Un instituteur devenu le symbole des dérives de la justice russe vient d’être libéré. Ilyan Farber, artiste et enseignant dans une petite ville du nord de Moscou, avait été condamné à sept ans de détention pour corruption. Une condamnation tellement choquante que même Vladimir Poutine l’avait qualifiée de « scandaleuse ».
Avec notre correspondante à Moscou, Muriel Pomponne
A la Une des journaux russes, la photo de cet instituteur, un peu bohème, à peine sortie de deux ans et demi de prison. En 2010, il a quitté Moscou pour devenir maître d’école dans un petit village. Il se lance dans la restauration de la maison rurale, et comme les travaux n’avancent pas, il emprunte, et achète les matériaux pour le compte de l’entrepreneur, qui s’engage à le rembourser. Mais au lieu de le rembourser, l’entrepreneur l’accuse d’extorsion de fonds. Et la machine à broyer de la justice russe se met en marche. L’instituteur humaniste est condamné à sept ans de camps à régime sévère.
Mais ses proches se battent, son fils s’enferme dans une cage sur une place de Moscou. L’affaire sort dans les médias. Et en septembre dernier, Vladimir Poutine qualifie la condamnation de « scandaleuse ». En décembre, la Cour suprême réduit sa peine à trois ans, ce qui le rend libérable le 10 janvier 2014. Il reste toutefois condamné à 3 millions de roubles d’amende, soit 66 000 euros. A sa sortie de prison, il a confié à la presse qu’il comptait faire appel, mais doute que la justice russe reconnaisse un jour son innocence. Il veut désormais se battre pour la libération d’autres innocents qui croupissent dans les prisons russes.
rfi
