La journée du lundi 17 septembre a été agitée dans ville de Kati par une révolte des populations, notamment des jeunes, qui avaient barricadé la Route Nationale (RN3) qui traverse la ville des casernes. L’objectif était d’attirer l’attention des autorités sur l’état piteux et dégradant de cette voie devenue la ” Route de la mort ” et exiger sa réhabilitation. Un combat de la noble cause pour les manifestants, usagers et riverains du principal tronçon reliant Bamako à plusieurs pays de la sous-région.
Les populations de Kati n’en pouvaient plus d’attendre. Elles se sont mobilisées le lundi 17 septembre dernier pour exprimer leur ras-le-bol face à l’indifférence des autorités sur l’état catastrophique de la route nationale 3 (RN3). Cette inertie des autorités avait longtemps duré et causait assez de pertes en vies humaines et des dégâts matériels. Après plusieurs manifestions dans les différents quartiers pour attirer l’attention des autorités compétentes, la population katoise, notamment les jeunes, ont donc décidé de prendre les choses en main à travers une manifestation générale, le lundi 17 septembre dernier afin de faire entendre raison aux autorités.
Pour ce faire, les manifestant avaient érigé des barricades aux sorties et entrées de la ville, empêchant pendant des heures toute circulation sur la RN3. Une situation qui avait engendré une confusion totale sur différents points de la ville. La levée des barricades était conditionnée au début des travaux sur les différentes voies. Une exigence stricte des manifestants. Si les routes, plusieurs points, notamment ceux de Sanafara et Koko, avaient été libérées un peu plutôt dans la journée et il a fallu attendre le petit soir pour voir les barrières de Kati-Farada levées, suite au déversement des graviers sur ladite route.
Sur les lieux des évènements du quartier de Farada, nous avons croisé Issa Diawara, l’un des coordinateurs du mouvement “Collectif Sirako” qui est un regroupement de plusieurs associations de jeunes, de femmes et de la société civile de Kati qui réclame la réhabilitation de la Route Nationale (RN3). “Nous sommes des gens qui n’en peuvent plus face à la perte de vies humaines et des dégâts matériels causés par l’état dégradant de la route. Nous demandons à ce que cette route appelée” la route de la mor” soit refaite intégralement pour la sécurité des usagers, des riverains et de leurs biens. Dans cet état, chaque jour on n’entend que des sirènes des pompiers et nous, l’ensemble de la population de Kati, nous disons non à cela. Nous exigeons le démarrage immédiat des travaux” nous explique-t-il le jeune syndicaliste, qui avait initié et dirigé en 2016 le mouvement “Collectif sauvons les Rails” qui fait tache d’huile à l’époque.
A l’en croire, il y a environ deux semaines, le directeur national des Routes avait demandé de cesser les mouvements et que les travaux allaient démarrer au moins dans trois semaines, mais la population de Kati ne pouvait plus attendre cette date car dans trois semaines elle risquait d’avoir 90 morts dans ses bras. “Soit les autorités démarrent les travaux soit ne la route reste bloquée jusqu’à preuve du contraire”, ajoute-t-il.
Mamadou Traoré, un riverain de la RN3 et manifestant très en colère dit être témoin oculaire au quotidien du calvaire des usagers de la voie. “Il y a quelques mois, le décès d’une femme a joué sur notre conscience. Sa mort nous hante depuis. C’était une femme en état de grossesse de 9 mois qui a accouché de jumeaux sur cette route suite à un accident. La mère et ses deux enfants n’ont pas survécu. Cela est un exemple parmi tant d’autres. C’est pourquoi nous exigeons vraiment que cette route soit réhabilitée. Nous ne pouvons plus continuer à supporter ces morts et ces blessés chaque jour sous nos yeux” a-t-il vociféré, avant de citer un autre cas d’accident d’il y a une semaine environ, au cours duquel un camion gros-porteur s’était renversé, le conducteur grièvement blessé conduit à l’hôpital et son apprenti avait rendu l’âme sur le champ.
Si les barricades des autres points avaient été dégagés plutôt dans l’après-midi, les usagers de la route de Kati-Farada ont dû patienter jusqu’aux environs de 17h pour avoir accès au passage. Une cinquantaine de véhicules étaient dans la file d’attente depuis plusieurs heures. “Nous sommes bloqués ici depuis 8h du matin, nous avons quitté Kita à 5h du matin pour Bamako. De 8h à 17h on est restés bloqués ici. C’est vraiment fatigant pour les passagers et nous aussi qui perdons beaucoup en restant immobiles toute la journée. Mais je n’en veux pas à la population de Kati, elle réclame un droit de haute importance car cette route était quasi-impraticable. Je demande aux autorités d’honorer les doléances des Katois afin qu’on ne vive plus ce genre de choses sur la route” nous explique Paul Keita, conducteur d’un car d’une compagnie malienne de renom.
“Nous avons trop souffert ici aujourd’hui. Ça fait des heures que nous sommes bloqués-là. Nous avons faim et soif. Cela ne doit pas continuer, c’est vraiment fatigant”, lance une passagère à la cinquantaine, depuis l’intérieur du car.
Cette grogne de la vaillante population de Kati a visiblement porté ses fruits car depuis le lundi, jour des manifestations, les autorités ont sommé l’entreprise de construction chargée de la réhabilitation de la route de RN3 de démarrer les travaux. Cependant, les manifestants restent aux aguets et prêts à reprendre le combat si les travaux venaient à être interrompus.
Youssouf KONE
Source: Aujourd’hui-Mal