Les autorités et légitimités traditionnelles, ensuite les forces vives de la nation, ont été reçus, le 20 mars 2023, dans la salle des banquets du palais de Koulouba, par le président de la transition. À chacune de ces couches, le projet de Constitution de la République du Mali a été restitué dans ses grandes lignes. Preuve que le report du référendum n’est nullement l’« abandon tactique d’un projet controversé ».
Le président de la transition ne cesse de prendre ses adversaires en contre-pied. En effet, nombreux sont les oiseaux de mauvais augures qui avaient commencé à distiller des messages faisant croire « l’abandon tactique » du projet de constitution par le chef de l’État, à l’instar de ses devanciers. Un abandon qu’ils expliquaient comme dû aux controverses qui entouraient ce projet. Mais ce que ces adversaires semblent oublier, c’est que le chef de l’État reste convaincu que dans tout changement, il y aura des récalcitrants. Des nihilistes qui trouveront toujours dans des projets proposés par les autres des aspects qu’ils jugeront mauvais. « Guéré kura bô tè ta ka wôyô kô », dit un proverbe bambara pour dire que tout changement entraîne des remous. Cette sagesse populaire semble être bien comprise par le colonel Goïta.
Depuis son arrivée au pouvoir, l’ambition du président de la transition et de toute son équipe est de n’abandonner personne sur le quai, mais d’embarquer tous les Maliens. La construction du Mali Kura ne se fera en absence d’aucun Malien. Pour réussir à poser le soubassement des différents projets de refondation, il semble animé par cette pensée généralement attribuée à Voltaire : « Je ne suis pas d’accord avec vous, mais je me battrai pour que vous ayez le droit de le dire ».
L’inclusivité, le consensus autour des différents projets, sont la prunelle des yeux du président Assimi Goïta, qui, malgré toutes les critiques de ses adversaires, ne manque jamais du courage de les inviter et de leur donner des explications sur ses intentions et en même temps de les écouter exprimer leurs craintes.
Prendre en compte les aspirations profondes et les préoccupations des Maliens afin que chacun se reconnaisse dans le projet de Constitution, attendu très prochainement au référendum, tel est l’objectif des autorités maliennes. Dans cette dynamique, la restitution des différentes étapes du processus est devenue une coutume depuis le début de l’élaboration de ce projet ambitieux.
En effet, la commission de rédaction de la nouvelle Constitution (CRNC) avait restitué l’avant-projet de Constitution aux Maliens en vue de recueillir leurs observations. Pour plus d’inclusivité et de consensus, le président de la transition avait mis en place une Commission de finalisation du projet de Constitution. Cette mouture finale vient à son tour d’être restituée aux Maliens. Tout le processus de cette phase a donc été inclusif.
Devant les forces vives de la nation, le président Goïta a précisé que l’objectif d’une telle démarche inclusive était « de parvenir à un large consensus national autour de ce document ». Selon ses précisions, « le projet de Constitution […] est le fruit de larges discussions au cours desquelles les membres de la commission se sont exprimés en toute liberté et ont tenu compte des préoccupations majeures exprimées par les Maliennes et les Maliens ».
À travers de telles séances de restitution, les autorités maliennes ont montré, une fois de plus, la voie du changement, de la rupture dans la gouvernance. D’une politique unilatérale où seul comptait le choix du chef de l’État, pris pour celui de l’opinion publique, on en est arrivé à une politique où seul compte désormais le choix du peuple dans les prises de décision. Tout se décide selon les intérêts ou les motivations du peuple.
Si le projet de rédaction d’une nouvelle Constitution a été initié, c’est parce que le peuple malien l’a souhaité et exprimé lors des Assises nationales de la refondation (anr). La validation dudit projet revient aussi en dernier ressort à ce peuple qui doit lui donner son approbation ou désapprobation lors du référendum constitutionnel qui se tiendra très bientôt, après un « léger report ».
L’objectif de ce projet est de doter le Mali d’Institutions fortes susceptibles de mettre le pays sur la voie d’une véritable croissance et à l’abri de toute crise sociale pouvant ébranler les fondements du Mali Koura. Car comme on le dit généralement, il n’y a point de démocratie, sans des institutions fortes.
Les autorités maliennes ambitionnent donc de doter le Mali d’Institutions démocratiques fortes afin d’éviter aux Maliens un cycle interminable de crises, pouvant mettre à rude épreuve le vivre-ensemble et donc la cohésion sociale. Des crises qui ont conduit à des tentatives infructueuses de révision de la constitution de 1992.
Le président de la transition reste convaincu qu’une fois adopté, ce projet de Constitution donnera au Mali toute sa souveraineté. Il rassure qu’il fera rayonner le pays et fera de lui un modèle dans la sous-région voire dans toute l’Afrique. À travers ces séances de restitution, le chef de l’État engage ainsi chaque Malien à s’approprier de ce projet qui a été déjà traduit dans toutes les langues nationales du pays en vue de le rendre plus accessible à chaque Malien. Des versions audio sont également prévues.
Le chef de l’État exhorte à « travailler ensemble pour que le peuple malien, en toute connaissance de cause, s’approprie le projet de Constitution et l’adopte à une large majorité ». Rappelons que d’ores et déjà, pour la sécurisation des échéances électorales, des dispositions vigoureuses sont déjà prises pour leur bonne tenue sur toute l’étendue du territoire national.
Correspondance particulière
Source: LE PAYS