L’ex-chef de l’État Nicolas Sarkozy a été doublement mis en examen vendredi dans l’enquête sur des manœuvres frauduleuses pour le disculper des soupçons de financement libyen de sa campagne présidentielle 2007, a appris l’AFP de source judiciaire.
D’après cette source, il a été mis en examen (inculpé) pour recel de subornation de témoin, concernant la rétractation de l’intermédiaire Ziad Takieddine de ses accusations contre lui fin 2020, et participation à une association de malfaiteurs en vue de commettre l’infraction d’escroquerie au jugement en bande organisée. Cette décision ouvre la voie à un possible nouveau procès pour la figure de proue de la droite française.
Par cette mise en examen, les juges signifient qu’ils estiment disposer de suffisamment d’indices graves ou concordants quant à sa participation aux manœuvres élaborées par au moins neuf autres protagonistes impliqués à des degrés et moments divers, possiblement en leur donnant son aval. Parmi les mis en cause, la reine des paparazzis Mimi Marchand, l’intermédiaire Noël Dubus, déjà condamné pour escroquerie, le puissant chef d’entreprise David Layani, etc. Les poursuites contre le financier Pierre Reynaud, mort en mai, sont éteintes.
Accusations
La première étape de l’opération aurait d’abord consisté à obtenir la rétractation des accusations contre Nicolas Sarkozy du sulfureux intermédiaire franco-libanais Ziad Takieddine, fin 2020 en échange d’une possible rémunération. Ce revirement avait donné lieu à une retentissante interview sur BFMTV et Paris Match, point de départ de l’enquête.
Puis, au premier semestre 2021, certains des mis en cause auraient tenté d’obtenir une preuve que le retentissant document libyen publié dans l’entre-deux-tours de la présidentielle 2012 par Mediapart et évoquant un financement à hauteur de 50 millions d’euros était un faux.
L’agenda judiciaire de Sarkozy
Cette décision des magistrats vient alourdir l’agenda judiciaire déjà chargé de M. Sarkozy, qui sera samedi matin dans son fief de Neuilly-sur-Seine pour la promotion de son dernier livre “Le temps des combats” (Ed. Fayard). Outre le procès du financement libyen, prévu début 2025, il sera jugé en novembre en appel dans le dossier Bygmalion. L’affaire dite “Bismuth” pourrait, elle, faire l’objet d’un nouveau procès, pour raisons procédurales.