Le moins que l’on puisse dire est que le « Kankele tigui » a beaucoup déçu son peuple. Mais décevoir est une chose et trahir en est une autre. Dans quelle case faut-il placer le sujet IBK ?
Justement, trahir et décevoir ont en commun un sujet (un acteur) et un complément d’objet direct. Entre les deux un ‘‘deal’’ pour aller vite. Dans les deux cas, il y’a une attente. Cela peut provenir d’une chimère (un film que l’on se joue tout seul) ou d’une ‘‘légitime’’ espérance. Sur ce plan donc, l’attente est moins stricte, tandis que la promesse est formelle. Et plus elle sera explicite et entourée (date, nature du don ou du geste, etc.) plus les griefs ou la gratitude seront forts et violents. Pour revenir à notre sujet, voyons comment placer IBK face à son peuple avant et après son élection comme président de la République.
Que se passerait-il s’il n’y avait pas eu le 22 mars 2012 ? Telle est la question du départ. IBk aurait été candidat mais peu de gens auraient misé un kopeck sur lui. Mais il y’a eu le Cnrdre, Sanogo et le départ d’ATT du pays. Il est élu haut la main et pour bonus, on lui a donné une Assemblée nationale en béton. Il est presque le seul maître du jeu.
Mais très rapidement, son étoile se met à pâlir. De plus en plus fort et de plus en plus vite : la « communauté internationale cravachant les Maliens pour forcer et généraliser la dose du rejet ? Pourquoi ? Ils étaient où quand le député Koniba Sidibé a obligé ATT à avouer publiquement qu’après avoir vendu Malitel/Sotelma, il a gardé l’argent sur lui et non au Trésor ? Le Vérificateur était là mais ils ne l’on pas saisi. Mieux encore, chaque année le Vérificateur produisait des rapports sur les malversations de l’année. ATT gardait tout avec lui et en faisait une arme de chantage. On ne les a jamais entendus. Alors pourquoi cette volonté acharnée d’abattre un homme qui n’est qu’au début de son mandat ?
Trêve de Parenthèses et retournons à nos moutons. Au jour d’aujourd’hui, IBK a déçu beaucoup de Maliens. S’il fallait reprendre les élections dimanche prochain, il serait loin de ses 78 %. Il a déçu parce qu’il y avait des attentes. C’est là que réside le nœud du problème : sont-elles légitimes ? Dans l’absolu oui : un enfant a droit à tout attendre de ses parents. Un leader est attendu partout et par tous sur l’étendue du territoire. En ce sens, IBK a déçu.
Responsable, certes coupable aussi ?
Une fois transporté dans le domaine de la trahison, le problème change de nature. Le côté moral entre en jeu et aussi la dimension « victime ». Mais, si la déception prend pour base pour le jour n’importe quoi, la trahison, elle, est liée à une promesse. IBK a promis quoi aux Maliens en général et à ses électeurs en particuliers (eux, au nom de leur vote ont un « droit » sur lui si la promesse n’est pas tenue). La référence ici est contenue dans le dernier discours au Stade du 26 Mars face à plus de 50.000 personnes. Et la mère des problèmes n’est pas autre chose : LE NORD. Nous avons alors le terrain assez solide et objectif pour l’analyse. La question devient alors : qu’a promis IBK aux Maliens par rapport à la question du nord ?
Dans ce programme qui fait moins de 10 pages, seul un paragraphe est consacré au nord. Et que dit-il dedans ? Que c’est par frustrations que les rebelles ont pris les armes. Et qu’une fois élu, il ferait du nord une zone de développement prioritaire. D’ailleurs, le Mnla a fait ouvertement campagne pour le candidat IBK- ce que tous semblent oublier. Donc, les promesses qui permettraient aux Maliens de dire qu’IBK a fait autre chose que ce qu’il avait dit sont inexistantes. Si toutefois la logique a un sens. IBK a donc déçu mais il n’a pas trahi. Il est responsable de ce qui se passe au Mali. Mais coupable ?
Amadou Tall
