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RETRAIT DE SERVAL DE KIDAL : Le revers de la médaille

Le retrait de Serval de Kidal est sujet à caution. Le désordre actuel dans la localité pourrait donner naissance à un cafouillage monstre qui ne serait que la conséquence directe des mauvais choix de Paris.

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Les militaires français de l’opération Serval ont commencé à se retirer de Kidal le week-end dernier. Avant dimanche, leur nombre dans la localité devrait passer de 250 à 70 hommes, à en croire des sources proches de l’Elysée. Ces soldats resteront dans la zone pour appuyer les Forces armées maliennes et les casques bleus de la Minusma.

Ce soutien doit être sérieusement organisé vu la violente manifestation de velléités sécessionnistes du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et la récurrence des attaques terroristes savamment planifiées par les jihadistes. A Kidal, il faudrait d’un côté faire revenir à la raison les groupes rebelles et de l’autre combattre les islamistes qui sont loin d’avoir abdiqué.

C’est pourquoi, le retrait d’une bonne partie des troupes françaises de Kidal suscite beaucoup d’appréhensions et d’interrogations. Comment se fera désormais la coordination entre les différentes forces militaires à Kidal ? Quel rôle jouera la France sur place ? Combien de temps y resteront les 70 membres restant de Serval ?

La France avait mis le paquet pour assurer la sécurité à Kidal lors des élections législatives. Bien avant cette consultation électorale, l’assassinat de deux journalistes de RFI à Kidal et les enquêtes qui s’en suivirent avaient poussé les autorités françaises à renforcer leur présence militaire dans la région. Ce scrutin législatif et les investigations sur le meurtre des journalistes terminés, l’effectif de Serval a donc été revu à la baisse dans la localité.

Des sources indiquent que cette diminution part de la volonté de la France de passer le relais aux Forces armées maliennes (Fama) et à la Minusma. Mais, étant donné le double jeu français dans la zone, il y a toujours lieu de se demander si Paris n’a pas un autre agenda pour Kidal. Après avoir étroitement collaboré avec le MNLA qu’il a aidé à renforcer sa mainmise sur la région, Paris s’est ensuite mué, sur le terrain diplomatique, en avocat des rebelles touaregs.

 

Incohérences

Comme si un groupuscule d’individus égarés avait le droit de bafouer la dignité de tout un peuple, la réduction de l’effectif de Serval pourrait offrir un boulevard vers le contrôle de Kidal par le MNLA. Car malgré la libération des locaux du gouvernorat et la réouverture de l’ORTM-Kidal, l’Etat malien n’est toujours pas le vrai maître de cette partie du territoire national. Ce qui expliquerait les incriminations répétées du président Ibrahim Boubacar Kéita au sujet de Kidal.

Les critiques d’IBK visent particulièrement la gestion française du cas de Kidal. Initialement engagée pour la reconquête du Nord du Mali, la France a vite changé de direction. François Hollande est passé du rang de héros libérateur à celui d’un « impérialiste« aux desseins obscurs. Cela est surtout dû à de mauvais calculs politiciens et une évaluation inappropriée du terrain. Les récents propos du ministre français de la Défense attestent que Paris passe toujours à côté de la plaque à Kidal.

Selon Jean-Yves Le Drian, l’éradication du terrorisme est la nouvelle priorité de l’opération Serval. Or, il est impossible de lutter efficacement contre le terrorisme dans un pays où l’Etat n’exerce pas son autorité sur tout son territoire. Si la France veut vaincre les Aqmi et autres Mujao, elle ferait mieux de rompre avec le MNLA, qui s’identifie aisément aux groupes terroristes et qui n’a jamais souffert de leurs actes crapuleux.

Le chef de l’Etat malien et son peuple ne sont pas au bout de leurs peines. En vertu de l’accord politique de Ouagadougou, l’armée malienne ne peut pas avoir une présence significative à Kidal. De même, le désarmement et le cantonnement du MNLA et ses acolytes prévus dans le même deal ont du plomb dans l’aile.  L’alternative crédible pour le Mali à Kidal est la Minusma.

Mais, celle-ci manque cruellement d’effectifs, d’équipements et de moyens financiers. Une situation incompréhensible qui fait dire à beaucoup d’observateurs avertis que le Mali n’est pas vraiment la priorité des décideurs du monde, comme ils tentent de le faire croire à chaque fois que l’occasion leur est offerte.

Une raison de plus de convaincre les autorités maliennes à accélérer la restructuration de l’armée afin qu’elle puisse assurer sa mission régalienne de défense de l’intégrité territoriale. Le président malien attendait certainement de pied ferme la présentation de vœux des Forces armées pour transmettre toutes ses attentes à la hiérarchie militaire.

Lundi dernier à Koulouba, IBK est allé droit au but, en plaidant une « restructuration« rapide de la Grande muette. Le chef suprême des armées a voulu dire que le salut de la nation viendra de la réforme de l’armée, qui nous permettra d’éviter d’autres « humiliations« . La conclusion est évidente : seule l’armée malienne peut assumer les missions dévolues à elles sur notre territoire et conformément aux aspirations républicaines de nos dirigeants.

Ogopémo Ouologuem

(correspondant aux USA)

 

Les échos

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