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Rythmes et couleurs à Tidessi

Le Festival international des arts de l’Ahaggar, qui se déroule à Tamanrasset jusqu’au 18 novembre, ouvre ses portes aux jeunes musiciens du Sud

Tamanrasset.
De notre envoyé spécial

Festival international arts Ahaggar déroule Tamanrasset

Les pierres de Tidessi, site paysager situé à 8 km au nord de Tamanrasset, ont pris de belles couleurs, jeudi soir, lors de l’ouverture du campement abritant le 4e Festival international des arts de l’Ahaggar qui se tient jusqu’au 18 novembre. Des lumières installées au bas du petit massif montagneux ont donné une autre dimension à un lieu habituellement calme, serein et venteux. Le ministre du Tourisme et de l’Artisanat, Mohamed Amine Hadj Saïd, est venu visiter les stands d’artisanat et «rassurer» sur l’avenir de l’activité touristique dans le Grand-Sud algérien. Activité en chute libre depuis les événements au Nord-Mali et l’attaque de Tingentourine.  «Nous sommes venus en force accompagnés des représentants du ministère des Affaires étrangères, de la Fédération nationale des hôteliers, du Syndicat des agences de voyages. La saison saharienne vient d’être entamée. Il y a nécessité de développer le tourisme domestique», a-t-il déclaré. Selon lui, les œuvres sociales de plusieurs ministères, comme celui de l’éducation, ont signé des conventions avec des opérateurs locaux, avec Air Algérie et Tassili Airlines pour proposer de nouveaux produits touristiques aux nationaux. Le ministre a annoncé que désormais les walis auront la possibilité de saisir directement le ministère des Affaires étrangères en vue d’obtenir des visas pour les touristes voulant visiter leurs régions. «La réponse du ministère des Affaires étrangères se fera dans un délais record», a-t-il affirmé. Ce délai pourrait ne pas dépasser les 72 heures !

L’architecte Yasmine Terki, responsable de l’exposition «De terre et d’argile» et directrice du Centre algérien du patrimoine culturel bâti en terre, Cap Terre, de Timimoun, a interpellé le ministre du Tourisme sur «la bido vilisation» des villes algériennes. «Le pays ressemble à un bidonville géant construit en ciment. Vous êtes ministre du Tourisme. Et vous savez que la première chose qu’on voit dans une ville est son architecture. C’est l’architecture qui fait l’identité de nos villes. Or, que fait-on aujourd’hui ? On est en train de détruire l’identité de nos villes. Au nom de quoi ? On veut nous faire croire que la modernité, c’est cela ! C’est dramatique. Le ministère de l’Habitat donne de l’argent pour que les citoyens détruisent les maisons en terre et construisent à la place des habitations en béton. On paye de nos mains la destruction de l’identité de nos ville ! Il faut que l’on se réveille», a déclaré Yasmine Terki. Abdelhakim Chater, wali de Tamanrasset, s’est dit favorable à l’utilisation des matériaux locaux dans les constructions. «Il faut construire bio. J’ai voulu faire cela, les gens ont dit que le wali veut nous ramener mille ans en arrière. C’est dans les mentalités», a-t-il regretté. Avant le début des concerts dans une scène installée dans le campement, Chtima, la grande dame de l’imzad, a interprété des morceaux authentiques de la musique targuie.

L’imzad va bientôt être classé patrimoine universel de l’Unesco. La décision sera annoncée le 23 décembre prochain à Paris. Après un passage remarquable, mercredi soir, à Abalessa à 80 km de Tamanrasset, le groupe des bluesmen du désert, Etran Finatawa du Niger est remonté sur scène au grand bonheur du jeune public qui, malgré le froid et la petite distance, s’est déplacé assez nombreux pour assister à la soirée musicale. «Notre musique, c’est le blues nomade. L’idée de la création de notre groupe est née à Tombouctou, au Mali. Mélanger la musique peul et targuie. Dans nos textes, on évoque les problèmes de la vie, ceux des nomades déplacés vers les villes, la sécheresse… Il faut défendre ses traditions, ses coutumes. Après nos concerts, partout dans le monde, les gens nous disent vous nous avez emmenés dans le désert», nous a confié Alhoussein Mohamed Anivolla, leader du groupe. Etran Finatawa ira bientôt animer une série de concerts en Suède. Le Festival des arts de l’Ahaggar est une occasion de faire connaître des groupes locaux. Jeudi soir, c’était au tour de Toumast de Djanet, de Kader Terhanine de Tamanrasset et Agna d’In Guezzam de monter sur scène.

Les trois groupes sont adeptes de l’Asouf, très en vogue dans le Sahel. Un style appelé également Gitara en raison de la présence dominante de la guitare électrique. «Nos chants s’adressent à tous les Touareg des Kel Ahaggar et de Kel Tassili. Nous essayons de nous inspirer de toutes les formes musicales existantes ici. Nos chansons abordent des sujets sociaux. Nous plaidons pour l’unité du pays et évoquons les souffrances quotidiennes de l’homme du désert», a relevé Abdelkader Mesbah, musicien du groupe Kader Terhanine. Il se dit fier par la mondialisation de la musique targuie à travers le style oud de Othmane Bali et la guitare «Ishumer» consacré notamment par le groupe malien Tinariwen.

Fayçal Métaoui

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