Il permet de savoir où aller, comment aller et avec quel moyen

Le rêve est défini, par le psychologue Pierre Daco dans son livre « l’interprétation des rêves» comme «notre intimité absolue, notre nudité totale». C’est quelque chose qui nous entraine dans ses sentiers et nous demeurons inertes. Les rêves traduisent et dénoncent nos désirs enfouis, nos difficultés cachées. Ils font des mises au point et annoncent des situations à partir de nos comportements présents. Ils nous montrent ce que nous sommes, ce que nous pouvons être réellement grâce à des dimensions rarement exploitées. On ne donne pas rendez-vous aux rêves. Mais ils viennent nous rendre visite quand ils en ont envie et pas quand nous en avons besoin. Le rêve est absolument indispensable à l’équilibre mental et psychologique. Il est aussi essentiel que l’alimentation et le sommeil.

Ainsi, le manque de rêves peut conduire à des troubles affectifs ou mentaux à une carence en protéines animales avec les désastres que cela suppose. Il est en sorte de respiration psychologique. Le rêve permet la libération des soucis, des hostilités, des hargnes, des espoirs, des revendications et des désirs. Il faut surmonter des difficultés intérieures, souvent, il nous suggère des solutions par le truchement de cet énorme ordinateur qui est notre inconscient. Dans son livre le psychologue explique qu’il n’existe aucun rêve qui ne possède sa signification propre. En principe, dit-il, chacun peut aboutir à une interprétation assez correcte de ses propres rêves. Mais c’est dans la pratique qu’un profane se heurte à certaines difficultés.
Le docteur Mamadou Fanta Simaga, historien, traditionnaliste, assure que le rêve est un phénomène dont l’explication n’est pas à la portée de tout le monde. Ceux qui en ont le pouvoir sont des privilégiés. Chaque personne est visitée par des rêves, quelque soit sa race, son âge ou sa croyance. L’interprétation du rêve, selon le Dr Simaga, est fonction de l’état moral, physique de la religion, du lieu, du jour et du mois lunaire. Avoir un rêve, c’est aussi nous distraire de nos pensées négatives. Nos rêves sont nôtres, et servent à nous définir. Ils s’interprètent selon les personnes, les pays et les mœurs. Le traditionnaliste ségovien conseille au dormeur, dès le réveil, de cracher la salive qu’il a dans la bouche vers la gauche, s’il a fait un mauvais rêve. Il crachera à droite s’il a fait un rêve réjouissant. Il suggère d’interpréter toujours en «bon» et non en «mal» lorsqu’une personne nous confie son rêve. Car, le rêve prend le sens de l’interprétation de la personne qui le décrypte. Le docteur Mamadou Fanta Simaga, souligne que l’africain vit du mythe. Le rêve a une importance capitale dans nos sociétés. Certaines décisions se prenaient à partir des rêves. Le rêve est un phénomène universel selon le sociologue Fako Diarra. «On le voit dans toutes les sociétés et dans toutes couches sociales», affirme-t-il. Il ajoute que tout le monde rêve, qu’on soit riche ou pauvre. Le rêve est lié à l’âme, notamment à la culture et au symbolisme. Il prend appui sur la vie sociale dans laquelle on vit. C’est un phénomène spontané, qui correspond aux événements vécus ou qui n’ont pas de répondant dans la réalité sociale. Le sociologue soutient que le rêve repose plus sur le symbolisme que le rationalisme. C’est – à – dire qu’on peut l’interpréter par des symboles.

prévenir la personne. Le professeur Fako a cité le serpent qui renvoie à l’activité sexuelle, une grossesse future ou un mariage. Le rêve est une chose commune. Qu’on soit enfant, adolescent ou adulte, femme ou homme, tout le monde rêve. Certains y croient et y accordent une très grande importance, mais d’autres non. Le sociologue nous a révélé que beaucoup de marabouts sont souvent guidés par leur rêve. Ils sculptent et trouvent la solution du problème de leurs clients pendant leur rêve.
La femme d’affaires, Mme Coulibaly définit le rêve comme une boussole pour une personne. Il permet de savoir ou aller, comment aller et avec quel moyen. Il trace notre présent et notre futur. Le rêve peut prévenir la personne ou lui faire percevoir des signes précurseurs d’un événement heureux ou malheureux. «Le rêve peut être l’émanation des soucis quotidiens de la personne. Il peut soit donner des solutions ou montrer que quelque chose est possible ou pas», argumente Mme Coulibaly. Elle soutient que les rêves de certains jours précis de la semaine ne sont pas valables. Elle recommande de retenir les rêves faits au cours des nuits des jours spéciaux comme le dimanche, le mercredi et le jeudi.
Il arrive, dit-elle, que les signaux soient clairs et précis, ou qu’ils soient un peu flous. Dans ces cas, il faut recourir à l’explication d’une personne qui sait interpréter les rêves. Mais dans l’un ou l’autre, des sacrifices sont à consentir pour l’accomplissement d’un bon rêve ou pour contrecarrer le mauvais. La jeune Coulibaly croit aveuglement au rêve. Elle révèle que beaucoup de ses rêves se sont avérés dans la réalité exactement comme elle avait vu dans son sommeil. Elle relate un rêve dans lequel une vieille chenue lui a même dit le sacrifice à faire. Le lendemain elle a suivi les conseils de son ange gardien.
La secrétaire de direction Tapha rêve presque tous les soirs. Elle croit réellement à ces rêves. Elle affirme que le rêve fait partie de la vie. Il est la manifestation de ce qu’on désire et qu’on n’arrive pas à accomplir dans la vie réelle. C’est également une alerte. La jeune femme est convaincue qu’«un rêve peut prévenir contre la nuisance ou la bienfaisance de ce qu’on est en train de faire ou qu’on envisage de faire. Il nous fait prendre le bon chemin». Il existe tout une batterie d’interprétations autour du rêve. Tapha a déjà eu le bonheur de voir des éléments de ses rêves se réaliser. Elle affirme que lorsqu’elle rêve en étant couchée sur son bras droit, ce rêve se réalise. Cette jeune croyante conseille à ses sœurs de prier chaque fois deux «rakas» et de demander au TOUT PUISSANT de traduire le rêve de la nuit passée en un vécu heureux. Cette recommandation s’adresse à celles qui ne connaissent pas le sens de leur rêve. Elles feront un sacrifice avant de raconter le rêve de la nuit à qui ce soit.
Certaines femmes ont la hantise de rêver pendant leur sommeil. A.C déclare tout de go : « mes rêves ne se réalisent pas exactement. C’est toujours le contraire que je constate à mon réveil». Malgré tout A.C croit au rêve. Elle estime que c’est une sorte de révélation. A.C avoue d’être souvent paniquée par ses rêves. Elle est consciente que le rêve n’a pas une dimension universelle. Les interprétations divergent selon les aires culturelles et les religions.
La ménagère Fatou, selon ses voisines dans la concession où elle vit en location, a l’air toujours soucieuse. Et il y a de quoi. Elle avoue être tout le temps troublée par ses rêves dont elle n’arrive plus à se souvenir le lendemain». Au réveil elle a la tête très lourde : «et je reste dans cet état toute la journée.» La sceptique Mme Konaté Oumou croit au rêve mais n’y attache pas une grande importance. L’exception qui confirme la règle est la future Mme Goita. Elle ne croit pas du tout à l’influence du rêve sur le vécu dans la réalité quotidienne. Même si elle «rêve» les yeux ouverts de fonder un foyer
heureux.
F. NAPHO

source : L’ Essor