Correspondant à Bruxelles
De Marine Le Pen à Jean-François Copé et Manuel Valls, la Commission européenne suit de près les sorties des politiciens français contre les Roms. Trois ans après une confrontation vénéneuse avec Nicolas Sarkozy, Bruxelles a de nouveau agité mercredi la menace de sanctions si la France devait remettre en cause la liberté de circulation des citoyens européens dans l’UE.
«La libre circulation comme la liberté de résider dans un autre pays sont des droits fondamentaux (…) Si ces droits inscrits dans les traités ne sont pas respectés, la Commission interviendra en utilisant les moyens à sa disposition», a fait savoir sans plus de précision Olivier Bailly, porte-parole de la Commission.
L’épisode renvoie aux échanges qui avaient ponctué, en 2010, d’autres évacuations de campements illégaux suivies d’expulsions sous la présidence de Nicolas Sarkozy. A l’époque, la commissaire Viviane Reding, en charge des droits de l’homme, avait osé un parallèle avec les déportations de la Seconde Guerre mondiale. Cette fois, le ton reste posé, Bruxelles ne s’en prend pas directement au ministre de l’Intérieur Manuel Valls. Elle ajoute que le démantèlement de camps pour des raisons d’ordre public «ne relève pas de sa compétence».
Les programmes européens d’insertion négligés, selon Viviane Reding
La mise en garde européenne vise plutôt les appels lancés par Marine Le Pen et Jean-François Copé afin de retarder l’ouverture du marché du travail français aux ressortissants roumains et bulgares. Bruxelles confirme que toutes les restrictions «devront être supprimées au 1er janvier 2014», conformément aux traités signés par la France peu avant l’adhésion des deux pays balkaniques, en 2007.
La commission égratigne aussi une classe politique qui, de droite ou de gauche, entretient «volontairement ou involontairement» la confusion à l’approche d’élections municipales et européennes. «Le fait que la Bulgarie et la Roumanie ne soient pas membres de Schengen n’empêche nullement leurs citoyens de circuler dans l’UE au titre des libertés fondamentales», insiste Olivier Bailly.
De son côté, la commissaire Reding reproche aux autorités françaises de négliger les programmes européens d’insertion et d’utiliser le sort des Roms à des fins politiques. «La France a souscrit à une stratégie nationale d’intégration, or l’argent n’arrive pas là où il devait l’être, dans les communes, chez les maires, là où il y a des installations illégales qui doivent être démantelées, a-t-elle dit sur France Info. A chaque fois qu’on veut éviter des dossiers importants comme le budget et la dette, on parle à nouveau les Roms».