Depuis la sortie de la ministre de l’Énergie et de l’eau, Mme Bintou Camara, sur la situation de l’Energie du Mali-SA (EDM-SA), il y a une semaine, les clients attendent toujours l’amélioration promise dans la fourniture d’électricité. Les révélations et les accusations de Madame le ministre n’auraient pas servi à grand-chose.
En réalité, Mme Bintou Camara a dit haut ce que l’on murmurait en bas. Sauf que dans son discours, elle ne fait pas la différence entre les bons et mauvais agents. Certes, la question de vol et de corruption n’est pas nouvelle à l’Energie du Mali-SA, mais traiter tout le personnel de voleur et de corrompu, est la pire des accusations qu’un responsable puisse faire à l’endroit d’un personnel sur lequel il compte pour améliorer un service.
Mme Bintou Camara avait toutes les possibilités pour mener des vraies enquêtes permettant de mettre la main sur tous les agents impliqués dans la disparition des citernes entre Balingué et les différentes centrales de Bamako ; idem pour la facturation. C’est ce travail qui allait orienter la ministre dans sa déclaration. Aussi, elle serait plus précise, concise et convaincante.
Dans sa démarche, la ministre, qui doit trouver la solution à ces différents maux, semble vouloir sauver sa tête en cherchant à faire comprendre à l’opinion que ce sont plutôt les agents de l’EDM qui constituent le problème. Peut-être qu’elle n’a pas totalement tort. Mais en tant que premier responsable, elle devrait chercher à résoudre le problème que de l’exposer, comme si la solution devait venir d’elle-même.
Ce qui est sûr, cette crise énergétique ne pourra se résoudre définitivement sans que les autorités ne jouent pleinement leur part de responsabilité. Les agents de l’EDM-SA ne sont pas plus importants que les autres agents de l’Etat d’autres services publics et ils ne sauraient nullement paralyser ou prendre en otage tout un secteur quelles qu’en soient les raisons. Donc, l’Energie du Mali est une société publique et c’est à l’Etat d’y mettre l’ordre afin de permettre à l’établissement de répondre efficacement à la demande des populations.
Ce n’est pas forcément avec des discours politiques que l’on peut y arriver. Il faut une réforme profonde, un grand investissement et élaborer un nouveau manuel de procédure de gestion capable de répondre aux exigences des consommateurs et au défi économique de l’heure. Dans ce document, la rigueur, l’excellence, l’intégrité et l’honnêteté doivent caractériser tout le personnel de la société.
Aussi à défaut de privatiser l’EDM, l’Etat doit accepter de transférer une partie de ses actions à d’autres sociétés en améliorant le cahier de charge lui permettant toujours de vieillir de manière stricte sur la qualité de service fourni aux clients. Ou alors, il faudrait libéraliser le secteur énergique en permettant à d’autres sociétés privées d’y investir.
Ousmane BALLO
Source : Ziré