S’il y a un pays qui est très mal placé pour jouer un quelconque rôle dans la résolution de la crise qui oppose l’Etat malien aux apatrides du MNLA, c’est bien la Suisse. Et cela pour des raisons bien connues.
En effet, depuis un certain temps, l’on assiste à un cafouillage qui ne dit pas son nom dans la résolution de la crise malienne. Une situation dont la Suisse, un grand soutien des rebelles touaregs veut profiter pour s’impliquer.
Pourtant, il est difficile pour ce pays de prouver sa neutralité car la Suisse et les rebelles touaregs maliens seraient liés par l’histoire, non encore élucidée pour le commun des Maliens.
En effet, les accointances entre la Suisse et les rebelles indépendantistes touaregs maliens ne datent pas d’aujourd’hui. Un rapport signé par Pr Mady Keita (toujours en fonction au ministère de l’éducation nationale), et datant de 1984 en dit long sur les activités suspectes de la Suisse aux cotés des rebelles touareg au détriment du Mali.
En effet, à travers ce rapport datant du 7 février 1984, Pr Mady Keita et Gaoussou Traoré à l’époque, respectivement homologue économiste et Chef de la Cellule des Travaux Publics à Haute Intensité de main-d’œuvre à Niafounké (rattachée au ministère du plan de l’époque) ont tiré la sonnette d’alarme par rapport à cette situation. Mais rien n’y fit car les autorités d’alors ont fait la sourde oreille. Des activités qui ne seraient pas étrangères aux rebellions cycliques que connait notre pays et dont le paroxysme a été atteint en 2012 par l’occupation des trois régions du nord du Mali par ces apatrides en complicité avec les islamistes.
Dans ce rapport, le Pr Mady Keita et son collègue ont fait le récit sur les activités suspectes d’une ressortissante et coopérant Suisse du nom de Mme Hochet aux cotés des populations touaregs. Alors qu’elle était sur place pour préparer l’arrivée d’une mission d’évaluation de l’aménagement de la mare de Koboro. Mais aussi, pour définir les contours d’une étude socio-économique complémentaire et de mener de nouvelles études en vue de l’aménagement des mares de Goubo et de Takadji.
Il s’agissait pour ces deux experts de maliens de prendre attache avec le Gouverneur de Tombouctou, mais aussi les autorités administratives et coutumières. Et ensuite tenir des réunions d’échanges avec les populations locales en vue de leur adhésion à ces projets de marre. Mais, au lieu de s’acquitter de sa mission, les deux experts maliens ont constaté les activités suspectes de la Suissesse aux cotés des touaregs. Alors qu’elle était sur place en tant que représentante de la coopération Susse à Niafounké.
Même le gouverneur de Tombouctou s’était inquiété des activités et déplacements suspects de cette dame. Ce qui l’a même poussé à demander au Commandant de cercle de Niafounké de l’époque d’inviter Mme Hochet à limiter ses déplacements dans la région. Et de ne s’en tenir qu’à la mission pour laquelle elle est présente à Niafounké. Selon le rapport, cette dame tenait des réunions nocturnes avec la communauté touareg, leur prêtait de l’argent sans conditions, achetait du bétail à bas prix qu’elle abattait, séchait et distribuait aux seuls touareg en y dissimulant des armes. Ce qui a d’ailleurs attiré l’attention des populations locales.
En plus de cela, elle faisait un usage nocturne d’appareils de transmission et de réception radiophoniques, tenait des rencontres secrètes et nocturnes chez elle avec des individus qui disparaissaient avec le lever du jour.
Rappelée à l’ordre par le gouverneur, elle indiquera que c’est le ministre du Plan de l’époque ( Col Amadou Baba Diarra), qui lui aurait donné pleine liberté et d’action dans la région de Tombouctou.
Des déclarations qu’elle va accompagner de menaces contre le gouverneur de Tombouctou, le commandant de cercle de Niafounké et les deux experts maliens.
Face à cette situation, ceux-ci décidèrent d’en informer Bamako. A travers une lettre, ils ont indiqué que « la présence de Mme Hochet est nocive à Niafounké et pourrait être une nouvelle source de déstabilisation du nord du pays ». Mais ce rapport n’a pas été pris au sérieux.
Et la Suissesse a continué ses activités. Selon Pr Mady Keita, elle mettait les populations nomades et sédentaires dos à dos. Se justifiant par une marginalisation des populations touaregs.
Elle va continuer ses activités suspectes, jusqu’à la mort d’un autre coopérant suisse dans la dite zone. Ce dernier, après avoir remplacé Mme Hochet se serait lancé dans les mêmes activités.
Il s’agit de l’affaire dite « Berberat ». Cette affaire qui va défrayer la chronique et mettre un froid dans les relations diplomatiques entre le Mali et le gouvernement helvétique.
Après la mort de ce coopérant Suisse, le gouvernement Helvétique avait donné un ultimatum au Mali pour que la lumière soit faite sur cette affaire qu’il a qualifiée « d’assassinat ». A défaut de quoi, la Suisse va rompre ses relations diplomatiques avec le Mali.
A l’époque, Ibrahim Boubacar Keita était Premier ministre. Face aux menaces de la Suisse, l’actuel Chef de l’Etat avait déclaré que « tout le monde est libre de coopérer ou de ne pas coopérer avec le Mali ».
En plus de ces activités suspectes et de soutien aux rebelles par le passé, en pleine crise, la Suisse a financé une réunion des groupes rebelles touaregs au Burkina Faso. Une situation qui avait d’ailleurs suscité la colère des populations.
Et malgré toutes ces activités aux cotés des rebelles, la Suisse veut aujourd’hui jouer un rôle dans la résolution de la crise malienne aux cotés du Maroc. Pour quelle fin ? Il y a de quoi s’interroger.
Pour l’envoyé spécial de la Suisse pour la Sahel, Didier Berberat, « Le Maroc et la Suisse sont bien placés pour œuvrer à la médiation au Mali et à la stabilité de la région sahélo-saharienne en général ».
Il revient aux autorités de prendre toutes leurs responsabilités devant l’histoire et ne pas laisser n’importe qui s’impliquer dans la résolution de cette crise. Car, la neutralité doit être de mise pour pouvoir y jouer un rôle. Et tel est loin d’être le cas de la Suisse.
Georges Diarra