Lors d’entretiens téléphoniques menés séparément, cinq migrants arrivés au Mali ont expliqué à Human Rights Watch que la police de Ghardaïa, ville située dans le centre-nord de l’Algérie, les avait regroupés le 1er mars à plusieurs emplacements, notamment dans la rue, sur un chantier de construction et dans un atelier de soudure. Les autorités, ont-ils précisé, ne les ont pas informés de leur droit d’appeler leurs représentants consulaires ou autorisés à récupérer leurs salaires, leurs économies et autres biens.
La police les a escortés vers des bus à destination de Bordj Badji Mokhtar, la dernière ville avant la frontière malienne, les confiant aux gendarmes, qui les ont reconduits à la frontière sous la menace des armes.
Les migrants disent avoir marché dans le désert durant six heures avant de rallier In Khalil au Mali, la ville la plus proche de l’autre côté de la frontière ; ils sont ensuite montés à bord de véhicules privés en direction de Gao, dans deux convois séparés. L’un et l’autre ont été interceptés à des barrages routiers dressés par des groupes armés qui les ont dépouillés de leurs possessions. Selon les témoignages recueillis par Human Rights Watch, certains migrants qui n’avaient pas remis d’argent ou d’articles de valeur ont été passés à tabac.
Des groupes armés liés à Al-Qaïda opèrent dans le nord du Mali, ainsi que des organisations criminelles et des passeurs armés. Dans son rapport en date de septembre 2017 sur la situation au Mali, le Secrétaire général de l’ONU déclare que « l’insécurité généralisée a continué de porter atteinte à l’état de droit et d’entraver la fourniture de services sociaux de base, en particulier dans le nord et certaines parties du centre du Mali ».
Source Human Rights Watch