Le Mali est un pays de diversité culturelle marqué par plusieurs activités spécifiques à certaines localités et même à certaines ethnies. C’est le cas notamment d’un site d’orpaillage que nous avons découvert dans la région de Kayes au cours d’une mission le week-end dernier.
C’est un village situé à peu près 80 kilomètres de la ville de Kayes et 20 kilomètres de Sadiola au-delà. Il s’agit d’un site d’orpaillage appelé Kourougheto. Sans dabas, ni champs, la vie de ces habitants est un vrai mystère et même une misère. Entre la vie chère, la pauvreté (manque d’or) et les comportements extra-humaines, rien n’est vraiment aisé dans ce village à près de 2 milles habitants.
Madame Sissoko est venue de Kayes pour faire une vie de ménage avec son qui était l’un des barons de ce fameux site. Avec le temps, les choses ne sont pas passés comme souhaiter par le couple et madame vit toute seule aujourd’hui: « je n’ai eu aucun problème avec mon mari, d’ailleurs il reste toujours mon mari mais compte tenu de la réalité d’ici qu’il a fini par aller tenter ailleurs. C’est vrai, il aimerait être avec nous ici mais la situation ne lui permet pas et je le comprends mais ce qui est compliqué est que la vie d’ici est très chère. Même pour faire un petit déjeuner aux enfants, il te faut au moins 1500 à 2000 f sinon tu ne peux rien faire » témoigne Mme Sissoko.
A quelques mètres de là, nous avons vu un groupe de jeunes filles assises entrain de faire du thé. Interrogé sur leurs occupations, elles ont répondu qu’elles sont des vendeuses, mais dans notre constat, ces filles étaient là pour le plaisir des orpailleurs. Pour plus de curiosité, nous avons approché la bonne dame (Mme Sissoko) qui nous révèle quelques petits secrets: « vous savez, ces filles viennent nombreuses par moment et elles sont ici uniquement pour se vendre sinon rien. Généralement, c’est des filles qui n’aiment pas travailler » ajoute t-elle.
Tout comme ces deux cas, les jeunes garçons eux aussi ne sont à l’abri de rien. Ousmane est un jeune venu de Burkina Faso, après trois ans passé à Kourougheto, sa vie n’a fait que reculée davantage : « je suis un habitué d’ici. Vous savez, nous avons désormais un gros village et il est difficile de parler des autres. Mais à ce qui me concerne, la vie ne pas facile. Au début, moi et mes amis avions quelques choses (argent) chaque jour mais nous avons finalement fini par mal géré. De nos jours, la plupart de mes amis prennent des stupéfiants et certains même ont perdu la vie devant moi. Personnellement, je ne gagne pas grande chose mais c’est ici que je connais donc je n’ai pas d’autres choix » regrette t-il.
Il faut noter que dans ce site, comme dans la plupart de la région de Kayes, les produits alimentaires sont extrêmement chers par rapport aux autres localités du Mali. Si le kilo de la banane est de 1000f, un seul œuf est vendu à 200 f.
Amadou Kodio
Source: L’Observatoire