L’on dira certainement que chacune de ces initiatives avait ses objectifs précis. Sauf que les conclusions de toutes ces rencontres se sont résumées autour de la période de la transition. Déjà les rapports de la phase communale du dialogue inter-Maliens se concentrent principalement sur la prolongation de la Transition de deux ans à dix ans et sur la candidature du colonel Assimi Goïta. Oui, ce sont là des opinions personnelles, mais arriver jusqu’en faire un rapport dénote de la pure complaisance de la part du comité de pilotage. Il ne s’agit nullement de censure, mais d’orienter toujours les débats vers les thématiques du dialogue qui ne sont autres que la paix et la réconciliation.
En la pratique, le dialogue inter-Maliens devrait forcément passer par l’identification des causes des conflits avant de proposer des pistes visant à recoudre le tissu national. Pour ce faire, il faudrait rencontrer les victimes et les bourreaux ou tout simplement les protagonistes du conflit accessibles afin de les écouter et de tenter une première médiation avant la remise des conclusions finales à qui de droit chargé de les appliquer.
C’est pourquoi, le comité de pilotage doit savoir que ce processus va au-delà des questions purement politiques. Il s’agit de stabiliser le pays et de restaurer le vivre ensemble entre les communautés en conflit. Le comité, dans sa posture actuelle, ne garantit pas du tout cela.
A vrai dire, ce dialogue a été détourné de son objectif principal. Ces milieux de déplacés internes et de réfugiés dans les pays voisins, qui portent tout leur espoir sur ce processus afin de pouvoir retourner au bercail, ont été arnaqués. D’autant plus que ces personnes, qui ont fui leur terroir à cause du conflit, n’attendent, depuis plus d’une décennie, qu’une vraie action de paix et de réconciliation pour pouvoir regagner les terres de leurs ancêtres. Donc, la période de la transition ne saurait les intéresser, surtout que la même transition aura bientôt quatre ans sans créer les conditions optimales de leur retour au bercail.
Aujourd’hui, le dialogue inter-Maliens pour la paix et la réconciliation revient à dire qu’il faut ramener les communautés en conflit à s’accepter ; il faut aussi trouver un accord avec les groupes belligérants pour le retour définitif de l’État sur l’ensemble du territoire national pour mieux protéger les personnes et leurs biens et surtout il faut créer les meilleures conditions pour le retour des déplacés et réfugiés dans leurs localités respectives. C’est de ça qu’il s’agit et le comité de pilotage doit rapidement se ressaisir en arrêtant cette comédie qui consiste à se faire voir auprès des anciennes Premières Dames et d’autres personnalités de la République tout en oubliant les vrais acteurs concernés par le conflit auxquels il faut prodiguer des messages de paix et de réconciliation.
Ousmane BALLO
Source : Ziré