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Retrospective : Les leçons du passé

Beaucoup de gens m’en ont voulu quand j’ai publié mon point de vue sur la situation de notre pays ce 30 mars 2020. Le président IBK venait de maintenir les élections législatives de 2020, malgré la crise sanitaire. Chers opposants de l’époque, chers politiques de la majorité de l’époque, qu’est-ce que vous en pensez aujourd’hui ? C’était, il y a un peu plus de 4 ans, le 30 mars 2020.

Sur le choix du président IBK de garder les élections législatives, à leur place, je ne suis pas sûr que je ferais autrement. Le collège électoral a été convoqué. On n’a plus d’Assemblée. Donc il ne peut pas prolonger le mandat d’une Assemblée qui n’existe pas. Ni décider de gérer par ordonnances sans l’aval d’une Assemblée. On allait sûrement rentrer dans une exception institutionnelle : une porte ouverte à toutes les aventures.

Ce qui me peine, ce sont les condamnations de cette douloureuse décision sans propositions crédibles. J’ai lu des centaines de posts dans les réseaux sociaux qui condamnent le choix du président, mais j’en n’ai pas vu un qui fait une proposition qui nous sorte de ce potentiel vide institutionnel.

En plus, vient s’ajouter à tout ça le rapt du chef de l’opposition à la barbe des autorités sécuritaires et de la Minusma. Je n’aimerais pas être à la place de IBK.

Comme le dit une citation de notre tradition orale “si tu avances ta mère meurt, si tu recules ton père meurt, si tu vas à gauche ta femme meurt, si tu vas à droite tes enfants meurent”. J’imagine sa solitude devant tant de problèmes urgents à gérer en si peu de temps, avec des collaborateurs, il faut le reconnaitre, assez incompétents, très commandants coloniaux, incapables d’inventivité. J’ai eu l’occasion de le constater ces quelques jours. Avec beaucoup de regret pour mon pays.

Je précise que pour la première fois de ma vie active, je n’ai pas fait campagne en faveur du taux de participation, et je ne suis pas allé voter. Pas à cause du coronavirus. J’aurais pris les précautions d’usage pour aller voter. Je ne suis pas allé voter parce que je considère les alliances politiques contre-nature comme une trahison du personnel politique à notre démocratie. J’ai posé la question du pourquoi de ces alliances. Les réponses que j’ai eues m’ont ébahi. Pour garder simplement leur place.

Nous devons faire aujourd’hui face à des urgences qui pourront emporter notre pays. Essayons de sauver le minima de l’essentiel : un minima institutionnel pour disposer d’un cadre organisationnel afin de faire face à la pandémie et à la crise. A mon avis, c’est mieux qu’une autre aventure à la capitaine Haya dont nous ne finissons pas de payer la facture.

Ce qui est sûr, nous ne pouvons pas faire l’économie d’une réorganisation systémique du pays. Faisons-le de façon maîtrisée.

Ça demande qu’on sorte de l’émotionnel ; qu’on pose les problèmes de manière très froide.

Alioune Ifra Ndiaye

Mali Tribune
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