L‘Hôtel Azalaï de l’Amitié de Bamako a abrité le 19 janvier dernier, la 4e session de la réunion ministérielle sur la mise en œuvre de l’Accord pour la paix au Mali. L’objectif était de relancer le processus en panne, depuis le report de la 38e session du CSA prévu le 17 septembre 2019 à Kidal. À l’issue de cette rencontre prometteuse pour processus de stabilisation du Mali, nous avons croisé quelques participants dans les couloirs de l’hôtel.
Mossa Ag ATTAHER, Porte-parole de la CMA
« Nous sommes face à des réalités qui ne peuvent plus attendre »
Cette session de haut niveau du comité de suivi de l’Accord est intervenue à un moment où elle était très attendue. Nous sortons de 5 longs mois au cours desquels rien ne s’est passé à cause des blocages qui sont nés du report du CSA qui était prévu à Kidal. Depuis lors, la mise en œuvre de l’Accord a énormément souffert de cette situation. Du coup, toutes les parties se sont engagées, depuis un certain moment dans une nouvelle dynamique qui a débouché sur ce CSA de Haut niveau. Comme vous l’aurez remarqué, ce CSA est intervenu à un moment clé. Un moment crucial, par ce que nous sortons du Dialogue national inclusif qui a été une bouffée d’oxygène pour tous les Maliens par ce qu’il a permis à tous les Maliens de se parler et de sortir avec des résolutions et des recommandations qui inspirent beaucoup d’espoir et d’attende chez les populations. Donc, le CSA a noté cela et a félicité le Gouvernement et le président de la République. Nous sommes face à des réalités qui ne peuvent plus attendre. Nous avons les questions sécuritaires, des questions politiques et institutionnelles, nous avons les échéances importantes, il faut faire avec tout ça. Il faut y aller rapidement. Pour ce qui est des mesures de sécuritaires, nous avons à l’unanimité adopté la recommandation qui demande à ce que les bataillons de l’armée reconstituée soient rapidement redéployée dans toutes les régions du nord. Ça a presque commencé, il y avait de petits soucis, mais à présent, je pense qu’il y a une entente aussi bien sur les effectifs, leur constitution, leur répartition, mais aussi leur redéploiement. Je pense que c’est un acquis dont il faut se féliciter. Le CSA a pris note également des prochaines échéances électorales prévues, plus tard, au mois de mai. Il s’agit des élections législatives. Il y a eu des discussions sur les liens entre ces élections et les questions de la réorganisation du territoire et de la révision de la constitution. Nous sommes face à une année de défis. Face à des défis aussi importants et énormes, la meilleure réponse, c’est celle-là que nous avons apporté : se retrouver et agir très rapidement pour sortir le pays des difficultés.
Fad Ag ALMAHMOUD, Secrétaire générale du GATIA, membre de la Plateforme
« Il faut une vraie administration à Kidal et non le symbolisme auquel nous avons toujours assisté »
Cette 4e session de Haut niveau du CSA visait à relancer les réunions mensuelles de l’instance interrompue depuis le mois de septembre. Mais aussi, des recommandations ont été faites pour qu’ensemble des moyens soient mobilisés pour que l’Etat du Mali retourne à Kidal dans de meilleures conditions. Pour le retour de l’armée reconstituée au nord, je pense que c’est des questions techniques qui doivent être gérées entre l’état-major général des armées et les partenaires. Ils doivent tous travailler pour que le retour de l’État et de l’armée ne soit pas fait de façon symbolique seulement. Il faut qu’il y ait un vrai retour, une vraie sécurité, qu’il y ait une vraie administration de la localité et non le symbolisme auquel nous avons toujours assisté jusque-là. Toutes les parties sont d’accord sur ce point depuis très longtemps de par leur engagement. Il s’agit maintenant de le concrétiser. Une date n’a pas été avancée pour le moment pour la tenue de la prochaine réunion du CSA. Mais, il appartient au président du CSA de convoquer la réunion et le lieu et la sécurisation de cette rencontre relève de la responsabilité du Gouvernement.
Me Harouna TOUREH, Plateforme
Il est urgent de redéployer les forces armées et de sécurité
Nous pouvons retenir trois choses essentielles. Nous avons posé lors de cette session de haut niveau, le problème de la gouvernance de l’Accord. Parce que, nous avons estimé que pendant 4 ans, 5 ans bientôt, cet Accord n’a pas pu apporter les dividendes espérés. Nous avons donc conclu que le problème se pose au niveau de sa gouvernance, de sa gestion, mais aussi au niveau des ressources et des moyens mis à disposition pour son exécution. Cette question sera prise en compte dans les jours à venir entre les parties maliennes et la communauté internationale. Nous avons également évoqué le redéploiement des forces armées et de sécurité. Nous avons estimé que ce reploiement est urgent, parce qu’il y va de la stabilité, pas seulement du Mali, mais de l’ensemble de la région du Sahel. Ça nous pose, nous Maliens, des problèmes de souveraineté sur l’ensemble de notre territoire national, des problèmes de renforcement de l’unité nationale. Donc, le redéploiement des forces armées reconstituées est une urgence. Ce point a été également accepté. Nous avons trouvé un intérêt très important à mettre en œuvre les conclusions et recommandations du Dialogue national inclusif. Cela est important. Parce que les recommandations sont fortes. Elles permettraient de revoir la gouvernance de façon générale. Donc, cette question sera à l’ordre du jour dans les prochaines discussions que les parties maliennes doivent avoir entre elles et sous l’égide de la communauté internationale. Il nous faut tout faire pour que l’armée revienne, pas seulement à Kidal, mais l’insécurité c’est sur l’ensemble du nord et au centre. Il faut que l’armée puisse se redéployer avec tous ses moyens et ses ressources sur l’ensemble du territoire national. Bien entendu, avec l’appui de la MINUSMA, des autres partenaires, cela va de soi.
Propos recueillis par Abdoulaye OUATTARA
Source : Info-Matin