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Sahel : Il faut d’abord répondre à une crise de gouvernance plutôt qu’à une crise d’insécurité (Crisis Group)

Dans un dernier rapport paru ce 1er février, International Crisis Group (ICG) s’est intéressé une fois encore à la situation sécuritaire qui prévaut au sahel. Intitulé, réordonner les stratégies de stabilisation du Sahel, cet exposé met l’accent sur la nécessité de résoudre d’abord la crise de gouvernance qui s’est installée dans cette région du monde, pour une meilleure prise en charge du problème sécuritaire.

 

Dans ces développements, l’ONG est revenue sur l’évolution du terrorisme et de l’insécurité dans la sous-région et sur le rôle joué par la France depuis le début de la crise malienne notamment. D’entrée de jeu, il est fait mention d’une crise de frénésie alarmante. En effet, souligne-t-on, les pays du Sahel seraient en train de s’embourber dans un conflit aux dimensions multiples. « Soutenues principalement par la France, les stratégies de stabilisation du Sahel s’enlisent dans un contexte marqué par les violences communautaires, les insurrections jihadistes et la perte de confiance des populations dans leurs gouvernements. Ces stratégies reposent sur de vastes investissements dans la sécurité, le développement et la gouvernance, mais s’articulent prioritairement autour des opérations françaises visant à défaire militairement les jihadistes », indique ICG.

La pandémie du coronavirus est venue compliquer la situation selon l’organisation britannique. « Malgré la pandémie, les campagnes militaires contre les jihadistes menées par l’opération française Barkhane se sont poursuivies à un rythme soutenu, mais la mission de l’ONU au Mali a dû réduire ses activités, et les missions européennes de formation des forces de sécurité au Mali et au Niger ont été temporairement suspendues. La pandémie a également eu une incidence sur les budgets consacrés au développement ; une partie de ceux-ci ont été réorientés pour faire face à la Covid-19 en 2020- 2021 », a-t-elle poursuivi.

Rue de Bamako août 2020

Poursuivant les analyses, les rédacteurs du rapport ont ensuite montré l’incidence négative qu’a eue le coup d’État survenu au Mali sur la situation sécuritaire dans la région. Pour ICG, ce coup d’État est le résultat d’un sentiment généralisé de méfiance vis-à-vis des gouvernants, qui s’est installée dans plusieurs pays du sahel. « Les manifestations massives qui ont débouché sur le coup d’État sont d’abord nées de l’indignation de la population face aux manipulations électorales, mais ont surtout été alimentées par l’exaspération qui couvait dans les rues de Bamako en raison de la corruption et de l’incapacité de l’État à lutter contre l’insécurité généralisée. Ces mécontentements sont également palpables à d’autres niveaux au Burkina Faso et au Niger. »

Fort de ces constats et après avoir relevé que des opérations militaires de plus grande intensité, en particulier celles qui s’appuient sur les milices locales, risquent également d’alimenter la violence communautaire, dont tirent parti les insurgés, l’ONG britannique préconise une réorganisation des priorités des stratégies actuellement en place. « La crise de gouvernance qui est à l’origine des problèmes du Sahel génère une hostilité grandissante à l’égard des gouvernements. Elle prend aussi bien la forme d’une insurrection rurale que de manifestations urbaines. Envisager une approche alternative fondée sur ce nouveau paradigme n’implique pas l’abandon de la stratégie multidimensionnelle actuelle, mais plutôt un réagencement de ses priorités », suggère-t-on.

Mission des Nations-Unies au Mali (Mopti)

« Les opérations militaires demeurent essentielles, mais elles devraient être subordonnées à cette stratégie. Les États sahéliens doivent impérativement prendre les mesures nécessaires afin que les forces de sécurité et leurs alliés limitent leurs abus. Ils pourraient également mener plus d’activités en faveur des populations locales, notamment en conduisant des opérations de récupération du bétail volé. Ces mesures appuieraient les efforts visant à regagner la confiance des populations des zones rurales touchées par l’insurrection », conclut ICG.

Au Niger, où les autorités ont promis un doublement de l’effectif des forces armées dans les 5 prochaines années. Les recommandations d’International Crisis Group sonnent comme un rappel à ne pas oublier que la crise sécuritaire tire sa source dans les sentiments d’exclusion qui prévaut à l’échelle de nombreuses communautés.

Mawulolo Ahlijah

niamey

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