Le Niger, le Mali et le Burkina Faso ont franchi mercredi 6 mars une étape supplémentaire dans leur rapprochement en annonçant la création d’une force militaire conjointe pour lutter contre les djihadistes qui les frappent depuis des années.
Cette annonce de trois pays dirigés par des régimes militaires issus de coups d’État suit la création d’une Alliance des États du Sahel (AES) et leur sortie de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) qui avait menacé d’intervenir militairement après le putsch, le 26 juillet au Niger, contre le président élu Mohamed Bazoum.
Violences djihadistes récurrentes
Réunis à Niamey, les chefs des armées des trois pays ont annoncé mercredi la création d’une « force conjointe » anti-djihadiste. Cette « force conjointe des pays de l’AES (…) sera opérationnelle dans les plus brefs délais pour prendre en compte les défis sécuritaires dans notre espace » , indique le général Moussa Salaou Barmou, chef d’état-major nigérien des armées, dans un communiqué.
Les contours et les effectifs de cette force n’ont pas été précisés. « Nous sommes convaincus qu’avec les efforts conjugués de nos trois pays, nous parviendrons à créer les conditions d’une sécurité partagée » , a assuré le général Barmou. Il a souligné que les trois armées étaient parvenues « à élaborer un concept opérationnel » qui « permettra d’atteindre les objectifs en matière de défense et de sécurité » dans l’immense territoire des trois pays.
Au Niger, au Burkina Faso et au Mali, confrontés à des violences djihadistes récurrentes et meurtrières depuis des années, les gouvernements civils ont été renversés par des coups d’État militaires successifs depuis 2020.
Un maître mot, « souveraineté »
Ces trois pays, anciennes colonies françaises, ont tourné le dos à Paris et se sont rapprochés économiquement et militairement de nouveaux partenaires , dont la Russie, avant de se regrouper au sein de l’AES avec pour objectif final de créer une fédération. Fin janvier, ils ont également annoncé qu’ils quittaient la Cedeao sans être tenu par un délai d’un an comme le subir les textes de l’organisation.
Leurs dirigeants, le général Abdourahamane Tiani (Niger), le colonel Assimi Goïta (Mali) et le capitaine Ibrahim Traoré (Burkina Faso) ont accusé à plusieurs reprises cette organisation d’être inféodée à la France. Ils lui ont également reproché de ne pas les avoir soutenus dans la lutte qu’ils mènent contre les groupes djihadistes affiliés à Al-Qaida et à l’État islamique qui les frappent régulièrement, entraînant des milliers de morts et des millions de déplacés.
Potentielle sortie prochaine du franc CFA
Après avoir menacé d’intervenir militairement au Niger, la Cedeao a récemment tendu la main aux trois régimes militaires, appelant début février à la « réconciliation » . Le 24 février, elle a levé les lourdes sanctions qu’elle avait imposées au Niger pour obtenir la libération du président renversé Mohamed Bazoum et son rétablissement dans ses fonctions, après avoir renoncé au faire par la force. Les trois régimes ont fait savoir que leur décision de retrait de la Cedeao est « irréversible » .
Après la création de la force militaire conjointe, une prochaine étape pourrait être la sortie du franc CFA commun à une majorité de pays francophones d’Afrique de l’Ouest et la création d’une monnaie commune à l’AES. « La monnaie est une étape de sortie de (la) colonisation » , avait déclaré le général Tiani début février. « La monnaie, c’est un signe de souveraineté » , avait-il poursuivi, et les États de l’AES sont « engagés dans un processus de recouvrement de (leur) souveraineté totale » . « Il n’est plus question que nos États soient la vache à lait de la France » , avait-il affirmé.
Source: https://www.la-croix.com/