En proclamant que «tout le Mali a été libéré, le «banal» président de la France a manqué de respect à l’intelligence des Maliens.
A l’entame de son discours lors de la cérémonie d’«intronisation» d’IBK au Stade du 26 mars de Yirimadio, François Hollande a parlé de «victoire commune», de «victoire que nous fêtons aujourd’hui». L’homme que les Français ont regretté d’avoir porté à leur tête et qu’ils ont baptisé le «président banal», a alors fait une envolée lyrique pour clamer : «La victoire a commencé quand Konna a été libéré, quand Diabaly a été libéré, quand Gao a été libéré, quand Tombouctou a été libéré(…). Et aujourd’hui, c’est tout le Mali qui a été libéré (…)».
Et à la fin de son intervention, comme un athlète aux barres fixes qui prépare sa sortie avec un salto, Hollande qui n’est prophète qu’au Mali, assène : «Et voilà le message de Bamako».
Le Mali entièrement libéré ?
Allez dire cela aux trois ministres du Mali qui viennent d’effectuer un «voyage de paix» à Kidal ! Allez demander aux 200 éléments des forces armées et de sécurité du Mali dépêchés à Kidal, embastillés dans un camp foutu et exposés aux jets de pierres de la racaille envoyée par le Mnla et Ançar Dine, Aqmi et Mujao coalisés dans le Hcua. Cantonnés, ils sont la risée des femmes «azawadiennes» qui leur envoient des crachats sous les yeux amusés des forces étrangères qui protègent «les hommes bleus».
Pour raccourcir le chapelet, allez enfin voir le Gouverneur nommé à Kidal ! Lui, son cabinet, son personnel, ses préfets, ses sous-préfets ainsi que tous ses collaborateurs vivent à Kidal sous le même toit dans la mairie, tandis que le Mnla occupe le gouvernorat. Ils partagent la même toilette, le petit déjeuner sur la même table sur laquelle ils travailleront après avoir débarrassé les verres et les cuillères. Le gouverneur qui représente l’Etat et le gouvernement malien à Kidal et sa suite ne peuvent bouger. Et s’il le faut, c’est sous l’escorte et la protection de la Minusma.
Et puis, à Bamako ici, les populations ont l’écœurante sensation de vivre sous occupation. Partout, ce sont les engins de guerre montés de soldats prêts au combat (c’est leur attitude qui le montre) qui sillonnent nos rues.
Loin de sécuriser, ils énervent les impuissantes populations qui subissent dans le silence. Les casques bleus, les Maliens en sont convaincus, ne font que semer la désolation et le chaos là où ils passent. Les Maliens sont réduits à faire des incantations afin que le Bon Dieu les fasse partir. Les casques bleus sans qu’ils sèment chez nous, récoltent ce qu’ils ont durablement enraciné partout : le chaos.
Bamadou TALL