Wantigui Diarra, nous sommes en plein mois de Ramadan, alors, quelles remarques faites-vous sur le comportement alimentaire chez les jeûneurs ?
Il faut comprendre que dès qu’on parle de Ramadan, beaucoup de personnes commencent à avoir peur parce qu’elles pensent que cela va les empêcher de pouvoir manger comme elles le souhaitent. Mais en réalité, c’est un mois qui permet aux jeûneurs de corriger beaucoup d’erreurs en matière d’alimentation, de maladie et de prendre en charge certaines maladies comme les colopathies et plusieurs autres pathologies. Vous verrez également que le fait de s’abstenir, de ne rien manger pendant toute la journée permet au jeûneur d’être physiquement équilibré. Je pense que le mois de Ramadan est une période qui nous permet d’avoir un équilibre non seulement au plan alimentaire, mais aussi au plan physique et psychique à la fois.
Comme remarque, je dirais que dès qu’on parle de jeûne, les gens pensent à manger et à boire beaucoup le matin ou à la rupture, alors qu’il faut surtout penser à l’équilibre alimentaire, tout en évitant l’excès.
C’est quoi l’équilibre alimentaire ?
Comme je le disais, il n’y a pas de mois spécifique pour bien manger. Naturellement, quand on se réveille le matin pour manger, il faut toujours prendre quelque chose de chaud. Par contre, il faut toujours éviter de boissons fraîches, c’est-à-dire tout ce qui est de nature trop frais. L’organisme n’a pas nécessairement besoin de ces boissons à ce moment de réveil. Donc, le mieux est de commencer par les aliments chauds, c’est-à-dire le café chauffé, les Liptons, le lait, les tisanes (quinquéliba ou citronnelles). Cela est aussi valable pour la rupture afin de bien réadapter les organismes aux aliments.
Qu’en est-il précisément de la rupture ?
S’agissant de la rupture, quelques minutes après avoir bu quelque chose de chaud, vous pouvez consommer d’autres aliments énergisants tels que des fruits ou des légumes. Il y a certains qui préfèrent aussi la sauce à viande ou d’autres mets locaux. Mais, faisons très attention à nos pratiques quotidiennes qui consistent à s’adonner directement, dès la rupture, à l’eau fraîche ou à des jus ou de la boisson très frais. Cela est extrêmement dangereux et déconseillé. Ce sont des habitudes qui peuvent rapidement provoquer certaines maladies comme : les colopathies ; les problèmes de foi ; le cancer de l’estomac… On peut même s’attendre à plus de complications pour ceux ou celles qui ont déjà des maladies chroniques.
Une autre remarque, c’est aussi la consommation souvent excessive du sucre. Est-ce une bonne ou mauvaise chose pour les jeûneurs ?
Très bonne remarque ! Je pense qu’on a toujours dit que tout excès est nuisible. De nos jours, il faut déjà savoir que nous consommons beaucoup de sucre sans le savoir. Il y a beaucoup de fruits qui sont très riche en sucre dont la consommation est souvent excessive. Donc, quand vous faites une comparaison des années, vous verrez que de nos jours au centre diabétique, le nombre de cas a doublé ou même triplé. Tout cela est dû à la consommation excessive et abusive du sucre. C’est pour dire que si nous demandons à la population de consommer du sucre, ce n’est pas non plus en excès, non. Il faut que cela soit mesuré.
Normalement, une cuillère à soupe seulement suffit pour une tasse de thé ou un verre de café, si vous voulez. Durant ce mois de Ramadan, il faut que les gens tiennent compte de tout cela. Parce qu’à force de vouloir tout récupérer après la rupture, on risque de se créer de problèmes beaucoup plus graves et c’est extrêmement dangereux. Les données sont claires, les gens consomment beaucoup plus de sucre au mois de jeûne que durant les autres mois de l’année. Il en est aussi de même pour l’huile qui provoque elle aussi pas mal de maladies, telles que les maux de tête intenses, la courbature intense, la polyphagie… C’est une manière de dire qu’il faut toujours consommer avec modération.
Y a-t-il une particularité chez l’homme ou chez la femme en matière d’équilibre alimentaire ?
Bon, je pense qu’il n’y a pas de particularité en matière de dosage pour la femme ou pour l’homme. Mais, il faut comprendre que la particularité est plutôt liée à l’état de santé de la personne, qu’elle soit homme ou femme. Le jeûneur qui n’est bien portant, il va de soi qu’il prenne compte de cet aspect et évidemment, il ne peut pas consommer comme quelqu’un qui n’a rien. Mis à part, il n’y a pas de particularité chez l’homme ou chez la femme en matière d’alimentation.
Vous vous occupez beaucoup des enfants. Dites-nous, est-ce qu’il y a un risque chez les enfants de moins de dix ans qui jeûnent ?
Alors, je dirais que cela est relatif. Le fait de demander à un enfant de moins de dix ans d’observer le jeûne, c’est quelque chose qui est très important pour un musulman. Il s’agit de le prépare à une habitude propre à sa communauté.
Cependant, le risque intervient quand cela n’est pas conçu juste pour l’entraîner. Parce qu’il n’est pas évident qu’un enfant de moins de dix ans puisse observer toute la journée encore moins tout le mois. Donc, il faut l’entraîneur en tenant compte de ses capacités. C’est aussi valable pour la prière. C’est un entraînement qui va amener l’enfant à s’habituer. Mais, il ne faut pas l’obliger à aller au-delà de sa capacité, parce qu’il n’est pas encore mature.
Entretien réalisé par Amadou Kodio
Source : Ziré